Sécurité et formation au menu du débat de la FFB

FFB

Les candidats ont débattu pendant une heure puis ont répondu aux questions du public présent, adhérents de la FFB.

La Fédération française du bâtiment (FFB) organisait le 12 février dernier un débat entre les quatre candidats aux municipales de Reims. La semaine dernière, nous avons abordé dans nos colonnes leurs projets concernant les thèmes des infrastructures et de la fiscalité. Cette semaine nous présentons leurs positions sur les questions de sécurité et d’environnement ainsi que sur la formation et l’emploi local.

Les entreprises sont régulièrement victimes de vols ou de problèmes liés à la sécurité sur les chantiers et dans les zones artisanales, ce qui représente une inquiétude croissante pour elles.

Pour Jean-Claude Philipot, « le problème de la sécurité est un problème global, et conséquence d’un laxisme au niveau de la justice, ainsi que de l’absence de la police dans les quartiers. Les caméras ne suffisent pas, elles devraient pouvoir permettre une intervention directe. » L’actuel maire, Arnaud Robinet assure « prendre très au sérieux les vols sur les chantiers, notamment de cuivre, faits d’individus exerçant souvent parallèlement des menaces sur les salariés et chefs de chantier. » Pour enrayer cette délinquance, il propose de mettre en place, « un plan tranquillité chantier ». « Ce plan doit correspondre aux compétences de la collectivité, ce serait donc à la police municipale de se déplacer sur le chantier pour échanger et conseiller sur les meilleures façons de sécuriser. Ce plan permettrait de se mettre en contact direct avec la police grâce à un numéro unique pour le chef de chantier ainsi que de trouver une coordination avec le CSU, le centre de supervision urbain. »

REPRESSION POUR LES UNS, PRÉVENTION POUR LES AUTRES…

Sur le sujet des décharges sauvages, le candidat élu sous la bannière des Républicains a mis en avant son action lors de son mandat, précisant avoir rédigé « avec deux autres maires, celui de Toul et celui de Nice, un livre blanc sur la sécurité pour demander au Gouvernement plus de compétences aux maires sur la police, afin qu’ils puissent intervenir de façon plus directe et rapide sans passer par les autorités préfectorales ou nationales », précisant que la recherche d’individus grâce au relevé des plaques d’immatriculation par exemple n’était pas de la compétence de la collectivité. Le candidat du Rassemblement National analyse la situation comme étant une conséquence « des coûts trop élevés ». Refusant la « démagogie », il a reconnu qu’il y avait « un équilibre à trouver entre le coût de la décharge et le traitement des déchets, incontournable. » Fidèle à sa ligne de conduite répétée à plusieurs reprises, Jean-Claude Philipot a refusé « tout laxisme concernant la multiplication des décharges sauvages. Il faut des sanctions suffisamment fortes pour dissuader les auteurs. »

Pour Éric Quénard, la solution à ces délits passe plutôt par la prévention : « Il y a des cellules de veille qui mettent autour de la table différents acteurs, les entreprises concernées, les collectivités, le maître d’ouvrage, la police, pour trouver des solutions. Ces cellules doivent se réunir plus souvent pour pouvoir anticiper et ne pas être que dans la réaction. Dans un certain nombre de villes, ont été créées des structures d’insertion pour accompagner sur les chantiers, les publics sur toutes les questions de la sécurisation. Pourquoi ne pas utiliser les structures d’insertion pour sortir les personnes qui sont dans la précarité pour être présentes sur les chantier, afin d’assurer une présence humaine ? Ces structures peuvent accompagner des personnes qui sont du quartier, sur la sécurisation des sites », a proposé celui qui a été 1er adjoint d’Adeline Hazan pendant six ans.

Gérard Chemla a quant à lui, l’espace de quelques instants, revêtu sa robe d’avocat pour parler du sujet de la sécurité, prenant en exemple le cas d’un agriculteur qu’il défend, agriculteur mis en examen pour avoir tiré sur un voleur qui lui siphonnait son essence. « Il y a une délinquance organisée qui nous renvoie un problème beaucoup plus global pour notre ville. Il faut une véritable vigilance, mais une vigilance partagée, entre les acteurs du bâtiment, les riverains et les forces de police. »

Répondant au candidat du RN, Gérard Chemla a insisté sur le fait « que les tribunaux n’étaient pas laxistes, mais que tout le souci des vols de chantier était que ceux ci se passaient de nuit, dans des zones non protégées où on ne peut pas identifier les personnes qui commettent les délits. »

UN LABEL “ENTREPRISE VERTE” ?

