Le patron d’Atos, ancien président de l’Université de Technologie de Troyes, tire le signal d’alarme sur les besoins des entreprises.
Lorsque, il y a 25 ans, Philippe Adnot, alors président du conseil général de l’Aube, avait émis l’idée d’une école d’ingénieurs à Troyes, peu nombreux étaient ceux à parier sur un succès. Aujourd’hui, avec un effectif de 3000 étudiants et une reconnaissance internationale, l’Université de Technologie de Troyes figure parmi les cinq plus grandes écoles d’ingénieur publiques en France. Au passage, le territoire aubois y trouve largement son compte avec des retombées économiques annuelles estimées à 100 millions d’euros. Avec un budget annuel de 40 millions d’euros, « dont un tiers vient de nos propres activités de formation continue et de recherche partenariale », tient à rappeler Pierre Koch, directeur de l’UTT, l’établissement est aussi l’employeur de plus de 400 enseignants-chercheurs et personnels administratifs et techniques. « C’est aussi la réussite d’un modèle original conjuguant les attentes d’une école d’ingénieur et la possibilité laissée à chaque étudiant de choisir ses propres cours », poursuit-il.
Né à l’époque où l’informatique et le développement durable n’avaient pas encore pris l’ampleur qu’on leur connaît aujourd’hui, l’UTT a aussi su se positionner très tôt sur ces spécialités. Pour continuer de grandir, l’école troyenne d’ingénieur va viser encore plus grand avec un projet d’Université européenne de technologie en coopération avec six universités de Lettonie, Bulgarie, Allemagne, Espagne et Roumanie. L’UTT sera le chef de file de ce consortium, dont le dossier vient d’être déposé auprès de l’Union européenne qui souhaite la création d’une vingtaine d’universités européennes d’ici à 2025.
PASSER DE 3000 À 15 000
Pour continuer d’exister et de compter, l’UTT devra passer la surmultipliée. « Je vous le dis, il n’y aura pas de 50e anniversaire pour l’UTT si vous n’arrivez pas à atteindre 15 000 étudiants dans les dix ans qui viennent », affirme Thierry Breton. Un objectif qui reviendrait à doubler le nombre actuel d’étudiants à Troyes, toutes filières confondues. L’ancien ministre de l’Economie et actuel président d’Atos, sait de quoi il parle, d’autant qu’il a été l’un des premiers présidents de l’UTT. « Lorsque j’ai quitté la présidence en 2005, j’insistais déjà sur la nécessité d’atteindre le seuil de 3000 étudiants », rappelle-t-il. Thierry Breton est aussi très conscient des besoins de recrutement dans les années à venir.
« Il y a neuf ans, il y avait 40 000 ingénieurs chez Atos, dans le monde, et aujourd’hui nous en avons 120 000 : mais ça ne couvre pas les besoins et nous venons de lancer un plan de recrutement à trois ans de 45 000 ingénieurs supplémentaires, à raison de 15 000 embauches par an », annonce le Pdg d’Atos, proposé par l’Elysée pour devenir commissaire européen en charge de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace. Avec un chiffre d’affaires annuel de 12,2 milliards d’euros, l’entreprise française se situe parmi les dix premières entreprises de services du numérique au monde.
Avec les évolutions technologiques, les besoins des entreprises vont encore augmenter dans les années qui viennent. Chez Atos, les ingénieurs travaillent déjà à la mise au point d’ordinateurs quantiques, aux capacités de calcul époustouflantes et, de surcroît, très économes en énergie. La technologie peut ainsi concilier progrès et développement durable.