Nicolas FourgeuxSaxophoniste atypique

Nicolas Fourgeux

Pour Nicolas Fourgeux, saxophoniste et chef d’orchestre, « quand on est musicien, la scène représente à peine 20 % du travail. »

Depuis l’enfance, Nicolas Fourgeux vit au rythme du jazz. Animé par la volonté de transmettre sa passion au plus grand nombre, il est, entre autres, coordinateur artistique de l’association Le Dijonnais sur l’Herbe qui entend promouvoir la musique notamment auprès des publics empêchés.

Il vibre pour la musique depuis l’enfance. En effet, quand Nicolas Fourgeux agrippe pour la première fois de sa vie un saxophone, il a neuf ans. « Un jour, ma mère m’a emmené à l’école de musique de Montbard où des professeurs faisaient des démonstrations en jouant des morceaux avec leurs instruments. Quand j’ai entendu un musicien faire du slap (une technique utilisée pour donner des effets de percussions à l’attaque de la note, Ndlr), avec son saxo, j’ai immédiatement voulu en jouer », narre le saxophoniste et chef d’orchestre.

Pourtant, le jeune mélomane qu’il était n’a pas toujours voulu faire de la musique son métier : « Quand j’étais gosse, je voulais surtout être pompier pour aider les autres. En parallèle des cours de saxophone, je jouais au rugby mais je faisais aussi partie des jeunes sapeurs-pompiers avant de devenir, quelques années plus tard, à 16 ans, sapeur-pompier volontaire. J’ai poursuivi cette voie jusque dans mes études après un bac S puisque j’ai intégré une formation Hygiène sécurité et environnement à l’IUT afin de devenir pompier professionnel ». Un avenir tout tracé qu’il interrompt en cours de route : « Entre temps, je m’étais rendu compte que je n’étais pas fait pour les études. J’avais passé deux fois le concours de pompier professionnel et le côté très militaire des prérequis pour faire carrière ne m’intéressait pas ».

Toujours dans sa ville natale, à Montbard, il vit alors de petits boulots en intérim avant de réussir un examen pour être aiguilleur du rail à la SCNF. « J’avais été affecté sur la gare de triage de Gevrey à Perrigny-lès-Dijon. Un peu avant d’entrer à la SNCF, on avait monté un orchestre baptisé Les Jazztéropodes avec des amis. On participait à des festivals de jazz et à des concours d’orchestres amateurs dans plusieurs villes comme Le Havre et encore Megève. Ces évènements m’ont permis de rencontrer beaucoup de musiciens chevronnés surtout lorsque nous nous retrouvions pour faire des jam sessions (improvisations de jazz). C’est d’ailleurs comme ça que je suis devenu accro au jazz. »

En 2007, il intègre le département jazz du Conservatoire de Dijon dans le but de préparer un diplôme d’études musicales qu’il obtient après six ans de cursus. « J’ai également pris des cours avec le soliste Nicolas Montier, une de mes idoles, qui est devenu une figure tutélaire importante ainsi qu’un allié précieux pour m’aider à démarrer dans le métier », complète-t-il. Pendant sa formation au Conservatoire de Dijon, le groupe Les Jazztéropodes s’arrête. « Il y a eu des départs de musiciens mais d’autres nous ont rejoint. Par la suite, nous avons formé Les Oracles du Phono, un orchestre professionnel avec Jacques Sallent au cornet, Vincent Libera au trombone, le bassiste des Jazztéropodes, Matthieu Bianconi, Jean-Pierre Carré au banjo et moi-même au sax et à la clarinette. » Sa passion pour l’écriture et pour Coleman Hawkins, un des grands saxophonistes de jazz, l’amène à créer le Nicolas Fourgeux Sextet, avec Nicolas Montier. L’orchestre est composé de musiciens professionnels expérimentés. « J’ai la chance de jouer avec de grands musiciens et j’ai toujours beaucoup appris à leurs côtés », souffle-t-il. L’orchestre est tout de suite soutenu par le Centre régional du jazz en Bourgogne, ce qui leur permet notamment d’enregistrer un disque en live en 2015.

