On doit reconnaître certaines qualités au Conseil Départemental de la Marne. Des séances plénières en présentiel, ce qui rend cette période un peu plus humaine, avec masques, distances et gel hydroalcoolique cependant, et décentralisées dans le cadre bucolique de Fagnières. Des échanges à l’opposé des querelles jacobines. Et une Présidence à l’affut du moindre consensus.
La première mandature (2015- 2021) du Conseil Départemental, succédant au Conseil Général, s’est terminée par une dernière séance plénière à mi-chemin entre l’étude d’une quarantaine de dossiers en tous genres et les exercices de circonstances, allant du devoir accompli aux remerciements appuyés, matière essentielle du propos introductif du Président Christian Bruyen. Pour cette première et dernière à la fois, l’ombre d’Albert Vecten, 95 ans, Conseiller général durant 39 ans, dont 21 ans à la Présidence de l’assemblée départementale, créateur de la vignette la moins chère de France (1988) et de l’Aéroport de Vatry (2000) a réveillé les nostalgiques.
À la manœuvre, deux sortants volontaires, Dominique Lévêque et Françoise Férat, un hommage de gauche à droite, tant il est vrai qu’ici on ne fait pas de politique. Pour le premier : « Je ne regrette pas une seule journée des 27 années de mandat au Département… Nous sommes l’Assemblée proche des problèmes locaux, un vrai lien entre élus et population ». Pour la seconde, au bord de l’émotion : « J’ai vécu des moments exaltants… Je vais évidemment regretter mon binôme Christian Bruyen… Nous sommes les enfants d’Albert Vecten ».
Et, dans une parenthèse métaphysique entre Platon et Epicure (ndlr), décidemment en verve pour sa sortie, Dominique Lévêque lâche à propos d’un rapport sur le bilan de la stratégie pauvreté : « Une société qui s’habitue à vivre avec 300 morts par jour… Comment fait-elle ? Je suis inquiet ». Le Président Bruyen, qui a dû consulter les augures, esquisse : « Je ne suis pas certain que la société accepte tout cela… J’ai peur de sa réaction ». Autant dire une perche tendue à Éric Kariger, rapporteur dudit dossier : « On constate 1 500 à 1 600 morts par jour, hors Covid, mais de ceux-là personne ne parle… C’est la médiatisation de la mort qui m’écœure, pas sa banalisation ». Parole de gériatre.
L’AÉROPORT DE VATRY VA MIEUX
L’Aéroport de Vatry boucle son bilan 2020 avec près de 37 500 passagers (-54%) et plus de 12 000 tonnes de fret (+ 331%). La crise sanitaire est passée par là : arrêt des lignes voyageurs vers le Maroc et augmentation de l’activité fret. Le Conseil départemental a voté à l’unanimité la validation d’éléments nouveaux dans ce dossier, notamment la convention pluriannuel 2021-2022 de financement de l’EPGAV, l’Etablissement Public de Gestion de l’Aéroport de Vatry.
Cette convention prend acte, au regard des perspectives de développement de l’aéroport envisagées par le Conseil départemental propriétaire de l’établissement public, d’une réduction de 3 à 2 millions d’euros de la subvention d’équilibre précédente (jusqu’à 3 M€ en 2019 et 2020). Ainsi pour 2021, les subventions baissent d’un tiers pour le Conseil Régional du Grand Est (666 667 €), pour la Communauté d’Agglomération de Châlons-en-Champagne (333 333 €) et pour le Département de la Marne (1 000 000 euros).
Le Budget 2021 de Vatry affiche en dépenses 10,6 M€ (en baisse de 0,8%), et en recettes d’activité une hausse de plus de 28% (de 5,1 à 6,6 M€). L’EPGAV explique cette hausse des recettes : le e-commerce chinois, le transport d’animaux vivants, le fret pharmaceutique et la réorganisation du fret routier. L’activité de Vatry devrait désormais couvrir 62% des recettes du budget contre 48% en 2020. L’euphorie gagne les rangs de l’Assemblée départementale : « On est dans la bonne voie pour le fret », s’exclame Dominique Lévêque qui doit bien se souvenir qu’à son inauguration l’aéroport était, selon le souhait d’Albert Vecten, essentiellement destiné au fret. Un slogan comme un autre, et il vient de Christian Bruyen : « Vatry ça marche ! On freinerait presque la montée en charge ». Là ça sentirait un peu le coup de soleil des vacances à venir. Et pour l’avenir : « La Région pense que l’on n’est pas obligé de subventionner l’activité passager et nous pensons la même chose ». Et d’un coup, le soleil au départ de Vatry risque de n’être plus qu’un bon souvenir.
LES DERNIERS BÉNÉFICIAIRES DU CRSD
Le Contrat de Redynamisation du Site de Défense de Châlons-en-Champagne, signé en août 2015, arrive à expiration fin août prochain. Deux des derniers dossiers de ce CRSD étaient soumis au vote du Conseil départemental : le projet AEROLAB de l’Université de Reims et du CNRS de Châlons-en-Champagne et la réhabilitation de la caserne Chanzy de Châlons-en-Champagne.
Le premier dossier porte dans un premier temps sur l’installation d’un démonstrateur destiné à des mesures de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques au niveau de Châlons-en-Champagne et de son agglomération. Le projet AERO-LAB vise à optimiser l’attractivité du territoire châlonnais en matière de recherche, de transfert de technologie et d’innovation. Le coût total de cette première phase est évalué à 1,5M€, dont un tiers assuré par la Région Grand Est et la solde par l’URCA, l’Agglomération châlonnaise, le Département et l’Etat.
Le second dossier, financièrement plus copieux (10,9 M€), concerne la réhabilitation de la caserne Chanzy, entité qui va accueillir des services décentralisés du Ministère des Finances, avec une centaine d’emplois à la clé, ainsi que certains services de la Ville et de l’Agglomération. Le financement est assuré par l’Etat et la Communauté d’Agglomération, à hauteur de 2,7 M€ pour chacun, par près de 3 M€ extraits des 92 M€ attribué au Grand Est au titre de la dotation d’Etat de Soutien à l’Investissement Local (2020- 2021), par 0,9 M€ pour le Grand Est et 0,9 M€ pour le Département, ainsi que par le fonds européen FEDER intervenant pour près de 0,7 M€.
Place désormais à la campagne électorale, aux élections des 20 et 27 juin et rendez-vous début juillet pour la première session du Conseil Départemental, version 2021-2027.