La chapellerie Sire se bat pour perpétuer un savoir-faire familial unique. La petite entreprise crée des pièces uniques et a relancé la fabrication du béret ariégeois.
En poussant la porte de la maison Sire de Pamiers, on entre dans le monde enchanté du chapeau. Colorés, chatoyants, extravagants, sobres, plats, hauts, ronds ou non, casquettes ou bérets… Les couvre-chefs s’entassent, se cachent ou s’exposent dans un désordre magique. Ils vous racontent un siècle et demi d’histoire, de savoir-faire et de passion.
Héritière de cette entreprise familiale, née à Mazères en 1870, Jacqueline Balanca, dernière chapelière de l’Ariège, règne sur cet univers issu de cinq générations. La famille, qui fabriquait à l’origine des casquettes, s’est ensuite orientée vers le négoce, avant de relancer la confection et de s’installer à Pamiers dans les années 80. « Ma grand-mère partait avec sa calèche faire les marchés », raconte fièrement Jacqueline.
La patronne de 58 ans, elle, est bien dans son temps. Après des années d’études en psycho, elle a finalement repris le flambeau. Pas facile de faire vivre une petite chapellerie mais à force de passion, d’enthousiasme et de créativité, elle a sauvegardé et fait progresser à la fois le négoce et la confection. Une petite structure, qui n’a qu’une salariée, mais fait partie de ce tissu d’entreprises qui défend un patrimoine et tisse un lien indispensable au-delà des aspects purement commerciaux.
LES SÉRIES AMÉRICAINES RELANCENT LE CHAPEAU ARIÉGEOIS
La chapellerie vend des chapeaux et casquettes de tous types, à tous les prix, les plus grandes marques et des accessoires. Et confectionne à la demande, des chapeaux sur mesure, notamment pour les mariages et cérémonies. « Le chapeau était tombé dans l’oubli, mais il connaît un réel renouveau, se réjouit Jacqueline Balanca. Depuis deux ans surtout, sous l’effet des séries américaines, les hommes recommencent à se coiffer, nous vendons de plus en plus de feutres et de casquettes. C’est une activité complexe, très tributaire du temps et des saisons, à la fois intemporelle et liée à la mode. »
Ce que Jacqueline préfère c’est la création. En voyant un visage, elle déclenche instantanément l’image du chapeau qui va avec. Alors elle plonge, avec son employée Nicolle, dans le sisal, la paille, les plumes ou le feutre pour fait naître une pièce unique, la seule qui pouvait mettre en valeur la future mariée.
Pour défendre cet artisanat et faire vivre la création et le négoce, Jacqueline Balanca et son mari vendent aussi leurs produits sur les marchés, arpentent les salons du mariage et participent au Salon de l’agriculture sur le stand de l’Ariège. « J’ai relancé la production des bérets ariégeois en pure laine mérinos des Pyrénées. Ces bérets épais, chauds et confortables, ornés du logo du département, sont fabriqués chez un partenaire basque et connaissent un beau succès. »
Avec un site commercial qui attire des clients de toute la France et une boutique qui a su se diversifier, l’activité de la chapellerie est en progression. « J’ai acheté le magasin voisin pour agrandir et avoir une vitrine plus grande, les travaux sont en cours. Oui, il y a encore un avenir pour les vraies chapelleries », assure Jacqueline Balanca. La maison Sire fête cette année 150 ans d’existence.