Sintermat invente le mouvement perpétuel

L’Agence économique régionale (AER), par le biais de son président Arnaud Marthey a remis le trophée Éco- innovez en BFC à l’entreprise Sintermat représentée par son créateur Foad Naïmi, en présence de Patrick Molinoz, maire de Vénarey-les-Laumes et vice-président à la région en charge notamment de l’innovation et du développement numérique.

Lauréat du trophée « Procédé Eco-innovant » remis par l’Agence économique régionale (AER), la start-up Sintermat à Montbard s’est spécialisée dans la revalorisation écoresponsable des déchets industriels.

Le 12 mars était la journée des récompenses. Alors que l’on assistait, le soir, à la cérémonie des César, un peu plus tôt à Montbard avait lieu l’attribution d’un des Trophées Eco-innovez en Bourgogne Franche Comté, décernés par Arnaud Marthey et Martine Abrahamse-Pleux, respectivement président et directrice générale de l’Agence économique régionale de Bourgogne Franche-Comté (AER BFC). Au sein des locaux de Sintermat, fondée par Foad Naïmi, un ancien chercheur de l’Université de Bourgogne, Patrick Molinoz, maire de Venarey-les-Laumes et vice-président à la région en charge notamment de l’innovation et du développement numérique ne tarissait pas d’éloge à l’égard d’un « enfant de Venarey » qui recevait le Trophée Procédé Eco-innovant pour sa méthode issue de la métallurgie des poudres appelée frittage flash – ou frittage SPS, fruit de 15 années de recherche à l’uB. En clair, la fabrication de matériaux par compactage – jusqu’à 320 tonnes – de poudres métalliques issues du recyclage de l’industrie mais aussi de poudres naturelles comme la coquille d’huîtres, le marc de café, le chanvre et même le sarment de vignes. Le tout grâce à un process 100 % naturel sans solvants ni intervention chimique, inventé par Foad Naïmi : « Cet engagement dans l’éco-responsabilité a plusieurs atouts. D’une part, répondre aux attentes d’entreprises qui s’inscrivent de plus en plus dans une démarche RSE (prise en compte des enjeux, environnementaux, sociaux, économiques et éthiques dans leurs activités, Ndlr) mais aussi démontrer que la prise en compte de ces enjeux est une véritable valeur ajoutée dans le process, mais aussi dans la qualité de fabrication à l’échelle industrielle ».

LE DÉCHET, NOUVEL OR DE L’INDUSTRIE

Outre une hyper-résistance de matériaux légers, pouvant aller jusqu’au blindage, une rapidité de fabrication (certaines pièces étant fabriquées en une heure), le procédé de frittage SPS diminue par cinq l’utilisation de matières premières et permet un recyclage à l’infini : « Si une pièce ne convient pas, nous pouvons la corriger sans autre opération technique que le broyage et le compactage ».

Seule en Europe à travailler sur des applications 100 % naturelles, la jeune start-up offre aussi de nouvelles opportunités en matière de revalorisation. Si elle s’appuie sur des entreprises collectrices spécialisées, elle développe aussi de nouvelles applications : « Nous sommes parfois obligés de créer une filière de collecte pour des matériaux qui ne sont pas revalorisés pour alimenter notre recherche en applications ».

Avec 17 salariés et 3 apprentis, l’entreprise, dont 80 % de l’activité relève du secret-défense – elle avait bénéficié du soutien du fonds Definvest du Ministère des armées et d’une levée de fonds de 1,5 million d’euros en 2018 )- est depuis un an dirigée par Yann Cramer qui prévoit de créer en 2021-2022 une douzaine d’emplois sur le site de Montbard pour faire face à un développement qui ne semble pas avoir de limites : « Nous sommes en permanence sur deux ambitions, explique Foad Naïmi : travailler avec des clients industriels qui génèrent un déchet et créer les applications à partir des matériaux composés de ces déchets ». En parallèle, Sintermat qui « ne travaille que sur des machines récupérées et adaptées au process de fabrication » vise désormais la vente de son procédé de fabrication à l’international.