SOS Retraites : le barreau de Dijon en grève depuis deux semaines

Avocats grève

En grève depuis deux semaines, les Avocats du Barreau de Dijon se sont réunis dans l’enceinte de la Cité judiciaire, lundi 13 janvier, pour exprimer leur colère à leur façon… En jetant leur robe à terre, ils répondent à l’indignation de la ministre de la Justice.

Lundi 13 janvier, quelque 80 avocats du Barreau de Dijon se sont rassemblés dans l’enceinte de la Cité judiciaire pour exprimer leur colère et leur mécontentement concernant le projet de réforme des retraites, aujourd’hui porté par le secrétaire d’État Laurent Pietraszewski. Après une interlocution du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Dijon, Stéphane Creuxvaux, les participants ont été invités à se coucher dans le hall de la Cité judiciaire en signe de représentation d’une justice morte, avant de jeter à terre leur robe, symbole qui avait fortement déplu à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, quelques jours auparavant. Le Barreau de Dijon entamait alors sa deuxième semaine de grève. En effet, après une semaine sans aucun avocat, le Barreau de Dijon, réuni en assemblée générale extraordinaire le vendredi 10 janvier, avait alors voté la poursuite de la grève totale de ses activités jusqu’au dimanche 19 janvier.

« Nous observons une vraie unité par rapport à nos trois grandes voix nationales que sont le Conseil national des Barreaux (CNB), la Conférence des bâtonniers et le Barreau de Paris, ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps. Nous étions 100 % du Barreau en grève la première semaine », confie Stéphane Creusvaux. L’objet de cette grève concerne la possible suppression de la pension de retraite des avocats au profit d’un régime universalisé. En effet, jusqu’à maintenant les avocats cotisaient auprès de la Caisse nationale des barreaux français, un organisme de gestion des pensions de retraite de ces derniers. Ainsi, grâce notamment à un excédent de deux milliards d’euros, qui s’explique entre autres par le ratio actifs-retraités de 4,3 avocats pour un retraité, « notre régime de retraite au titre de la solidarité permet de garantir à chacun, quels que soient ses revenus durant son activité professionnelle, d’obtenir un minimum de l’ordre de 1.460 euros », développe le bâtonnier. « Aujourd’hui, par rapport aux projections qui sont faites, on risque de perdre 30 % du montant des pensions », complète-t-il.

LES INSTITUTIONS REÇUES À LA CHANCELLERIE

Lundi 13 janvier, les institutions représentatives de la profession étaient invitées à la Chancellerie. « Nous espérons être entendus par rapport au maintien de notre régime autonome des retraites… C’est un régime qui ne coûte rien à l’État ni aux contribuables et qui est autosuffisant, excédentaire, égalitaire, solidaire entre les avocats et solidaire avec le régime général puisque nous lui reversons en moyenne 100 millions d’euros chaque année », explique Stéphane Creusvaux. Le Barreau de Dijon constate aussi que « ce projet impliquerait un doublement des cotisations de retraite des avocats, de 14 à 28 % ».

À la suite de l’entretien du 13 janvier, Nicole Belloubet, ministre de la justice, et Laurent Pietraszewski ont apporté des garanties sur l’incidence de cette réforme sur les avocats dans un courrier aux barreaux. Entre autres affirmations, « les avocats continueront à bénéficier, dans le cadre du régime universel de retraite, d’une case propre à leur profession ». La ministre de la Justice indique également son souhait d’examiner, avec les avocats, les incidences concrètes de la réforme « pour s’assurer qu’elle n’aura pas d’impact négatif pour les avocats et leurs cabinets ». Enfin, Nicole Belloubet et Laurent Pietrasweski ont rappelé leur attachement à ce que la réforme ne remette pas en cause l’équilibre économique des cabinets, notamment les plus petits. Autant d’éléments qui « n’apportent ni avancée ni concession », selon le Barreau de Dijon qui se regroupait vendredi soir. À l’issue de cette nouvelle assemblée générale extraordinaire, il a été convenu la reconduction de la grève, « mais cette fois-ci de manière illimitée ».