Invité au lycée Roosevelt (Reims) pour présenter son parcours entrepreneurial et l’activité de sa start-up, Yann Lechelle milite pour la protection des données personnelles.
Êtes-vous prêt à tout dire à votre assistant vocal ? Si ces appareils débutent leur commercialisation en France, il s’en vend des millions chaque trimestre dans le monde où plus d’un milliard d’utilisateurs ont commencé à parler à Alexa (Amazon), Google Home ou Homepod (Apple) pour faire une recherche internet, demander la météo, ou piloter sa domotique, de la diffusion d’une musique au réglage de la température ou de la lumière.
Les consommateurs français, qui ont déjà appris à parler à leur téléphone (Siri d’Apple par exemple) vont donc probablement suivre le mouvement et investir de plus en plus dans ces nouveaux produits. Face aux géants américains (GAFA) ou chinois (BATX), une start-up française essaie d’exister : Snips. Son directeur d’exploitation, Yann Lechelle (lire encadré), est justement venu présenter les enjeux de ce marché aux élèves et étudiants du lycée Roosevelt, à Reims. Selon lui, après l’écriture au clavier puis le tactile, la voix est le nouvel instrument de demain : « C’est plus simple que du texte ou une commande manuelle. On parle d’informatique ambiante en utilisant simplement un mot clé pour activer l’assistant avant de lui formuler sa demande. Cela nous libère de l’écran et du tactile. Cette technologie est aujourd’hui possible grâce à la progression de la puissance de calcul, de l’intelligence artificielle et du nombre d’objets connectés ».
QUEL RESPECT DE LA VIE PRIVÉE ?
Revers de la médaille cependant, les grandes multinationales s’en servent « comme cheval de Troyes ultime pour capter les données en les envoyant dans le cloud ». Avec la question du respect de la vie privée et des enjeux de souveraineté quand l’assistant vocal devient la première source d’information. Le dirigeant de Snips défend donc le modèle français et ses valeurs. « Nous faisons disparaître la technologie en l’implantant dans les objets de nos clients (appareil ménager, télévision…) à qui nous vendons notre licence. Nos solutions ne nécessitent aucune connexion internet et aucune donnée n’est récupérée », souligne l’entrepreneur qui dirige une start-up de 73 salariés ayant levé 22 M€. Il cite en exemple l’utilisation de Snips par le robot Keecker, créé par une autre start-up, qui sert de vidéoprojecteur, de vidéo-surveillance, d’enceinte mobile… tout en étant piloté par la voix.
« Nous avons des performances aussi bonnes que Google par exemple tout en respectant la réglementation européenne », assure Yann Lechelle. Il ajoute même une corde environnementale à sa solution en ne stockant pas les données dans des data centers énergivores.
ENTREPRENEUR EN SÉRIE
De sa découverte du code à 10 ans à sa formation aux Etats-Unis et en France pour travailler comme développeur aussi bien dans la finance que dans l’animation (chez Dreamworks), Yann Lechelle a présenté son parcours lors d’une conférence organisée au lycée Roosevelt, à Reims. Ce passionné de basket, qui a été l’interprète du basketteur Magic John- son, explique avoir beaucoup appris comme salarié avant d’entreprendre. S’il a fondé plusieurs entreprises, il est aussi un investisseur éclairé, ce qui l’a amené à rejoindre Snips trois ans après la création de la start-up parisienne. De son expérience dans le digital, il livre plusieurs conseils aux jeunes : maîtriser l’anglais est indispensable et il faut savoir prendre du recul par rapport aux outils numériques. « L’informatique est de plus en plus consommable, facile à utiliser, mais il faut être attentif à la monétisation ou à la manipulation qui en découle par des sociétés devenues plus puissantes que les Etats ». Si c’est un co-fondateur de l’association France digitale qui le dit…