Nicolas Hallali. Avec son compère François Hugeux, il a créé une microbrasserie coopérative et écoresponsable. Le duo ne manque pas d’idées pour rayonner.
La Brasserie du court-circuit rejoint depuis ce printemps le florilège des 200 brasseries occitanes, un secteur d’activité en plein essor. À l’origine, Nicolas Hallali (photo), ancien chercheur à LPCNO (Laboratoire de physique et chimie des nano-objets) et François Hugeux, ingénieur électronique chez Ausy, deux compères qui se sont rencontrés sur les bancs de l’Institut national des Sciences appliquées de Toulouse, ont décidé de plonger les mains dans la marmite. « Nous étions tous deux brasseurs amateurs depuis des années et développions des recettes dans nos cuisines. À la fin de mon CDD, nous avons jugé que c’était le bon moment pour se lancer sur un marché qui progressait. J’ai suivi une formation chez un microbrasseur gersois puis nous avons lancé une picobrasserie, soit une production de 150 litres par mois », explique le cofondateur Nicolas Hallali. Très vite, le duo fait parler de lui, séduit particuliers et même quelques acteurs des métiers de bouche. Les deux entrepreneurs ambitionnent alors de créer une microbrasserie sous forme de coopérative, un statut qui fait écho à leurs valeurs. Après l’obtention d’une subvention régionale de 10 K€ et le soutien de l’Union Régionale des Scop, ils ont récemment rejoint le tiers lieu Borda Nova à Lahage, au sud-est de toulouse, pour s’installer dans un local appartenant à l’association 3PA, un organisme d’éducation et de formation à l’environnement et à la transition écologique. Au-delà du fait de participer au développement économique régional, ce rapprochement permet aux trentenaires de cultiver également la notion d’écoresponsabilité.
Quid de la valeur ajoutée de cette nouvelle microbrasserie ? « C’est l’ensemble des processus que nous mettons en place dans la production et la distribution tels que des fûts et bouteilles consignés, l’approvisionnement en matières premières bio et locales comme notre malt qui provient du Tarn. Nous planchons également sur un circuit de récupération d’eaux de brasserie que nous réutilisons pour nos prochains brassins. Il faut savoir qu’en moyenne, en Europe, huit litres d’eau sont utilisés pour un litre de bière consommé, c’est trop ! Nous valorisons nos drêches, en complément alimentaire pour les animaux d’élevage, en échange de fumier que l’association 3PA pourra utiliser dans un projet de maraîchage », détaille l’entrepreneur. La microbrasserie envisage ainsi de cultiver son propre houblon, car comme l’explique Nicolas Hallali, « en France, la production de houblon bio est quasi inexistante. Nous nous approvisionnons aux États-Unis et en Europe ».
En attendant, le duo, qui espère séduire des épiceries locales et des cavistes régionaux, souhaite mettre également en place un système de pré-commandes et de lieux de collecte. Les brasseurs visent une production de 2 500 litres cette année et le double l’an prochain. « Actuellement, deux bières sont à l’affiche mais nous envisageons d’étoffer notre gamme notamment avec une bière à base de récupération de pain bio », souligne Nicolas Hallali. Autre objectif : « créer un équivalent temps plein pour mon associé d’ici juillet 2022 ». La microbrasserie, qui attend l’obtention du label Nature & Progrès, vise 140 K€ de CA en fin d’année et 300 K€ d’ici trois ans.