Sauvetage et renaissance d’un monument historique

François Rebsamen, maire de Dijon, contemplant la Japonaise au bain de James Tissot, une œuvre emblématique du lieu, demandée en prêt par d’autres musées de France plusieurs fois par an. (Photo: Mélanie Janin)

Tour à tour, palais, école de dessin et musée, le musée des Beaux-Arts de Dijon était en péril. Sa rénovation, véritable métamorphose, débute en 2008 et doit s’achever par sa réouverture officielle le 17 mai. Un budget de 60 millions d’euros aura été débloqué pour redonner toute sa splendeur à ce palais exceptionnel, l’un des seuls de France à se dresser encore au cœur d’une grande ville et à abriter l’un des plus vieux musée nationaux. Retour sur ce chantier hors-norme à moins d’un mois de la renaissance du site.

La rénovation du musée des Beaux-Arts était attendue depuis plusieurs décennies : les conditions de conservation des œuvres s’étaient dégradées en raison de l’obsolescence des infrastructures (besoin de renfort pour les charges au sol, dispositifs techniques obsolètes…). L’accueil du public, en outre, n’était plus adapté. Pour mieux présenter les collections, offrir au public des conditions d’accueil conviviales et se doter d’infrastructures techniques adaptées, la ville de Dijon, la Métropole, l’État et la région Bourgogne Franche-Comté ont décidé en 2001 de mener un ambitieux chantier de rénovation. En préalable, cinq années d’études approfondies ont été nécessaires à la préparation des travaux dans un bâtiment aussi sensible que complexe. À l’issue de cette entreprise exceptionnelle qui aura duré près d’une décennie, ce sont 1 500 œuvres, partiellement ou complètement restaurées qui seront présentées sur les 4 200 mètres carrés dédiés aux collections de l’Antiquité au XXIe siècle (au lieu des 3 500 mètres carrés de l’ancienne configuration).

La volonté politique de maintenir ouvert le musée pendant toute la durée des travaux a orienté la construction d’un calendrier de travaux par tranches. La première, entre 2008 et 2013, a permis de rénover les salles de l’ancien logis ducal, en particulier la salle des tombeaux, ainsi que la galerie de Bellegarde, dont les fenêtres jadis murées sont à nouveau ouvertes sur la ville. Cette ouverture sur l’extérieur est un des enjeux majeurs qui a guidé l’architecte Yves Lion dans le programme de rénovation. Ce dernier fut accompagné dans sa tache par Éric Pallot, architecte en chef des monuments historiques, pour la partie restauration des façades et des espaces historiques du palais. La seconde tranche, qui s’achève par la réouverture officielle des lieux le 17 mai, concerne pour sa part, les autres bâtiments entourant la cour de Bar, en particulier la tour éponyme et l’aile XIXe siècle.

Deux extensions contemporaines ont été ajoutées : le « toit doré » réalisé lors de la première tranche et une verrière surplombant les toits du palais côté rue Longepierre. Ces dernières ont pour objectif de faciliter et de rationaliser les circulations entre les différentes salles et notamment de rendre le musée accessible aux personnes à mobilité réduite.

LES COLLECTIONS AU CŒUR DU PROJET

Le préalable au chantier de rénovation a été la construction de nouvelles réserves externalisées capables d’accueillir la quasi-totalité des collections. La construction de ce bâtiment s’est déroulée entre 2008 et 2010. Situées à une quinzaine de minutes du centre-ville, ces réserves permettent d’abriter les collections, jusqu’à lors entreposées dans les greniers et les caves du palais, dans un bâtiment moderne et sécurisé notamment contre les risques d’incendie. Un audit très précis a été réalisé par le cabinet In Extenso des quelques 130 000 œuvres avant leur transfert dans ces nouvelles réserves. Pas moins de 1 000 pièces ont bénéficié d’une restauration par des artisans d’art venus de toute l’Europe pour un coût total de cinq millions d’euros.

Côté parcours muséographique, 50 salles d’exposition offrent un parcours à la fois chronologique et thématique, pour un temps de visite estimé à trois-quatre heures. La muséographie a également été envisagée de manière à rendre les espaces modulables afin de permettre une certaine souplesse dans l’accrochage et la rotation des collections. Si 80 % de celles-ci auront vocation à être permanentes, les 20 % restants évolueront régulièrement de manière à générer une dynamique d’accrochage. De plus, la nouvelle scénographie fait la part belle aux vitrines permettant un dialogue entre peintures, objets d’art, mobilier et vestiges archéologiques. Smart City oblige, le numérique sera au cœur de l’expérience de visite avec des tables multimédias, des dispositifs immersifs et autres outils multisensoriels de médiation interactifs inclusifs, ludiques et décalés.

En chiffres
60 millions d’euros investis dans la rénovation du musée des Beaux-Arts de Dijon (55,7 millions de la ville, 8,3 millions de Dijon Métropole, 16,6 millions d’euros de l’État, 8,4 millions d’euros de la région et 0,8 millions de Suez, mécène du projet).
40 000 ardoises ont été taillées sur place et remplacées sur les toits du palais.
Jusqu’à 90 tonnes de déblais évacués chaque jour au plus fort des travaux.
154 000 c’est le nombre de personnes qui ont visité le musée en 2017 (parcours Moyen Âge – Renaissance).


(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)

(Photo: Mélanie Janin)