Time to build : le secteur veut redorer son image

Time to build

Émile Noyer, président de la FBTP 31 et Christophe Bonis Charancle, chef de file de la commission attractivité de la fédération.

La Fédération du bâtiment et des travaux publics lance un nouveau programme d’action pour attirer les jeunes talents, car malgré une activité en progression, le secteur connaît toujours des difficultés de recrutements.

9,5 Mds€ : c’est le chiffre d’affaires généré par le BTP et la promotion en Haute-Garonne. Cependant, malgré ce dynamisme, le secteur ne parvient pas à satisfaire ses besoins de recrutements qui sont endémiques depuis plusieurs années, nonobstant les actions menées en collaboration avec les acteurs locaux, Pôle Emploi et les syndicats des métiers du bâtiment et des travaux publics.

ATTIRER LES JEUNES

Aussi, pour remédier à cette situation, la Fédération du BTP de Haute-Garonne a-t- elle présenté lors d’une conférence de presse, le 3 mars à Toulouse, le programme « Time to build ». Le dispositif, sur lequel elle planche depuis deux ans, vise à contrer les idées reçues sur un secteur d’activité encore méconnu des jeunes et à attirer de nouveaux talents. Une enveloppe de 2 M€ a été déployée pour le projet soutenu par une commission, baptisée « commission attractivité », regroupant dix professionnels du bâtiment issus de tous les corps de métiers.

L’objectif est de redorer l’image ternie des métiers du bâtiment, « figée sur des représentations du siècle dernier. Nous devons faire connaître la réalité de notre environnement empli d’une grande diversité, révéler toute sa richesse avec de vrais savoir-faire techniques et numériques, les possibilités d’évolution de carrière en passant de titre d’apprenti, à celui de chef de chantier ou encore d’entrepreneur… Nos métiers offrent un ascenseur social et correspondent aujourd’hui aux attentes des millenials avec en plus l’autonomie et l’esprit d’équipe », souligne Émile Noyer à la tête de la FBTP 31 depuis 2018. Il a par ailleurs signé, en juin dernier, la convention « 15 0000 bâtisseurs » avec la Préfecture afin de favoriser l’accès aux entreprises du secteur à 15 000 jeunes et demandeurs d’emplois issus des quartiers prioritaires.

Rassemblant plus de 30 métiers et une centaine de spécialités, la FBTP met en avant sa modernité, des rémunérations attractives « plus élevées que celles du secteur de l’industrie », et une réelle féminisation des métiers (un salarié sur huit est aujourd’hui une femme dans le BTP au niveau national, contre un sur 12 dans les années 2000).

UNE IMAGE POSITIVE

Selon une enquête réalisée par l’institut Opinion en régions auprès de 600 Haut-Garonnais concernant l’image des métiers du bâtiment, 80 % d’entre eux portent un regard positif sur le BTP, 88 % considèrent que le secteur est porteur et offre aux jeunes la possibilité d’apprendre un vrai métier. D’ailleurs, 79 % des sondés recommanderaient à leurs proches d’intégrer la filière. Si le grand public est bienveillant à l’égard du secteur, « il existe un écart entre cette perception

et la réalité. Nous avons dû approfondir la question pour pointer ce qui pêche, telle la rémunération et les conditions de travail. Néanmoins, nos métiers évoluent. Par exemple, les augmentations de salaire dans le BTP sont supérieures aux autres secteurs à l’échelle nationale, puisqu’elles sont comprises entre + 1,7 et 1,9 % contre +1,4 à +1,6 % pour les autres. C’est ce que nous voulons démontrer avec ce programme via une information, une orientation et une sensibilisation sur notre site internet, les réseaux sociaux et divers événements », explique Christophe Bonis Charancle, à la tête de la commission et gérant dePrimo Construction.

CHANTIERS D’EXCELLENCE

Pour appuyer sa volonté de montrer un nouveau visage, la fédération du BTP mise sur deux chantiers d’excellence qui s’échelonneront sur deux ans : le groupe scolaire Alpha Mentner dont le maître d’ouvrage est la ville de Toulouse, et un lot de 44 logements à Colomiers construit par Altéal. « Les deux maîtres d’ouvrage ont soutenu ces deux initiatives. Nous espérons en obtenir un autre avec la région Occitanie. Cette démarche a pour vocation d’offrir une vitrine attractive des métiers de la construction avec des retours d’expérience et vise à définir les nouvelles pratiques, notamment en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE), d’organisation, mais aussi de sécurité et de propreté des chantiers », explique Émile Noyer. Les jeunes collégiens pourront ainsi avoir une vision de la réalité du terrain sur une semaine et opter peut-être pour la voie de l’apprentissage, sachant que trois jeunes sur quatre décrochent un emploi à la sortie de ce type de cursus. Le département de la Haute-Garonne comptabilisait d’ailleurs 1 300 apprentis et huit CFA en 2019 pour les métiers du BTP.

4 500 POSTES À POURVOIR

Le secteur poursuit sa progression liée au dynamisme de la construction de logements, avec + 2,5 % de croissance entre juin 2018 et juin 2019 même si les objectifs de 5 % annoncés n’ont pas été atteints. Le marché de la rénovation et de l’entretien reste majoritaire avec 56 % du total, les travaux neufs représentent 44 % du marché (dont 32 % dans la métropole toulousaine).

« Nous sommes conscients que les problèmes de recrutements peuvent représenter un frein à la croissance de nos entreprises et aussi générer des dérives et faire le lit de situations illégales. Nous combattons toutes les mauvaises pratiques grâce au programme Ethibat, mais notre devoir est aujourd’hui de sensibiliser les jeunes au nouveau visage du BTP », conclut le président de la FBTP 31. Afin de répondre aux besoins du marché de la construction, 4 500 postes sont à pourvoir au sein des entreprises haut-garonnaises en 2020.