Toulouse s’intéresse (enfin) au dernier kilomètre

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La zone de Fondeyre accueillera fin 2021 un centre dédié au transport urbain de marchandises géré par une filiale du groupe La Poste.

Toulouse Métropole sera dotée d’ici 2021 d’un centre de logistique urbaine dont l’ambition est de réduire sensiblement les nuisances (pollution, bruit, encombrements) générées par les livraisons en centre-ville. L’équipement, installé dans la zone de Fondeyre, au nord de Toulouse, sera géré, dans le cadre d’une délégation de service public, par Lumin’Toulouse (qui a également en charge la gestion du marché d’intérêt national de Toulouse), une structure détenue à hauteur de 51% par la Semmaris, de 44 % par Poste Immo, foncière du groupe La Poste, et de 5 % par la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées.

Le projet a été dévoilé le 19 septembre, à l’occasion d’un forum dédié à la logistique urbaine organisé par Eurosud Team, une association loi 1901 présidée par Jean-Louis Chauzy, président du Ceser, qui intervient de manière prospective dans les grands projets d’aménagement.

Le consortium prévoit d’investir 28 M€ dans la construction et l’équipement de deux bâtiments de 19 000m2 au total sur une zone de 9 ha, après démolition de cinq bâtiments. Ce centre dédié au transport urbain de marchandises via des véhicules « propres » est censé répondre notamment à la problématique liée à l’essor du commerce par internet et des livraisons à domicile. 50 000 à 70 000 colis sont ainsi livrés chaque jour dans le centre-ville. L’objectif est donc « de mutualiser et d’optimiser les flux de marchandises dans la ville, ce qui veut dire moins de véhicules, des véhicules mieux occupés et moins de kilomètres parcourus », précise PhilippeWahl, PDG du groupe La Poste, dont la filiale Urby sera le principal opérateur de la nouvelle plateforme. La Poste, qui anticipe un doublement du volume de colis à livrer d’ici 10 ans, a signé des conventions avec 18 des 22 métropoles françaises pour la mise en place de plateformes de logistique urbaine plus durables.

À Toulouse, Philippe Wahl espère via cette DSP de 22 ans « atteindre l’équilibre économique. L’objectif est de développer le chiffre d’affaires de la Poste et de créer de nouveaux métiers pour nos postiers », a- t-il ajouté. La plateforme, qui regroupera un espace de livraison, de collecte et de traitement des marchandises assurera la livraison dans Toulouse de colis mais pas seulement puisque le service s’étendra des palettes à la chaîne du froid. « Il s’agit d’assurer le dernier kilomètre économique et durable pour toutes les marchandises, insiste Philippe Wahl, à l’exception du carburant. Le potentiel de développement est considérable ». Reste pour l’opérateur à convaincre les transporteurs de stopper leurs camions en périphérie et de décharger leurs marchandises à Fondeyre. Pour ce faire, le PDG du groupe La Poste fait valoir ses arguments : outre l’opportunité de verdir leur image, « les derniers kilomètres sont les plus onéreux pour les transporteurs, explique-t-il. Nous allons leur proposer de faire des économies en nous confiant leurs marchandises ». À Lyon où un centre de logistique urbaine identique a vu le jour, des conventions ont déjà été signées avec des transporteurs comme XPO dont « les camions n’entrent plus dans la ville », affirme-t-il.
D’autres centres de logistique urbaine pourraient voir le jour sur ce modèle, notamment au sud de Toulouse où opère déjà Amazon. Accusé cet été de participer au réchauffement climatique avec ses ballets incessants de véhicules de livraison, le géant américain entend lui aussi verdir son image : il prévoit de « réaliser 50 % de l’ensemble des livraisons à zéro carbone d’ici 2030 ».