Mettre la science au service de la nature, c‘est le credo de Symbiosphère. Si le nichoir reste une valeur sûre pour la Scop, les trois créateurs développent le conseil en expliquant aux entreprises et aux scolaires les liens essentiels entre habitat et biodiversité.
Protection de l’environnement… c’est le fil qui relie les fondateurs. Leslie Faggiano et Yann Le Portal se sont rencontrés sur les bancs de la fac de sciences à Toulouse. Master en poche, Leslie Faggiano est partie à Gérone en Espagne pour préparer sa thèse sur l’impact des pesticides dans les milieux aquatiques. De son côté, Yann Le Portal a choisi d’apporter du conseil aux agriculteurs en conversion vers le bio.
Enrichis par ces expériences, ils ont tous deux décidé d’agir : « Nous avons commencé à plancher sur l’idée de nichoirs pour accueillir des oiseaux, l’objectif étant de lutter contre les chenilles processionnaires. »
Une envie partagée par Pierre Le Portal (le frère de Yann), menuisier créatif qui les rejoint. « On s’est monté en Scop en 2015, on a fait appel au financement participatif. Amis et familles sont venus en renfort », explique Leslie Faggiano. Coût de l’investissement : 30 000 € et un budget maîtrisé. « Nous avons récupéré et réparé d’anciennes machines. »
Être et rester vertueux… Avant même de créer l’entreprise, les trois associés ont tenu à optimiser la chaîne de production : « Nous avions déjà la solution pour les copeaux de bois issus de la fabrication, détaille Leslie Faggiano. Les clubs hippiques sont en demande, les copeaux servent à pailler les boxes des chevaux. » Symbiosphère ne travaille qu’avec du bois provenant de forêts françaises gérées durablement. L’entreprise aimerait trouver du châtaignier en Ariège.
DU NICHOIR À LA PRESTATION DE SERVICE
Symbiosphère a commencé son activité en ciblant les particuliers. « Nous participions à une trentaine de foires et salons par an », se souvient la cofondatrice.
Il y a trois ans, l’entreprise remporte un appel d’offres lancé par les Voies Navigables de France pour la construction et l’installation de 900 nichoirs le long du Canal du Midi.
Rollier d’Europe, hibou petit-duc, huppe fasciée s’installent dans leurs nouvelles maisons. Les amis de fac observent, relèvent la moindre trace et consignent cette mine d’informations dans une base de données. Un véritable trésor pour les associations environnementales et les VNF.
Symbiosphère remporte, fin 2019, un second appel d’offres des VNF pour, cette fois, la fabrication et la distribution de 500 nouveaux nichoirs aux collectivités, entreprises et particuliers situés près du Canal du Midi.
L’idée de la prestation s’impose. « Notre objectif est de se spécialiser dans l’entretien des nichoirs, le relevé et l’analyse de données. On peut agir sur notre environnement en faisant revenir des animaux, en leur offrant des refuges », ajoute Leslie Faggiano. Avec l’association Nature en Occitanie, la Scop a réhabilité le local d’une ancienne pompe de relevage sur la Garonne pour loger des chouettes effraies et se rapproche des chercheurs de la Station d’écologie théorique et expérimentale (SETE) du Moulis en Ariège. Ils vont étudier l’impact du réchauffement climatique sur la mésange.
Le CA de l’entreprise est stable : 200 K€ en moyenne. Les services représentent désormais 60 % du chiffre d’affaires.
Leslie Faggiano, Yann Le Portal et Pierre Le Portal ne se contentent pas de faire naître des poussins, ils veulent organiser des conférences et proposer des actions quantifiables. Des promoteurs les suivent dans cette démarche, à l’image d’Oppidéa dans le quartier de la Cartoucherie à Toulouse. 10 nichoirs ont été installés, cinq ont déjà trouvé des locataires.