En terme d’environnement, « je suis pour le label d’entreprise verte », assure le candidat de la République en marche. « On doit privilégier l’économie circulaire. On peut favoriser les entreprises qui s’engagent dans des démarches vertueuses et qui valorisent leurs déchets. » Arnaud Robinet a précisé que les déchetteries étaient ouvertes aux PME mais que « traiter des déchets avaient un coût et que l’on ne pouvait pas promettre monts et merveilles, parce que ce coût est répercuté ailleurs. Pour la qualification d’entreprise verte, il existe actuellement le label Grand Reims durable, qui ne concerne pas les entreprises mais leurs projets. » Le maire sortant « refuse de remettre des contraintes administratives sur les entreprises. »

L’environnement, Éric Quénard en a fait son cheval de bataille, avec son slogan de campagne « Faisons respirer Reims ». « La question des clauses environnementales est aussi un moyen d’encourager toutes les entreprises qui veulent être vertueuses dans leur approche et dans leur impact. Le traitement des déchets, l’accès aux déchetteries, peuvent être des conditions qu’on pose dans les marchés publics pour favoriser l’accès à des entreprises respectueuses de l’environnement. »

Tous secteurs confondus, les professionnels aujourd’hui avouent avoir de plus en plus de mal à recruter. Pour cela, ils avancent différentes explications, de la supposée baisse de motivation des jeunes à la mauvaise image des métiers manuels et en plein air, en passant par une conjoncture où l’on aurait atteint le plein emploi. Aujourd’hui par exemple, 50 contrats d’apprentissage sont non-pourvus au CFA du BTP de Reims, sans compter ceux des Compagnons du devoir de Reims et de Muizon. Tous ces sujets ont été traités par les candidats, avec là aussi des analyses et solutions différentes.

« Le problème est plus profond que la seule clause d’insertion, parce qu’en contrat d’insertion, il y a aussi un public à qui il faut déjà apprendre à aller se présenter au travail. Certains ont non seulement du mal à être à l’heure au travail mais aussi à respecter le chef de chantier ou les directives de l’entreprise », constate Arnaud Robinet, pour qui « il faut miser sur l’accompagnement pré-travail, car ce n’est pas au chef d’entreprise à apprendre à se comporter, il cherche des gens performants. » Le maire sortant insiste sur la synergie des collectivités en matière d’insertion et muscle son discours sur le fait que « l’emploi doit être plus rémunérateur que les prestations sociales. »

INSERTION ET ACCOMPAGNEMENT

Éric Quénard pense que là où les clauses d’insertion ont été insuffisamment développées c’est sur la question de l’accompagnement. « Ce n’est pas aux entreprises qui accueillent d’assurer l’accompagnement de ces heures d’insertion, c’est à tout l’écosystème d’assurer le suivi du jeune, la formation qualifiante et l’insertion durable dans l’emploi. »

D’après lui, cet accompagnement n’est pas mené dans les bonnes conditions, « on doit y mettre les moyens. Je crois aux clauses d’insertion ». Le deuxième élément pour le candidat est « la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, c’est à dire qu’il faut adapter les formations aux emplois dont on a besoin. »

Sur le sujet de la formation, Jean-Claude Philipot a eu un discours d’extrême fermeté sur le sujet, regrettant « le manque généralisé de discipline ». Le commissaire-colonel en retraite avance que « si le chemin du travail n’est pas fait par certains jeunes c’est en raison du manque de discipline », regrettant « de ne plus pouvoir remettre personne en place ». « Les jeunes n’obéissent plus car ils n’ont plus l’habitude d’obéir en famille », argue le candidat du RN, rappelant que des structures encadrées par des militaires comme le JET (jeunes en équipe de travail) avaient été mises en place avant la suppression du service militaire. « Si on veut revoir l’insertion, ce qui est souhaitable, il faut revoir tout le système éducatif qui a été défait depuis des années par les gouvernements successifs », souligne Jean- Claude Philipot. En réponse, Gérard Chemla réfute « le travail à la schlague » pour lequel ce n’est pas la solution, mais préfère plutôt, « ramener dans des endroits qui en ont besoin, de la présence humaine, retrouver de la sécurité grâce à la proximité, l’inclusion scolaire. » L’avocat rappelle qu’il y a 120 000 chômeurs de moins qu’il y a un an, « en parallèle, on a un développement de l’apprentissage symétrique, cela veut dire qu’il y a des choses qui marchent ». Pour conclure, les candidats sont revenus sur les orientations principales qu’ils souhaitaient donner à leur campagne, les leviers environnementaux pour développer l’économie pour Éric Quénard, la sécurité pour Jean-Claude Philipot, le rôle des élus « comme locomotive » pour influer sur le développement économique local et donc l’emploi, pour Arnaud Robinet, et la démocratie locale pour Gérard Chemla.

*Les élections municipales se dérouleront les dimanches 15 et 22 mars 2020.