Sauver le présent pour bâtir l’avenir

Alors que l’activité économique reprend son cours, la CPME propose un plan de soutien et d’investissement à destination des entreprises. L’apprentissage, la fiscalité, l’ancrage territorial ou encore la transition écologique ont été passés au crible.

Depuis plusieurs semaines, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) interpelle le gouvernement. L’objectif étant de ne pas attendre septembre pour déployer le fameux plan de relance de l’économie. « Nous souhaitons faire prendre conscience aux décideurs qu’il est important que les mesures soient prises dès maintenant. Il va malgré tout y avoir une rupture, sinon un tassement de l’activité, cet été, et nous avons déjà un certain nombre d’entreprises en difficulté aujourd’hui », observe Martin Six, secrétaire général de la CPME de Côte-d’Or. En effet, les TPE-PME subissent à la fois une baisse drastique de leur carnet de commandes, des fermetures administratives pour certaines d’entre elles ou encore le coût des mesures sanitaires. Face à ce constat, la CPME a publié, le 4 juin, un plan complet de soutien et d’investissement. Intitulé “Sauver le présent pour bâtir l’avenir”, ce document de quelque 110 propositions a un objectif multiple : éviter les défaillances d’entreprises, accélérer le redémarrage économique en s’appuyant sur les territoires, prioriser les secteurs à fort taux de main d’œuvre et accompagner la reprise par des mesures sociales, le tout dans un cadre européen à adapter au contexte sanitaire. À travers ce plan, la CPME souhaite également faire de la transition écologique un outil de développement économique durable.

PÉRENNISER LES DISPOSITIFS D’ACCOMPAGNEMENT

« Très peu de secteurs ont eu un maintien d’activité. Certaines entreprises ont choisi de réorienter leur production pour se positionner sur de nouveaux marchés, permettant ainsi de maintenir une activité en compensant la baisse de leur activité principale, constate-t-il. Un adhérent, avocat en droit privé, disait que nous étions sous anesthésie avec l’ensemble des dispositifs. L’impact ne sera ainsi pas forcément pour tout de suite et le mois de septembre devrait être déterminant ». Pour la CPME, il sera important de pérenniser les dispositifs d’accompagnement lancés par le gouvernement pour les entreprises impactées, notamment concernant le chômage partiel. « Si ce plan est d’envergure nationale, nous allons en faire la promotion en local et nous accompagnerons nos adhérents, comme nous le faisons depuis plus de trois mois, sur l’ensemble des dispositifs qui seront retenus et sortiront », précise le secrétaire général de la CPME 21. En particulier, l’organisation patronale présidée dans le département par Geoffroy Secula pourrait épauler les entreprises dans leurs demandes de dégrèvement de cotisation foncière des entreprises (CFE), un enjeu majeur de ce plan de relance, à la main des communes.

QUE RETENIR DE CE PLAN ?

« Les entreprises auront besoin d’investissements et c’est là-dessus qu’il va falloir mettre la priorité », confie Martin Six. Cela pourrait notamment passer par la transformation du prêt garanti par l’État en quasi fonds propre. La CPME souhaite aussi voir les bilans des entreprises qui le souhaitent allongés. Entre autres mesures fiscales, l’organisation patronale promeut l’exonération d’impôts sur les sociétés pour les montants réinvestis dans les entreprises ou remontés en fonds propres, ainsi qu’une généralisation d’un mécanisme de suramortissement, instituant une déduction supplémentaire du résultat fiscal, ou encore la création d’un crédit impôt production en France pour encourager le made in France. « Sur le volet social, nous demandons le déplafonnement du nombre d’heures supplémentaires avec exonération de charges et d’impôts, mais aussi la réactivation d’une prime à l’embauche pour toute signature d’un CDI ou d’un CDD de plus de six mois, ou encore la possibilité pour chaque salarié de débloquer son épargne salariale. » Enfin, pour bâtir l’avenir, la CPME souhaite développer la RSE et notamment l’axe de la transition écologique. « Il faut profiter de cette période pour investir dans le développement durable. Nous avons proposé de rendre déductible des charges sociales acquittées ou reportées durant le confinement, les dépenses directement liées à la transition énergétique ou encore étendre le taux réduit de TVA à toutes les activités concernant la transition écologique. »

cpme.fr

Encourager l’apprentissage

Tout juste réformé, l’apprentissage et son développement se sont vu freinés par la crise sanitaire. « Beaucoup de jeunes sont aujourd’hui en difficulté pour trouver des entreprises, explique Martin Six, secrétaire général de la CPME 21. Le gouvernement a fait preuve d’une certaine réactivité en annonçant une aide exceptionnelle de 5.000 euros par apprenti mineur et de 8.000 euros par apprenti majeur pour faciliter leur accueil en entreprise. Il a aussi prorogé de trois mois le délai pour trouver une entreprise, en le passant de trois à six mois ». Afin de favoriser le recours à l’apprentissage pour le développement des compétences dans les entreprises, la CPME a fait un certain nombre de propositions pour accompagner les entreprises, mais aussi mobiliser les territoires et encourager les mutations. Entre autres mesures, l’instauration d’un dispositif “zéro charge” patronale pour toutes les entreprises qui décideraient de recruter un apprenti en 2020-2021. L’objectif étant d’encourager et d’aider ces entreprises, tout en permettant à d’autres entreprises qui n’avaient pas l’habitude d’engager des apprentis à recourir à ce type de contrat.


Relancer la commande publique

Le report du second tour des élections municipales a certainement participé au ralentissement de la commande publique. « Nos adhérents du BTP constatent une baisse du volume d’appels d’offres. » Pour la CPME, la visibilité et le carnet de commandes seront deux points importants pour les six prochains mois. « Nous souhaitons ainsi que soit notifié l’ensemble des marchés déjà attribués. Il faut dire aux entreprises quand elles vont travailler pour qu’elles puissent s’organiser en considérant un carnet de commande à six mois », complète Martin Six. Une autre proposition s’inscrit également dans la volonté de la CPME d’accélérer le redémarrage économique en s’appuyant sur les territoires, la généralisation de la “stratégie du bon achat”. « En référence au “small business act”, cette stratégie a pour objectif de promouvoir et de faire travailler au maximum les TPE et PME locales », explique-t-il.

Président national de la CPME, François Asselin a présenté le plan de soutien et d’investissement de la CPME le 4 juin.