Aujourd’hui installée à Beaune, au cœur du vignoble bourguignon, cette jeune parisienne a décidé de créer sa propre agence de conception de destinations et d’expériences viticoles. En parallèle, elle a aussi choisi de s’engager au sein de sa ville d’adoption auprès des femmes entrepreneures et créatives.
Rien ne semblait prédestiner cette jeune Parisienne à s’installer un jour en Bourgogne. Et pourtant, c’est la ville de Beaune qu’elle a choisie pour s’implanter et développer son activité. « J’avais déjà une passion pour le vin et ce qui m’intéressait en Bourgogne, c’était la structuration des terroirs qui est très différente par rapport à d’autres destinations, avec cette logique de climats qui me passionne », explique Charlotte Fougère. Originaire de Paris où elle a grandi, et débuté sa carrière après des études de sciences politiques, cette jeune trentenaire hyperactive est arrivée en Bourgogne grâce à une opportunité professionnelle. « J’ai toujours travaillé dans l’économie touristique. Étudiante, je collaborais avec le Club Med sur la stratégie marketing locale avant d’intégrer les services “développement” des grands opérateurs pour la construction de certains villages vacances, confie-t-elle. En 2008, j’ai même intégré un cabinet de conseil international à Paris, Horwath HTL, au sein duquel j’ai terminé en tant que directrice du département “développement touristique” pour étudier la faisabilité d’équipements touristiques, sur demande des collectivités et des porteurs de projets privés, et développer des politiques publiques du tourisme. Et au bout de huit ans, on m’a proposé de prendre la direction du développement du Château de Pommard où je suis restée un peu plus de deux ans et demi pour conduire tout le programme de développement qui est actuellement en cours de construction. » Durant toutes ces expériences, Charlotte Fougère a beaucoup travaillé sur des actifs patrimoniaux, fer de lance de la mise en valeur des atouts des différents territoires, notamment dans le cadre des chartes Unesco. Des missions qui l’ont rapidement conduite vers un secteur qui aujourd’hui est le cœur de son activité, l’œnotourisme.
BEAUNE, VILLE DE CŒUR
« Au moment où je passais mon baccalauréat, j’ai longuement hésité entre partir à l’école hôtelière de Lausanne ou me lancer dans des études plus généralistes. J’ai finalement fait des études de sciences politiques après avoir réussi aux concours d’entrée à Sciences Po. Mais j’ai toujours gardé le tourisme en ligne de mire. Après tout, quand on est français, c’est toujours bien de s’intéresser au tourisme. C’est quand même 8 % de notre PIB, ça représente beaucoup d’emplois et c’est ce qui permet aussi de valoriser tout ce qui fait la richesse de la France », raconte Charlotte Fougère. Sa mission terminée au Château de Pommard, la bourguignonne d’adoption a pris la décision de rester à Beaune et de monter son propre cabinet dédié à la mise en tourisme des destinations viticoles, Calice Hospitality &Wines. « En Bourgogne, il y a une accessibilité incroyable. Si je pense notamment à Beaune, on est à un croisement autoroutier avec des dizaines et des dizaines des millions de personnes qui passent chaque année puisque nous sommes sur l’axe nord-sud européen. » Selon la professionnelle du tourisme, habituée à révéler le potentiel touristique des destination, tout l’enjeu de la Bourgogne réside dans le fait de réussir à faire en sorte que tous ces touristes qui passent en Bourgogne s’arrêtent et restent. « Il faut que cette région continue de développer des services, des équipements et des sites permettant d’allonger cette durée de séjour, tout en mettant en valeur ce qui fait le caractère de la destination autant sur sa gastronomie que sur ses vins et toutes les activités sportives. Je pense que le classement Unesco des Climats de Bourgogne a été une étape importante mais qui n’arrive pas encore au bout de la démarche. Pour ma part je suis très en attente de l’inauguration des différentes cités des vins sur Chablis, Beaune et Mâcon, confie-t-elle. Je crois qu’on manque d’équipements touristiques structurant et que nous avons besoin d’emblèmes auxquels les touristes et la population peuvent se rattacher. On a la chance d’avoir un patrimoine tout à fait exceptionnel. Il doit aujourd’hui se combiner avec une logique de services qui s’est fortement développé ces dernières années et qui continue de se développer. » Aujourd’hui, Charlotte Fougère travaille principalement pour des clients viticoles, mais aussi pour des collectivités, pour les accompagner dans toute la dynamique de création du projet, mais aussi dans l’organisation institutionnelle du tourisme, la création d’équipement et l’assistance aux investisseurs. « Mon principal objectif est de révéler le potentiel des destinations touristiques et j’essaie aussi de développer des expériences. Nous avons notamment créé il y a peu un concept qu’on a appelé Calice Wine Yoga et nous concevons pour nos clients des séjours qui allient vin et yoga dans les plus belles destinations viticoles », complète-t-elle.
Amoureuse de sa nouvelle ville d’adoption, Charlotte Fougère souhaite s’investir. « À Beaune et plus largement en Bourgogne, il y a un bon vivre qui fait rêver le monde entier et une notion traditionnelle d’accueil, avoue-t-elle. J’ai eu un véritable coup de cœur pour Beaune et c’est une ville pour laquelle je souhaite sincèrement m’engager. » Elle a ainsi fait le choix de répondre à la sollicitation du maire sortant Alain Suguenot (LR), candidat à sa réélection, pour rejoindre sa liste dans le cadre des municipales.
L’ENTREPRENEURIAT AU FÉMININ
En attendant, si à 32 ans, Charlotte Fougère s’est sentie prête et tentée par l’entrepreneuriat, elle souhaite aujourd’hui partager cette expérience avec un maximum de personnes. En septembre dernier, elle a d’ailleurs fondé l’association Guigone, en référence à Guigone de Salins – fondatrice des Hospices de Beaune en 1443 avec son mari Nicolas Rolin. « Ça a été une combinaison d’inspiration sur l’instant où je me suis dit que je pouvais créer quelque chose à Beaune qui me serait utile et qui serait utile aux autres », confie- t-elle. De différentes rencontres est ainsi née l’envie de monter un réseau de femmes entrepreneures et créatives à Beaune. « Beaune est une ville assez féminine à mon sens… Il y a beaucoup de belles histoires de femmes célèbres et je trouvais que dans l’histoire de Beaune qui nous était contée, l’histoire de ces femmes n’était pas la plus révélée. Je voulais rendre hommage à ces femmes qui ont contribué à faire de Beaune ce qu’elle est aujourd’hui. » Aujourd’hui, ce réseau compte déjà une centaine de membres qui, tous les 15 jours, se rencontrent autour de thématiques particulières comme la gestion de levées de fonds ou encore l’optimisation de la gestion administrative. À côté de cela, chaque mois, une conférence dédiée à la question de la femme et l’entrepreneuriat est organisée. La prochaine sera animée par l’auteur des Règles du jeu, Clara Moley, spécialiste des matières premières et “advocate” (à comprendre comme “défenseur”, Ndlr) de l’égalité au travail. Enfin, d’ici l’été, le réseau Guigone lancera un podcast hebdomadaire pour présenter les membres du réseau et leur parcours.
