Le réseau d’agences d’emploi Temporis, qui ouvre quatre sites en Occitanie, rattrape doucement les effets de la crise et envisage un retour à l’activité normale en 2021, soit bien plus vite que les prévisions affichées par le Credoc et le marché national.
En 2020, la crise sanitaire a frappé un secteur de l’intérim pas au mieux de sa forme. En effet, après une période faste en 2018, l’intérim enregistrait depuis 2019 une érosion, lente mais certaine, de son activité. Même les grands réseaux n’ont pas été épargnés. Pour preuve, le réseau national d’agences d’emploi en franchise, Temporis, né en 2000 à Brive-la-Gaillarde sous l’impulsion de Laurence Pottier Caudron, a payé un lourd tribut à la crise même s’il a démontré sa résistance. Suite aux annonces gouvernementales au printemps 2020, Temporis a vu son activité chuter de 69 % quand le marché national enregistrait, lui, un repli de 62 %. Nonobstant, le réseau retrouve un peu d’élan en juin avec une progression de 12,3 points. À fin décembre, Temporis continue de se relever progressivement, clôturant l’année 2020 sur une baisse du volume d’activité de 19,9 %, soit 3,7 points de plus que le marché. Son chiffre d’affaires est alors en recul de 17,7 % par rapport à 2019. Un bilan, au final, pas si catastrophique au regard d’un tissu économique encore sous assistance respiratoire.
La reprise se poursuit en 2021, le réseau affichant des chiffres équivalents à ceux de 2018 : « À périmètre constant, soit en comptabilisant uniquement les agences ouvertes entre avril 2019 et avril 2021, la hausse s’élève à +13,04 % à fin avril. Nous sommes donc en train de rattraper les effets de la crise qui avait fait plonger la totalité du marché en mars 2020 », détaille ainsi Laurent Cazeneuve, responsable gestion et finance du réseau Temporis.
UN VOLUME D’ACTIVITÉ DE 42 % CONTRE 31 % AU NIVEAU NATIONAL
Afin que les 173 franchisés du réseau national ne subissent pas des faillites en cascade, la directrice nationale et fondatrice du réseau a misé sur la compétitivité de son modèle, basé sur la force du réseau et la proximité avec sa clientèle. C’est d’ailleurs l’ADN de Temporis qui se veut comme une alternative au marché globalement constitué de grands réseaux succursalistes ou d’indépendants isolés. « Notre réussite dépend de celle de nos franchisés. Nous les avons soutenus pendant toute cette période difficile, grâce à l’élaboration d’un book, une boîte à outils, pour les aider à constituer, par exemple, des dossiers de PGE. D’ailleurs, nous avons fait appel au PGE pour un montant global de 17 M€. Nous sommes restés également toujours proches de nos clients et des intérimaires, précise Laurence Pottier Caudron. Et puis, pour remettre les équipes en mouvement, j’ai proposé aux franchisés de participer à une commission de travail dédiée à la « reconquête », à savoir la manière de garder le cap pendant la crise et de se réinventer. L’initiative a bénéficié d’un bel écho, si bien que ce sont, au final, cinq commissions qui ont été créées concernant le resourcing, les intérimaires, les entreprises, etc. C’est ce qui explique que nous avons un décrochage avec le marché. Depuis le début de l’année, nous affichons sur le plan national +42 % en volume global d’activité (106 % à périmètre constant) par rapport à 2020, quand le marché, lui, reste à la traîne avec une progression de +31% ». Et si le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) n’envisage pas un retour à la normale avant le deuxième trimestre 2022, Temporis, de son côté, est plus optimiste. « Au-delà du rattrapage sur 2020 que tout le monde constate, nous visons un retour à la normale dès 2021 car nous sommes déjà à + 13,47 % par rapport 2019, en cumulé », avance la fondatrice du réseau national.
SE FOCALISER SUR DES SECTEURS EN DEMANDE
La crise ayant touché principalement le secteur aéronautique, les agences Temporis d’Occitanie ont été relativement épargnées. « En tant qu’agences plutôt généralistes, les franchisés régionaux et aux quatre coins de la France ont très vite réagi pour répondre à la demande des branches qui ont vu leurs besoins augmenter, ce qui nous a permis de conforter nos positions dans certains secteurs. » De fait, en 2020, arrivent en tête de liste les secteurs de la construction qui représentent 18,96 %, le transport et l’entreprosage (14,67 %) et les services administratifs et de soutien (11,67 %). « Une croissance plus forte sur la fin d’année est attendue avec la reprise d’activité de l’hôtellerie-restauration. La reprise va également s’appuyer sur la hausse du secteur tertiaire, limité en potentiel par le télétravail qui ne peut s’adapter qu’à une équipe intégrée, et la logistique qui a vu son potentiel croître avec la livraison des achats à distance et la manutention », relève-t-elle.
Bien que la vigilance reste de mise, Laurence Pottier Caudron affiche néanmoins un visage serein. « La Covid a engendré un changement des habitudes de consommation et de vie, le marché du travail s’est adapté. La confiance des chefs d’entreprise est marquée par le bond des offres en CDI du mois de juin, qui a d’ailleurs atteint un record depuis 2018 en nombre de postes proposés, avec 239 092 CDI, signe que tous les voyants sont au vert. » L’intérim, qui devient aujourd’hui davantage « un choix », aurait, selon la directrice, encore de beaux jours devant lui. Temporis, qui affiche 280 M€ de CA en 2020 et vise la barre des 250 franchisés d’ici à l’horizon 2025, a notamment étoffé son maillage occitan, à Carcassonne, Perpignan, Castres et Nîmes, soit 14 agences en tout en Occitanie.