Space accompagne les PME vers l’industrie du futur

Xavier Saux, directeur opérationnel de Mécaprotec Industries, Christophe Cabaret, directeur des opérations de Space, Ana Munoz, projet manager au sein de Space et Serge Dumas, de Gillis Aerospace. (Photo : Agnès Bergon)

La chaîne d’approvisionnement aéronautique doit accroître sa performance pour maintenir sa compétitivité. Pour aider les ETI, PME et TPE à continuer de répondre aux exigences des donneurs d’ordre, le Gifas déploie un nouveau programme d’accompagnement coordonné par Space.

D ’ici 2022, 300 entreprises, ETI, PME, TPE, issues des 13 régions françaises devraient bénéficier du programme Industrie du futur imaginé par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), un dispositif qui vise à renforcer la compétitivité de la filière aéronautique par l’introduction des technologies 4.0. Le Cetim, Boost Aerospace et Space sont chargés de la mise en œuvre du programme conçu en quatre volets : sensibilisation des entreprises, accompagnement des PME (diagnostic, établissement d’une feuille de route et déploiement de la solution), renforcement de la collaboration entre donneurs d’ordre et fournisseurs et sécurisation des systèmes d’information au sein des PME, lesquelles constituent, selon les donneurs d’ordre, le « maillon faible » en termes de cybersécurité. Le coût de ce nouveau programme, évalué à 23 M€, est financé par le Gifas à hauteur de 7 M€, les régions pour 5,4 M€ (dont 1,2 M€ pour la seule région Occitanie), l’État pour 5,4 M€, les entreprises (4,7 M€) et l’Opcaim, opérateur de compétences interindustriel, pour le solde.

Coordonnateur de l’ensemble du dispositif, Space chapeautera la mise en œuvre du deuxième volet, « le plus gros morceau », qui capte « 70 % du budget total », précise Christophe Cabaret, directeur des opérations de Space dont le siège est à Blagnac. L’association, créée par les grands donneurs d’ordre aéronautiques européens il y a 12 ans, a pour mission « d’améliorer la performance industrielle et la compétitivité au sein de la supply chain de l’industrie aéronautique civile et l’industrie spatiale ». Pour ce faire, elle pro- pose différents services, pour l’essentiel de la formation et de l’accompagnement de projets d’amélioration. Un millier de projets ont ainsi été conduits depuis sa création.

Dans ce cadre, deux programmes ont été lancés depuis cinq ans par le Gifas et mis en œuvre par Space : Performance Industrielles 1 et 2 en vue d’améliorer les performances de livraison des fournisseurs en termes de délais et de qualité notamment, ainsi que les relations avec leurs donneurs d’ordre, programmes qui ont mobilisé entre 2014 et 2019 jusqu’à 400 entreprises et une soixantaine de donneurs d’ordre. Pour le seul PI 2, 317 entreprises et 52 donneurs d’ordre sont entrés dans la démarche, 17 M€ ayant été investis par le Gifas, les régions les Direccte, les industriels participants et l’Opcaim.

23 MINVESTIS SUR TROIS ANS

Pour les entreprises concernées, les progrès sont au rendez-vous. Les PME ont ainsi pu enregistrer des gains de 16 points de leur maturité industrielle tandis que la non- qualité était réduite de 47 % à l’issue du premier programme. Le taux de livraison à temps (OTD) est lui passé en cinq ans de 77 à 88% sachant que le PI 2 n’est pas encore achevé, l’objectif étant de dépasser 90 %. Soumise à la pression croissante des donneurs d’ordre, la supply chain aéronautique doit cependant aller plus loin pour rester compétitive. C’est l’ambition du programme Industrie du futur porté par le Gifas qui doit permettre aux entreprises de la filière d’engranger de nouveaux gains en termes de performance opérationnelle. La mise en œuvre progressive de ce nouveau programme d’accompagnement devrait débuter en région Centre-Val de Loire dès le mois d’octobre. En Occitanie, le démarrage ne devrait avoir lieu qu’en décembre et concernerait une demi-douzaine d’entreprises pour commencer. En région, Mecaprotec Industries, une PME spécialisée dans le traitement de surface (49 M€ de CA pour près de 900 employés en France et en Tunisie), ou encore Gillis Aerospace, une TPE qui fabrique des fixations et vis aéronautiques (40 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 5 M€), deux entreprises qui ont déjà suivi les programmes d’amélioration PI 1 et PI 2, ont fait partie des sept entreprises pilotes à tester le programme Industrie du Futur. Elles voient dans le nouveau dispositif l’occasion de « gagner encore en performance, explique Serge Dumas, DG de Gillis Aerospace. Airbus sort 800 avions par an aujourd’hui. Nous n’avions pas le choix ! », assure-t-il. L’intégration des technologies 4.0 pourrait se traduire par des investissements significatifs, de l’ordre de 25 K€ pour Gillis et de 150 K€ pour Mecaprotec Industries. Des projets qui devraient être accompagnés de formations spécifiques des managers. « Il est prévu entre autres une formation à la gestion du changement parce que le terme robot fait toujours peur, précise Christophe Cabaret. Pour faire court, si l’entreprise achète des robots, les opérateurs craignent de perdre leur emploi. Or les entreprises qui ont le plus investi sont celles qui ont le plus progressé, ce ne sont pas celles qui ont réduit leurs effectifs. Il ne faut pas avoir peur de ça. ll y a donc un message à passer ».