Survoler et surveiller de plus grands sites à risque

Le drone a la capacité d’atteindre une élongation jusqu’à 600 km.

Le drone Boréal de l’entreprise éponyme est autorisé par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) à réaliser des missions à grande élongation. Une première française.

La rentrée s’accompagne d’une bonne nouvelle pour l’entreprise Boréal, basée à Castanet-Tolosan : le drone éponyme obtient l’autorisation de la DGAC pour des vols à grande élongation en milieu notamment maritime et forestier, une première en France pour un drone à voilure fixe de 25 kg.

À l’heure où la surveillance est amenée à se multiplier pour des opérations commerciales et souvent dans des zones à risque, cette autorisation, attendue depuis un an, est une aubaine pour la PME qui espère atteindre 1 M€ de chiffre d’affaires l’an prochain.

À l’origine, c’est une rencontre inspirante avec Michel Gavart, le créateur de l’engin, qui a motivé Marc Pollina. Ce dernier qui a fondé le groupe M3systèmes France et Systems Belgium, à racheté le droniste en 2011. Le groupe Mistral voit ainsi le jour et réunit, aujourd’hui, 45 salariés. « Étant déjà positionné sur la navigation par satellite et expert du contrôle du domaine aérien et des applications, j’ai décidé d’absorber le droniste Boréal avec l’intention de me focaliser sur la R&D pour développer le produit et booster l’activité, explique le DG. Nous avons déployé 400 K€ d’investissements chaque année depuis trois ans pour parvenir à une maturité suffisante qui a permis d’obtenir l’autorisation de la DGAC.»

LES MARCHÉS MARITIME ET FORESTIER EN VUE

Après le marché de la recherche et des laboratoires, dont l’Onera, qui a été le premier a acquérir un drone pour une expérimentation il y a trois ans, Boréal garde dans le viseur principalement des marchés industriels et institutionnels, dont le domaine maritime qui représente de multiples opportunités. En effet, le drone intéresse ce marché de niche avec son autonomie de sept heures ainsi que sa capacité permettant d’atteindre une élongation jusqu’à 600 km aller-retour au large des côtes. « L’appareil permet de faire de l’observation, et peut transmettre des images en temps réel jusqu’à 60 km, ce qui est novateur », détaille le dirigeant. L’entreprise espère ainsi obtenir un contrat pour la surveillance de la pêche, en collaboration avec la Direction des affaires maritimes (DAM) d’ici la fin de l’année, après avoir déjà participé à des tests de surveillance de la pêche illégale de coquilles Saint-Jacques en Bretagne. « Le domaine maritime comprend des enjeux environnementaux, économiques et sécuritaires qui s’intensifient au fil des années. Par ailleurs, la France est le deuxième pays au monde à posséder la plus grande surface de zones économiques exclusives, à savoir des espace de surfaces maritimes exploitables. Ainsi, nous pouvons apporter une solution à un prix compétitif afin de permettre à la France de conserver sa souveraineté nationale sur des endroits du monde souvent inconnus.» Si la structure espère convaincre les institutions de l’Hexagone, elle souhaite, en parallèle, s’étendre à l’international, notamment en Afrique où le marché de la surveillance maritime est vaste. Une démonstration de vol est également prévue courant septembre pour la Direction générale de l’armement (DGA).

Si ce drone est la vedette de la rentrée, avec la « spécificité d’intégrer plusieurs types de charges utiles jusqu’à un total de 5 kg », l’entreprise planche aussi sur deux autres produits, dont l’un est dédié à une application forestière en vue, par exemple de déterminer le volume de bois, la déforestation, les feux de forêt, et l’autre au domaine de la recherche pour des phénomènes météorologiques.

À Castanet-Tolosan, l’atelier de près de 400 m2, a une capacité annuelle de production d’une quinzaine de drones tout confondu. Grâce à cette autorisation récemment obtenue qui apporte un nouveau souffle à l’activité, l’entreprise envisage de doubler son effectif, le portant à une dizaine de salariés, et de former en interne des pilotes de drone afin d’accompagner sa croissance et l’augmentation de ses carnets de commandes. Ainsi, la PME se positionne comme leader sur le marché de drone à voilure fixe de 25 kg et semble avoir de beaux jours devant elle.