La même année, il claque la porte de la SNCF pour se consacrer à sa passion. « J’enchainais les concerts en Bourgogne et en France, grâce à ça, j’ai rapidement obtenu le statut d’intermittent du spectacle », se souvient Nicolas Fourgeux. En 2016, sa carrière prend un autre tournant avec le lancement de Swing Time, un rendez-vous mensuel qui offre un concert de jazz aux clients du Grand Hôtel La Cloche à Dijon. « Les premiers lundis de chaque mois, excepté au mois d’août, on joue avec un invité en s’adaptant à son répertoire. J’ai eu l’idée de proposer cet évènement régulier pour compléter les rendez-vous jazz déjà existants à Dijon, car il y a une réelle demande du public pour le jazz populaire. Swing Time a très vite rencontré du succès de par son format, qui s’apparente aux afterworks mais aussi grâce au cadre et à la qualité des concerts. »

CRÉATIVITÉ CRESCENDO

Concerts dans les clubs de jazz, festivals… Depuis qu’il a quitté son poste d’aiguilleur du rail, Nicolas Fourgeux s’est mis au diapason du jazz, repoussant sans cesse les limites de sa créativité. « En tant que grand amateur de vin et de gastronomie j’ai eu envie d’associer ces deux péchés mignons à mon amour de l’art et de la musique en particulier. C’est là qu’est né Jazz & Casse-Croûte, un spectacle Arts et Vins alliant textes poétiques et humoristiques, grands standards du jazz populaire, travaux de plasticiens et dégustations de vins. Dans l’année, on propose jusqu’à huit rendez-vous de ce type. Nous investissons des lieux comme La Karrière de Villars-Fontaine en octobre 2019, ou encore le Château de La Buzine à Marseille et des domaines viticoles comme le domaine Marcel Lapierre dans le Beaujolais. »

Entre temps, l’association de production, Le Dijonnais sur l’Herbe, imaginée autour des projets du musicien, avait vu le jour. « Avec deux amis, Pierre Collin et Michel Jestin, nous souhaitions promouvoir la création et la diffusion de spectacles liés au jazz. Nous sommes passés de quatre à dix-huit adhérents et nous comptons aujourd’hui 12 bénévoles qui aident à la mise en œuvre du projet associatif. De plus en plus sollicitée sur la région, l’association se structure. C’est notamment grâce au soutien du réseau d’entrepreneurs engagés France Active Bourgogne que nous avons obtenu l’agrément Esus (Entreprise solidaire d’utilité sociale). Ce dernier nous pousse à inscrire toutes les actions de l’association, comme par exemple le transport des artistes ou encore la réalisation et la diffusion de la communication dans une démarche d’économie sociale et solidaire. L’autre grand axe du Dijonnais sur l’Herbe c’est nos interventions à destination des publics empêchés, c’est-à-dire des lieux qui accueillent des individus qui ne peuvent pas se rendre sur les lieux de concerts. C’est par exemple le cas des prisons puisque nous avons déjà donné un concert à la prison de Joux-la-Ville mais cela concerne également les services hospitaliers ou encore les maisons de retraites. L’association avait en effet à cœur de développer la culture dans ces milieux où les publics sont très demandeurs », expose-t-il. Jazz- man au grand cœur, Nicolas Fourgeux a également intégré, il y a quatre ans, la section de cuivres de l’orchestre caritatif amateur, Melting Potes : « Musiciens, chanteurs, professionnels ou amateurs se retrouvent autour d’un répertoire varié de chansons françaises et internationales comme Steevie Wonder. Les bénéfices récoltés lors des concerts sont reversés à des associations qui viennent en aide aux enfants en difficultés. »

Prochainement, Les Oracles du Phono sortiront un EP enregistré en octobre à Paris.

Parcours

1981 Naissance, le 21 mai à Montbard.
1990 Il commence les cours de saxophone.
2000 Il participe à la création du groupe de jazz traditionnel Les Jazztéropodes.
2004 Il participe pour la première fois au Megève Jazz Contest avec Les Jazztéropodes.
2013 Il obtient le Prix du Conservatoire.
2014 Création de l’association Le Dijonnais sur l’herbe à Dijon. Les Oracles du Phono remportent le 1er Prix du Megève Jazz Contest.
2015 Il quitte son poste d’aiguilleur du rail à la SNCF pour consacrer sa vie à la musique.
2016 Il lance Swing Time, des concerts de jazz tous les premiers lundis de chaque mois au Grand Hôtel La Cloche à Dijon.