Syscobat veut révolutionner la construction

Une start-up basée à Ramonville a développé un système constructif très innovant. Rapide à mettre en œuvre et très performant, il convainc de plus en plus d’acteurs du secteur.

Une cinquantaine de logements à Quint-Fonsegrives, une trentaine à Saint-Sulpice La Pointe, un projet au cœur de Paris pour L’Habitat Social Français, d’autres à Montpellier ou encore à Orly… Le système constructif B2R+ intégrant le bois, le béton et le numérique, développé par Syscobat, est en train, lentement mais sûrement, de se faire une place sur le marché français des matériaux de construction. L’entreprise a été fondée en 2016 par Jean-Charles Guillemot, expert en bâtiment et inventeur du procédé, Yves Martorana, chef de projet informatique et télécoms, rejoints ensuite par Flavien Brail, un expert du matériau bois. Elle fabrique à Ramonville, dans un atelier de 1 200 m2, ces « produits prêt-à-poser » qui se présentent sous la forme de panneaux « sandwich » en bois dans lesquels s’intègrent un coffrage pour le béton auto-plaçant, de l’isolant de préférence biosourcé, des gaines électriques et une face intérieure prête à peindre.

Un « système de construction inversé » qui révolutionne les méthodes traditionnelles et permet d’édifier des bâtiments jusqu’à 17 étages. À ce jour, Syscobat a livré 1 500 m2 de panneaux muraux, soit sept maisons de 120 à 400 m2. Des éléments « fabriqués à façon, sur mesure dans notre usine grâce au numérique », détaille Yves Martorana, intarissable sur les atouts de son procédé.

IMPACT ENVIRONNEMENTAL RÉDUIT

Mise en œuvre très rapide et sans effort, excellente performance thermique, gain de surface, diminution des pollutions sonores et environne-mentales… Les panneaux à assembler présentent de nombreux avantages à en croire en effet le cofondateur, pour un coût qui s’inscrit « dans les prix du marché de la construction conventionnelle, assure-t-il. Nous avons voulu mettre la préfabrication à la portée de tous. »

Si Syscobat distribue ses panneaux aux maçons et aux entreprises générales du bâti- ment, elle mène en parallèle une intense activité de prescription auprès des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, « bailleurs sociaux, promoteurs et architectes principalement », détaille Yves Martorana, puisque, ajoute-t-il, « un maçon ou une entreprise générale du bâtiment répondent souvent à des appels d’offres rédigés sur la base de cahiers des clauses techniques particulières (CCTP) eux- mêmes rédigés par un architecte en fonction de la volonté et des choix du maître d’ouvrage. ».

BOIS, BÉTON ET NUMÉRIQUE

Afin de simplifier le travail de fabrication des panneaux B2R+ puis leur assemblage, Syscobat utilise les solutions de modélisation de type Bim (Building information modeling pour modélisation des données du bâtiment), qui lui permettent, à partir des plans modélisés transmis par l’architecte, « d’envoyer à notre outil industriel les ordres de découpe et d’assemblage afin de produire sur mesure, tous les éléments muraux », ajoute le cofondateur. Chaque panneau comporte également un QR code qui, une fois sur le chantier, donne aux professionnels l’accès aux données du bâtiment sur leur smart-phone. « Nous avons réussi à industrialiser le sur-mesure », résume Yves Martorana.

Le robot industriel conçu et fabriqué en interne à Ramonville est « capable de produire 2 500 m2 de panneaux par mois par équipe de deux personnes, sachant qu’on peut travailler jusqu’à trois équipes », précise le dirigeant.

Lauréate de plusieurs concours, l’entreprise, qui emploie aujourd’hui 11 salariés, a réalisé deux levées de fonds en 2017 et 2018 de 750 K€ au total. Elle est accompagnée par Bpifrance et la Région Occitanie via des prêts et des subventions pour un montant global de 410 K€. La PME a aussi le soutien de Réseau Entreprendre Occitanie Garonne et de Créalia.

Syscobat a réalisé un chiffre d’affaires « peu significatif » en 2018, compte tenu des délais de maturation des projets immobiliers, mais table pour 2019 sur un chiffre d’affaires de1M€. L’entreprise, qui se veut « une vraie alternative au système de construction conventionnelle », prépare un dépôt de brevet et envisage, dans trois à cinq ans, de céder son outil industriel sous licence à d’autres industriels en France « et pourquoi pas à l’étranger ? ».