Toulouse Métropole étale ses projets dans le temps

Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, et Jean-Baptiste Eyméoud, président d’Alstom France, lors de la signature du marché ensemblier de la 3e ligne de métro le 15 décembre.

Impactée par la crise sanitaire, économique et sociale, Toulouse Métropole décide de différer la mise en service de la troisième ligne de métro de trois ans.

Le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc a annoncé lundi 14 décembre un allongement des délais de réalisation de plusieurs équipements majeurs et notamment le report de trois ans de la mise en service de la troisième ligne de métro toulousain. Un retard justifié par les conséquences lourdes de la crise sanitaire sur les finances de la collectivité et notamment « l’ampleur des pertes de recettes fiscales et tarifaires » et le « coût des dépenses supplémentaires imprévues ». Cet allongement du calendrier tient également compte « des limites de l’aide de l’État » aux collectivités locales prévue par la loi de Finances pour 2021, sachant enfin, ajoute l’élu que « les aléas persistants sur la durée de la crise et le rythme de la reprise économique font encore peser des incertitudes financières. » Selon Sacha Briand, vice-président de Toulouse Métropole en charge des finances, les pertes de recettes pour la mairie de Toulouse, Toulouse Métropole et Tisséo, sont estimées sur la seule année 2020 à 169 M€ et à 167 M€ en cumulé pour les années 2021 et 2022. 

UNE NOUVELLE TRAJECTOIRE 

« La prudence doit nous inspirer », a affirmé l’élu lors de cette annonce, précisant que la collectivité travaille « à une nouvelle stratégie budgétaire pour 2020-2026. » Ce nouveau cap, l’élu l’a détaillé en quelques mots : « nous devons maintenir un haut niveau d’ambition », tout en « adaptant le calendrier des projets ». En clair, « les grands projets qui pèsent le plus lourds sont non pas retardés mais étalés sur une période plus longue pour leur réalisation », a-t-il ajouté. Sont concernés notamment par cette « nouvelle trajectoire » : le grand parc Garonne, les grands équipements culturels que sont « la Cité de la danse au Mirail, la Cité de la musique à Saint-Michel et la Cité des arts à La Grave », a énuméré le maire de Toulouse, ainsi que la troisième ligne de métro dont la réalisation s’étirera « sur ce mandat et le suivant. » Une troisième ligne qui devrait être réalisée « en une seule fois, d’un seul tenant », a-t-il par ailleurs affirmé. Alors que le début des travaux est fixé fin 2022, l’ouverture au public devrait ainsi avoir lieu à la fin de 2028 contre 2025 initialement prévu. « Nous n’assécherons pas les finances de la Métropole pour maintenir l’objectif de 2025 », a-t-il ajouté, ayant précisé que « d’augmenter les impôts et les tarifs de Tisséo, il n’en est pas question. Seul le rythme est amandé ». 

Les autres projets de transports en commun tels que les lignes Linéo, le Téléo la ligne expresse Toulouse Muret, mais aussi le projet de développement du vélo, ne devraient eux pas souffrir de tels décalages, assure de son côté Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités. Le chantier de la connexion avec la ligne B devrait ainsi démarrer début 2022 pour s’achever courant 2026, a également indiqué le 14 décembre Jean-Luc Moudenc. 

SIGNATURE DU MARCHÉ AVEC L’ATTRIBUTAIRE ALSTOM 

Le lendemain, avec Jean-Michel Lattes et Jean-Baptiste Eyméoud, président d’Alstom France, le président de Toulouse Métropole a d’ailleurs signé le marché ensemblier de la 3e ligne de métro, un marché de 713 M€ qui comprend le matériel roulant, les équipements d’automatismes de voie ainsi que l’alimentation électrique et la maintenance. Une signature qui selon l’élu marque « une nouvelle étape essentielle dans la concrétisation » du projet.
C’est également cette semaine, le 16 décembre, que le comité syndical de Tisséo Collectivités a approuvé le lancement de la procédure d’autorisation environnementale relative à la 3e ligne de métro. 

L’obtention d’un arrêté préfectoral d’autorisation environnementale est en effet nécessaire pour réaliser les travaux de construction de la ligne. Cet arrêté devrait tomber fin 2021. 

Les finances de la Métropole 

L’agence de notation de crédit Moody’s a communiqué le 14 décembre sa revue périodique pour la notation de Toulouse Métropole. Malgré la crise sanitaire subie en 2020, la collectivité est gratifiée de la note Aa2, soit une très haute note. Une notation qui prend en considération « sa bonne gestion financière, associée à des objectifs de long terme réalistes, des pratiques élaborées en matière de planification pluriannuelle ainsi qu’une bonne gestion de dette et de la liquidité, indique l’agence dans un communiqué. Bien que l’épidémie de coronavirus et la récession économique qui l’accompagne pèsent sur les recettes fiscales de l’intercommunalité, son épargne brute solide et la flexibilité budgétaire dont elle dispose lui confèrent une certaine capacité d’absorption des chocs, limitant les risques sur son profil de crédit. » Son de cloche légèrement différent du côté de la Chambre régionale des comptes qui a publié le 18 décembre les conclusions de son rapport sur le contrôle des comptes et de la gestion de la Métropole de Toulouse. « La capacité de Toulouse Métropole à maintenir un niveau d’investissements équivalent à celui mis en œuvre sur le cycle 2014-2019 dépend de sa capacité à maintenir la dynamique de ses produits d’exploitation et à maîtriser la progression de ses charges et notamment de ses contributions financières auprès des satellites. La réforme fiscale en cours et les effets de la crise liée à la Covid-19 risquent d’infléchir la dynamique de la métropole toulousaine, à un niveau encore largement incertain », indique la chambre dans un communiqué.