Satisfactions et inquiétudes pour le BTP ardennais

Christophe Jacquemard

Christophe Jacquemard a annoncé qu’il aimerait rempiler pour trois ans à la tête de la fédération ardennaise le 13 décembre prochain.

Le nouveau siège social du BTP 08, actuellement en phase d’achèvement sur le territoire de Villers-Semeuse, sera inauguré
le 24 janvier prochain.

Créé en 1946 et regroupant aujourd’hui 280 entreprises dont 75% d’artisans, la fédération du BTP Ardennes vient de tenir son assemblée générale. Ces assises ont permis à son président, Christophe Jacquemard, de faire le point sur la santé de ce secteur d’activité. « Notre sentiment est mitigé. Les carnets de commandes sont corrects et les plannings de charge bien remplis. En clair, l’activité est au rendez-vous. Certes, on trouve des entre- prises en manque de travail mais, globalement, la situation s’est nettement améliorée par rapport à ce que nous avons connu il y a quelques années ».

280 ENTREPRISES POUR 3 714 SALARIÉS

D’ailleurs et même si ces chiffres incitent à la modestie, les entreprises du bâtiment et des travaux publics locales ont embauché soit en CDI, soit en intérim puisqu’entre décembre 2017 et juin 2019, les effectifs sont passés de 3 565 à 3 714 salariés. Soit une progression de 4,2 %.

Parallèlement à cela, le nombre d’entrées au Lycée Charles de Gonzague et au CFA du BTP a connu une embellie de 5% malgré 37 offres encore non pourvues. Constatant comme souvent que les embauches pourraient être plus nombreuses, Christophe Jacquemard a pris l’initiative de proposer au Préfet des Ardennes de réunir, le 11 décembre, les acteurs de la formation et de l’insertion ainsi que les chefs d’entreprises et artisans à la même table afin de « coller au mieux à nos besoins et à ceux des demandeurs d’emploi ».

Peaufinant son tour d’horizon, le président a mis ensuite l’accent sur plusieurs thèmes d’inquiétudes. Car si les chiffres d’affaires des entreprises de BTP ont augmenté, celles-ci n’ont pas pour autant reconstitué leur trésorerie. Selon une étude réalisée par BTP Banque, il ressort en effet que les prix étaient encore bas alors que les matériaux, eux, augmentent. « Ce qui agit bien sûr sur les marges, alors que les délais de paiement des clients sont trop longs ».

BEAUCOUP DE FREINS À L’ACTIVITÉ

« Sur 1000 euros de chiffre d’affaires, une entreprise de BTP gagne entre 24 et 28 euros alors que cette rentabilité ne sert pas à rémunérer un fonds de pension mais à investir, emprunter et améliorer les conditions de travail ».

Comme ses collègues du Medef, quelques jours plus tôt, le représentant du BTP a fustigé le poids des impôts et cotisations sociales avant de manifester son courroux envers les projets de loi en cours d’examen au Parlement. D’abord, le rognage du dispositif de maintien de l’abattement pour les frais professionnels –« cela représente une augmentation des charges de 6 000 euros pour une entreprise de 10 salariés » – ensuite, la suppression annoncée entre juillet 2020 et début 2022 de la fiscalité réduite sur le gazole non routier « qui touchera certaines de nos professions et impactera durement le marché ».

Autre sujet de fragilisation du secteur : la suppression du prêt à taux zéro pour les opérations de construction dans les zones dites « non tendues » comme les Ardennes.

Christophe Jacquemard a estimé que ce produit avait permis d’engranger 12 millions d’euros de trésorerie. D’où l’inquiétude de la profession qui tend, par ailleurs, aussi le dos en ce qui concerne la réforme du crédit d’impôt transition énergétique.