Sécurisation des paiements : Lyra en pointe

Anton Bielakoff.

La fintech toulousaine vise un chiffre d’affaires de 100 M€d’ici quatre ans.

Lyra est en passe de doubler de surface. L’entreprise de Labège, éditeur de logiciels en mode Saas, spécialisé dans la sécurisation des paiements en e-commerce et commerces de proximité et services dédiés, prend en effet progressivement ses quartiers dans le nouveau bâtiment de 4 000 m2 (soit le double de sa surface actuelle) qu’elle a fait construire à côté de son siège social. Un déménagement devenu indispensable compte tenu de la croissance que connaît l’entreprise depuis sa création à Toulouse en 2001. Lyra, qui a réalisé 70 M€ de chiffre d’affaires en 2019 contre 60 M€ un an plus tôt, emploie près de 340 personnes aujourd’hui (dont 220 sur le site de Labège), soit une soixantaine de recrutements en un an. Une croissance à peine ralentie par le coronavirus. « Notre activité de sécurisation des paiements de proximité a été fortement affectée sur la période, reconnaît Anton Bielakoff, son directeur général. Mais s’agissant de l’activité e-commerce, nous avons la chance d’être présents sur des marchés très diversifiés. Nous avons pu également développer de nouveaux marchés, aussi bien en France qu’à l’étranger, de nombreuses sociétés cherchant à se digitaliser pour s’en sortir. Nous avons donc enregistré une forte croissance sur ce segment de marché, en termes de conquête de nouveaux marchands. Nous n’avons pas fait appel à l’activité partielle, puisque nous avons pu faire du télétravail et globalement, la productivité était au rendez-vous. »

Depuis l’origine, l’entreprise développe des solutions dans le domaine de la monétique. Elle fournit notamment « des connexions qui permettent de manière sécuriser à des terminaux de paiement de gérer ces paiements », et ce avec l’ensemble des banques françaises. Dans l’Hexagone, « ce sont ainsi six à sept paiements sur 10 qui passent par nos infrastructures », détaille le DG de Lyra. Une activité historique que l’entreprise a également déployée au Brésil, en Inde et en Allemagne, avant, en 2010, de se lancer sur le marché du e-commerce, au travers de solutions en marques blanches notamment. « C’est ce qui fait qu’on a eu un peu de mal à faire connaître PayZen, le nom de notre solution technique », ajoute Anton Bielakoff. L’entreprise fournit ainsi ses solutions aux Caisses d’épargne, aux Banques populaires, au Crédit du Nord, la Société Générale ou encore la Banque Postale.

L’INTERNATIONAL ET L’INNOVATION

« Nous avons aujourd’hui 55 000 clients en e-commerce, soit directement, soit à travers nos marques blanches, sur un marché évalué à 210 000 marchands qui ont des solutions d’e-commerce, soit près de 30 % de part de marché. Cela fait de nous la première fintech en France en termes de chiffre d’affaires », affirme le DG de Lyra, laquelle réalise désormais la moitié de son chiffre d’affaires à l’international. C’est du reste à l’export, que l’entreprise entend réaliser une partie de sa croissance. Depuis 2018, l’entreprise de Labège est devenue un établissement de paiement. « Nous pouvons désormais offrir aux marchands un package qui comprend, outre l’ensemble de nos services, la partie “compte en banque” également, via un compte de cantonnement », détaille Anton Bielakoff. Grâce à cette offre nouvelle, l’entreprise toulousaine espère bien se développer sur le marché des market-places, qui doivent désormais avoir recours à un établissement de paiement. Elle accompagne également ses clients qui peuvent ainsi se déployer plus facilement ailleurs sur le continent.

L’innovation, c’est l’autre levier de croissance identifié par Lyra. L’entreprise développe ainsi des solutions de paiement « simples et rapides à intégrer, notamment sur mobile » : des solutions de paiement par SMS, mail ou WhatsApp, qui « ont connu une forte croissance durant la période du Covid-19 », précise le DG de Lyra. Lequel maintient ses prévisions de croissance annoncées en début d’année, à savoir atteindre 100 M€ de CA en quatre ans. En 2020, la fintech table, du reste, sur un CA de 80 M€, malgré les incertitudes liées à l’évolution des cours de devises, notamment en Inde et au Brésil. « Plus nous grandissons, plus nous attirons des clients de plus en plus importants. En résumé, il faut avoir une certaine taille pour qu’on vous fasse confiance, le chiffre d’affaires amène du chiffre d’affaires. Et c’est plutôt notre capacité de développement qui pourrait freiner notre chiffre d’affaires », conclut Anton Bielakoff. Le dirigeant entend bien poursuivre sa stratégie de conquête « en prenant quelques positions en Europe » et n’exclut pas à terme « des opérations de croissance externe. »