Enquête publique Toulouse Aerospace Express (TAE) et Connexion Ligne B (CLB)
Les trois Codev Toulouse Métropole, Sicoval et Muretain ont engagé depuis 2015 une réflexion commune sur les mobilités dans la grande agglomération toulousaine. Ils ont ainsi rendu ce 12 juillet 2019 leur avis concernant l’enquête publique TAE-CLB. Ce projet structurant, d’une 3e ligne de métro a un coût estimé à plus de 3 Mds€, avec un tracé long de 27 km. Ce projet est l’un des plus ambitieux en France, avec celui du « Grand Paris Express ». Afin d’inviter les habitants à donner leur avis, une enquête publique a été lancée du 6 juin au 18 juillet.
Enquête publique TAE-CLB : les conclusions des Codev.
L’avis remis le 12 juillet par les Codev soulève plusieurs observations concernant le projet TAE-CLB. Classés par enjeux tels que la performance du réseau, l’accessibilité modale, l’environnement mais aussi l’urbanisme, ces thématiques restent toujours d’actualité depuis les précédents débats sur la mobilité dans l’agglomération. Pour les trois Codev la construction d’une troisième ligne de métro sera bénéfique mais n’est cependant pas suffisante à elle seule pour régler toutes les problématiques de déplacement. Comme indiqué dans les débats et avis rendus précédemment, elle doit s’inscrire dans un projet plus global (celui du PDU) qui articule les différents modes de déplacement (métro, train, bus, voiture, vélo…) et qui propose des solutions à l’ensemble des habitants et non seulement à ceux concernés par son tracé. En outre, la 3e ligne de métro ne sera pas mise en service avant 2025-2030 et ne répond donc pas aux enjeux de mobilité à plus court terme. Enfin, l’enquête publique concernant cette infrastructure a été organisée seulement sur une période d’un mois et demi alors que ce dossier est extrêmement complexe et qu’il a pour objet de structurer l’agglomération pour les années à venir.
Un plan de financement fragile.
Selon les Codev, le plan de financement du TAE-CLB comporte encore des incertitudes fortes et ne propose pas de compte d’exploitation prévisionnel de Tisséo collectivité et Réseau couvrant la période d’évaluation. Les Codev soulignent, par ailleurs, que le dossier aurait pu mettre en avant des sources d’économies ou des potentiels de recettes supplémentaires. Il suppose le maintien du dynamisme économique de l’agglomération et ne prend pas en compte la probabilité d’aléas.
Performance du réseau et accessibilité multimodale : l’absence d’une vision stratégique.
Dans leur compte rendu les Codev alertent sur le peu de mentions concernant les impacts de cette troisième ligne au-delà de l’horizon 2030, sans prise en compte des évolutions sociétales et de mobilité notamment dans le secteur aéronautique mais aussi des effets du changement climatique. Certaines études mobilisées sont en outre anciennes et les hypothèses sur le réseau ferroviaire ou sur l’articulation avec d’autres infrastructures comme la future ceinture sont très insuffisantes. Les performances du réseau sont aussi pointées du doigt : les effets positifs de la ligne se concentrent essentiellement sur l’axe Est-Ouest Labège-Colomiers et les populations et les zones d’emploi du nord et du secteur Sud-Ouest de l’agglomération sont peu concernées, la fréquence affichée sur les bouts de la ligne (Montaudran/Labège et Jean-Maga/Colomiers) est peu élevée (une rame toutes les six minutes en heure de pointe contre trois sur le reste du réseau métro), la ligne à une voie dans le secteur Labège-Ramonville limite la résilience du réseau en cas de problème et risque d’entraîner un surcoût pour son futur développement dans cette zone.
Une nécessité de vigilance sur les aspects urbanistiques.
Le projet de la troisième ligne de métro tend à favoriser l’urbanisation dense plutôt qu’un étalement urbain, point positif pour les Codev, mais il doit être assuré par une intervention publique forte avec une maîtrise du foncier qui englobe des équipements, des commerces, des espaces publiques de qualité, des itinéraires vélos et piétons attractifs ainsi que des espaces végétalisés. Des réserves sont cependant émises par les Codev concernant la distance entre les stations qui sont trop longues et donc peu attractives et accessibles pour la population d’un quartier. Le choix de ne pas des- servir l’aéroport directement est aussi souligné.
Des aspects environnementaux difficiles à mesurer.
En l’absence de données précises par manque d’études sur ce sujet, il est difficile de mesurer les impacts du chantier TAE-CLB. Cependant les Codev soulignent, dans le cadre de ce type de réalisation, plusieurs effets induits sur l’environnement : une pollution de l’air et des nuisances sonores, un bilan carbone peu prévisible, des incertitudes quant au devenir des arbres patrimoniaux ou encore la problématique de gestion des déchets pollués…