Rose et Cacao en Ariège, petite chocolaterie deviendra grande

Stephan Mathieu, le fondateur, accompagné de Windy Notariot qui l’épaule dans la gestion de l’entreprise.

Abritée par les Pyrénées et cachée dans le petit village de Montgailhard, à deux pas de Foix, la chocolaterie de Stephan Mathieu, fondée en 2018, trace sa route. L’entreprise souhaite se développer en Scop.

Est-ce la gourmandise qui a donné envie à Stephan Mathieu, 47 ans, de créer une chocolaterie ou le goût pour l’entreprenariat ? Sans doute les deux. Graphiste de métier, installé en région bordelaise, il décide en 2010 de créer une CAE (coopérative d’activité et d’emploi) afin d’accompagner les porteurs de projet dans le développement de leur activité. 

Le hasard fait bien les choses, il y rencontre sa future associée, Dominique Boyer, une pâtissière-chocolatière. Ensemble, ils décident de fonder Rose et Cacao. En janvier dernier, deux ans après des débuts prometteurs, Dominique Boyer décide de prendre une autre route. Stephan Mathieu reprend l’entreprise. 

UN CHOCOLAT BIO, 100 % VÉGÉTAL, DES FÈVES DE CACAO RARES 

Stephan Mathieu a fait le choix de se positionner sur le marché de la tablette de chocolat, moins convoité et moins exploré que celui des bouchées. Il dirige son modèle économique vers les distributeurs : magasins bio, épiceries fines… 

L’entrepreneur fabrique son chocolat à partir de fèves non torréfiées, simplement fermentées à l’air libre : les fèves Criollo. « C’est la reine des fèves, explique Stephan Mathieu, elles viennent directement du Pérou. Je travaille avec un importateur installé à Montélimar qui a mis en place une filière équitable. » Stephan Mathieu utilise aussi du sucre de fleur de coco pour fabriquer son chocolat, c’est la garantie d’un faible indice glycémique qui permet au chocolat d’être consommé par les personnes souffrant de diabète. 

Accompagné depuis quelques mois de sa toute première salariée, Windy Notariot qui l’épaule dans la gestion de l’entreprise, il se consacre entièrement à la production. « Je travaille 80 heures par semaine, explique Stephan Mathieu, d’autant plus que les commandes se sont envolées ces dernières semaines. Un reportage diffusé sur France 3 nous a donné un sérieux coup de projecteur. C’est à peine si on arrive à fournir. J’ai été contraint de fermer quelques jours la boutique physique et la vente en ligne pour honorer les commandes. » 

VERS LE DÉVELOPPEMENT DE ROSE ET CACAO 

« Je suis à la croisée des chemins, détaille Stephan Mathieu. Je dois pousser l’ambition et me développer ». Soutenu par le mouvement coopératif Urscop, il va élargir son tour de table et fédérer des porteurs de projet pour créer une Scop. « Ce modèle correspond à mon engagement. Je produis un chocolat bio, vegan, responsable. Je veux que mon entreprise ait les mêmes valeurs. » 

Stephan Mathieu souhaite à présent faire évoluer son outil de production. Il est au maximum de sa capacité. « De 110 kg de chocolat fabriqués en début d’année, nous sommes passés à plus de 200 kg avec le même matériel. » Cinq nouveaux distributeurs sont venus grossir les rangs de ses clients ces dernières semaines, de Nice à Paris en passant par Narbonne. 

Stephan Mathieu est très actif, il participe à de nombreux salons dédiés au bio mais aussi au chocolat, virtuellement pour le moment. Il espère doubler son chiffre d’affaires pour passer à 140 K€ en 2021, ce sera son troisième exercice fiscal. Les ventes sur internet devraient avoisiner celles de la boutique physique. Ces deux circuits de distribution pourraient représenter 20 % du CA global. 

Si Stephan Mathieu rêve d’aller au Pérou choisir ses fèves de cacao, il se voit grandir sous forme de groupement coopératif et dupliquer Rose et Cacao. Son passage en Scop lui permettra d’embaucher un chocolatier pour développer de nouvelles recettes.