Témoignages de chefs d’entreprise face au Covid-19

Jérémy Leleu, Créateur du Domaine des Prés Verts.

« Marque historique créée en 2011, Le Domaine des Prés Verts & Spa a réhabilité des friches et des granges sur les communes de Jouey, Allerey, Mont-Saint-Jean et Châteauneuf. Cʼest aujourdʼhui une adresse incontournable en Bourgogne. C’est aussi un concept hôtelier innovant composé de cabanes d’exception sur pilotis ou perchées à sept mètres avec Spa privatif, de roulottes de luxe avec jacuzzi, de logis chic et nature…

Récompensé aux Trophées des entreprises de Côte d’Or en 2018 et affichant une belle deuxième place sur Tripadvisor sur 700 hôtels en Bourgogne-Franche- Comté, Le Domaine des Prés Verts & Spa répond à une demande très forte axée sur le bien-être et la déconnexion, avec un taux d’occupation de 96 % sur 365 jours d’ouverture. Ce lieu atypique à l’implantation rurale joue un rôle de service public et emploie dix salariés dans un secteur en tension… Mais aujourd’hui notre établissement est en grave danger. Depuis le 10 mars, avec l’entrée en vigueur du confinement, notre entreprise n’enregistre plus aucune visite. Si hier, nous enregistrions un chiffre d’affaires de 750.000 euros HT et une progression de ce dernier de 100.000 euros sur un an, nous envisageons aujourd’hui une perte de CA de 200.000 euros. Nos dix salariés sont en chômage partiel. Cela représente 10.000 euros avancés pour lesquels nous n’avons pas encore reçu les compensations de l’État. Face à cette situation de crise, nous avons sollicité un prêt de trésorerie de 180.000 euros garanti par l’État via la BPI. Celui-ci a été refusé par le Crédit Mutuel malgré la médiation de la Banque de France Côte dʼOr. La cellule « Covid » du ministère de lʼÉconomie a été saisie et notre dossier est actuellement à la médiation nationale du Crédit. Notre banque agit comme si le Covid-19 et la notion de solidarité nationale exhortée dans les différentes prises de parole du président Emmanuel Macron n’existaient pas ! Toutes les opérations (prélèvements, traites, chèques) sont systématiquement rejetées depuis la fermeture de lʼétablissement, toute autorisation de découvert nous est refusée… Je suis d’une nature optimiste et je sais que si on nous soutient maintenant, demain nous pourrons rouvrir, d’autant que nos hébergements par leurs caractères individuels, isolés, pouvant proposer un ensemble de room-services sans contact humain ont de grandes chances de tirer leur épingle du jeu… Encore faut-il qu’on nous accorde cette bouffée d’oxygène vitale. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances a récemment annoncé la possibilité offerte à cette minorité d’entreprises qui rencontre des difficultés avec leur banque (car nous ne sommes malheureusement pas les seuls dans ce cas) de négocier directement avec la BPI… Si les choses ne bougent pas, nous regarderons cela de plus près. Car sans ce prêt de trésorerie garanti par l’État, cette belle aventure que nous portons depuis plus de neuf ans ne rouvrira pas. »


Jérôme Richard, Directeur général de Réseau Concept et délégué régional de Syntec Numérique.

« La branche des Entreprises de services du numérique (ESN), des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies, connaît des difficultés économiques. Il s’agit principalement des deux métiers du conseil technologique et du développement de logiciel. Suite à la fermeture des usines d’ETI et de grandes entreprises, 40 à 50 % des effectifs de la branche, constitués de plus de 500.000 conseils et développeurs, se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail, obligés de quitter l’usine ou les bureaux des clients pour lesquels ils travaillaient. »