Saline royale d’Arc-et-Senans : les pelleteuses entrent dans le cercle

Rendre enfin visible le rêve d’une ville idéale en forme de cercle, imaginée au 18e siècle par Claude-Nicolas Ledoux, l’architecte de la Saline royale d’Arc-et-Senans, dans le Doubs, c’est l’ambition du projet « Un cercle immense » dont les travaux de terrassement ont débuté mi octobre. 

Un cercle immense : c’est un projet inédit d’évolution d’un site Unesco en un îlot de biodiversité. Au 18e siècle Claude-Nicolas Ledoux, architecte de la Saline royale d’Arc-et-Senans, rêvait de créer une ville idéale en forme de cercle autour de ce qui était à l’époque une manufacture de sel. Il n’eut le temps de réaliser qu’un seul demi-cercle, aujourd’hui inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Cette utopie du siècle des Lumières est sur le point de prendre vie entre les mains des paysagistes Gilles Clément, Vincent Mayot et Leïla Toussaint de l’agence Mayot et Toussaint, installée à Dijon. L’idée étant de refermer le cercle par un ensemble de jardins délimité par une couronne de 400 arbres. Ce projet hors normes d’un montant estimé à 2,5 millions d’euros entend positionner la Saline royale comme un laboratoire des métiers du paysage alliant expérimentation, économie circulaire, pédagogie, insertion et haute qualité environnementale, en partenariat avec la Fédération Française du Paysage. Vingt jardins seront aménagés sur 15 hectares (dix pédagogiques et dix permanents) faisant du site une école du jardin planétaire unique dans l’Est de la France. Des connaissances sur la permaculture, les céréales anciennes, les plantes aromatiques et médicinales, le traitement du sol, la gestion de l’eau… seront ainsi transmises à plus de 400 élèves (du CAP au BTS) chaque année, réunis au sein de 30 écoles partenaires. Un cercle immense devrait permettre la création de six emplois et plus de quatre millions de retombées économiques locales par an, avec une augmentation de la fréquentation touristique du site de 25 %. « Nous espérons faire passer le nombre annuel de visiteurs de 122.000 actuellement à 160.000, voire 200.000 visiteurs d’ici à 2022, 2023. De même, notre offre d’hôtellerie sera portée à 40 chambres, soit neuf de plus qu’aujourd’hui. Notre jauge actuelle permet de dégager une recette annuelle de plus d’un million d’euros. Avec la montée en puissance attendue nous pourrions accroître notre capacité d’autofinancement et ainsi toujours moins dépendre des subventions publiques », pronostique Hubert Tassy, directeur général de l’établissement public de la coopération culturelle (EPCC) de la saline royale d’Arc-et-Senans.

CHANTIER VERT ET ENTREPRISES LOCALES

Retenues début septembre les entreprises qui permettront de donner vie à ce projet fou sont toutes implantée en Bourgogne Franche-Comté. Ainsi, la société paysagiste de Saint-Apollinaire IdVerde s’est associée à la PME familiale franc-comtoise France Clôture environement et à Albizzia, entreprise basée à Ruffey-le-château, spécialiste des parcs et jardins. Ensemble, ils interviendront du cheminement des différents jardins, aux plantations des arbres en passant par les clôtures, le forage et l’arrosage. Depuis, le 20 octobre, les travaux de terrassement sont en cours. Récemment, l’entreprise de travaux publics Pennequin a procédé au décapage de la terre végétale pour aplanir le sol. Cette terre qui favorise la présence de végétaux est aujourd’hui remblayée. Pour protéger la faune en phase de chantier, ces travaux sont réalisés de septembre à mars (période considérée comme favorable pour les oiseaux, les mammifères, les chiroptères, les amphibiens et les reptiles). De même, Il n’y aura pas d’interventions nocturnes pouvant induire des nuisances pour la faune. D’ici la fin de l’année, devrait être réalisé la création et l’imperméabilisation de deux mares destinées aux amphibiens, la réalisation des tranchées des réseaux d’électricité et d’arrosage, la mise en place des platelages qui permettront aux visiteurs de déambuler dans le deuxième demi-cercle, la plantation des arbres et des fruitiers, la réalisation des clôtures extérieures et des systèmes de fermeture du deuxième demi-cercle et la fondation des deux escaliers, permettant de passer d’un demi-cercle à l’autre, qui seront installés au début de l’année 2021. L’été 2022 devrait voir l’achêvement du projet, qui pour pouvoir se réaliser pleinement passera par une campagne de crowdfunding, lancée le 1er mars 2021. Cette collecte de fonds permettra aux personnes qui le souhaitent de participer au projet en favorisant l’émergence de cet ilôt de biodiversité.