Témoignages de chefs d’entreprise face au Covid-19

Patrick Jacquier, Président de l’UMIH de Côte-d’Or et directeur général délégué de Central Hôtel.

« Du côté de nos adhérents, les restaurants et cafés sont fermés, donc leurs problèmes sont multipliés par le fait qu’il faille mettre en chômage partiel l’ensemble des salariés… L’hôtellerie pourrait finalement suivre. En effet, les hôtels pourraient être amenés à fermer les uns après les autres, ne serait-ce que pour des raisons sanitaires. Je pense que la plupart des salariés qui travaillent dans nos établissements sont particulièrement touchés par ce qu’il se passe et stressés par la fréquentation extrêmement basse. On compte en effet aujourd’hui un taux d’occupation d’environ 5 %. »


Geoffroy Secula, Président de la CPME 21 et codirigeant de Bourgogne Recyclage.

« Aujourd’hui, notre entreprise est considérée comme nécessaire pour continuer l’activité puisque nous devons enlever des déchets et nous maintenons donc une partie de l’activité de Bourgogne Recyclage. J’envisage toutefois, dès la semaine du 23 mars, de mettre plus de 50 % de mes salariés en activité partielle. Et pour ceux qui restent, seul 5 à 10 % peut être en télétravail. Pour les autres, nous avons mis en place les mesures qu’on juge nécessaires pour pouvoir les faire travailler en toute sécurité. Nous avons notamment fermé tous les vestiaires et réfectoires, chacun vient habiller ou s’équipe de surcote et chacun doit pouvoir manger individuellement dans un espace isolé. Et lorsqu’il est nécessaire, nous mettons à disposition de nos salariés des masques mais qui sont des restes des précautions que nous avions prises dans le cadre de l’épidémie de la grippe aviaire… Enfin, nous sommes très présents et à l’écoute des remarques de nos salariés et de leur perception des risques. »


Francis Pennequin, Premier vice-président de la CCI Côte-d’Or et gérant de l’entreprise Pennequin.

« Le BTP, c’est 8 % du PIB. Aujourd’hui, ce qui a été dit le 16 mars par le président Macron et repris par le ministre Castaner à 22 heures n’est pour moi pas clair. On nous dit qu’il faut arrêter tout ce qui n’est pas nécessaire… Considérons-nous la construction de logement et l’aménagement comme pas nécessaire ? Si c’est pour arrêter 15 jours et redémarrer derrière, cela pourra certainement fonctionner… Il faut juste qu’on sache si l’activité du BTP est nécessaire ou pas. J’ai personnellement pris la décision d’arrêter l’activité au sein de mon entreprise lundi 15 mars dans la soirée. J’avais préalablement consulté le président de la Fondation régionale des travaux publics, Vincent Martin, qui a lui-même donné des consignes au sein de son entreprise pour arrêter, et le dirigeant de la deuxième plus grosse entreprise de construction de la région, Christophe Rougeot, qui a également arrêté. Pour autant, aujourd’hui, on a deux typologies de clients : ceux qui nous contactent en nous ordonnant d’arrêter leurs chantiers et on a les autres qui nous disent : “si vous arrêtez mon chantier, je prends quelqu’un d’autre à votre place pour le faire”. »


David Butet, Président du Medef de Côte-d’Or et PDF de CDVA Conseils.

« Nous sommes aujourd’hui très loin de l’objectif “zéro dépense” pour les entreprises qui n’ont plus d’activité. Maintenant, sur l’activité partielle, on sait que l’État couvrira les dépenses en- deçà de 4,5 Smic, mais il y a forcément et malgré tout des personnes qui sont en dehors de ce cadre-là. Et celles qui sont en arrêt de travail pour cause “garde d’un enfant de moins de 16 ans“, l’employeur complète aujourd’hui à hauteur d’environ 40 % du salaire pour les personnes qui ont plus d’un an d’ancienneté, soit une majeure partie de nos salariés. Sans oublier la facture des fournisseurs divers qu’on ne peut pas annuler. Les emprunts tombent tous les mois et c’est pour ça qu’au-delà de la renégociation et des échéances, c’est un gel complet des emprunts qu’il nous faut. À titre d’exemple, dans mon entreprise, j’ai environ 300.000 euros d’emprunts qui tombent tous les mois. »