Shem : son avenir pourrait se jouer sans elle

Les contours de la mise en concurrence des concessions hydroélectriques se redessinent au détriment du plus petit des acteurs.

L a réorganisation en cours du monde de l’hydroélectricité pourrait porter un coup fatal à la Société Hydro-électrique du Midi (Shem). C’est ce qu’ont voulu rappeler ses dirigeants, Cyrille Delprat, son directeur général, et Vincent Petillon, directeur adjoint, lors d’une conférence de presse organisée le 21 octobre à Toulouse. La filiale d’Engie, qui exploite 56 usines et 12 grands barrages dans le grand Sud-Ouest, emploie près de 320 personnes réparties entre son siège de Balma, ses installations sur la chaîne pyrénéenne et celles des vallées de la Dordogne et du Lot.

QUASI-RÉGIE

Des emplois menacés selon les dirigeants de la Shem, par les négociations en cours entre le gouvernement, la Commission européenne et EDF au sujet de la réorganisation de ses activités. Le projet Hercule prévoit en effet la scission des activités du groupe en différentes branches. Des négociations menées depuis le début de l’année 2020 mais qui se sont accélérées ces dernières semaines. « Selon les informations dont on dispose, indique ainsi Cyrille Delprat, une nouvelle entité se mettrait en place qui regrouperait les concessions hydroélectriques d’EDF, sous la forme d’une quasi-régie, ce qui les exclurait de la mise en concurrence. Si ce schéma va à son terme, des décisions devraient être prises d’ici la fin de l’année, pour une mise en œuvre en 2022. »

MISE EN CONCURRENCE

Depuis l’adoption de la Directive européenne sur les concessions, malgré plusieurs mises en demeure, l’État français renâclait, différant sans cesse l’élaboration du cahier des charges permettant la mise en concurrence des concessions hydroélectriques arrivées à échéance. La création de cette quasi-régie, dans le cadre du projet Hercule, permettrait à EDF d’échapper à cette mise en concurrence, laquelle ne concernerait plus que la Shem, 3e opérateur français représentant 3 % de l’hydroélectricité en France.

Si tel devait être le cas, la Shem aurait dès lors très gros à perdre. Aujourd’hui, trois de ses concessions arrivées à échéance pourraient relever de cette mise en concurrence pour leur renouvellement. Sachant que ces trois concessions représentent 40 % de sa production, le danger est donc bien réel selon Cyrille Delprat. Lequel déplore que la Shem ne soit pas associée à ces négociations enter l’État et la Commission européenne. « Nous réclamons d’être appelés autour de la table. »

La Shem, qui a réalisé 89,7 M€ de chiffre d’affaires en 2019, investit de l’ordre de 30 à 40 M€ par an dans la maintenance de ses installations, mais a cessé depuis plusieurs années, faute de visibilité sur le renouvellement de ces concessions, de mener de nouveaux investissements de développement.