Réussir sa start-up sans jamais lever de fonds

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Par Jonathan Vidor, président fondateur de JVWEB

Impossible de passer à côté de cette surmédiatisation des levées de fonds chez nos jeunes pousses. Nous avons parfois le sentiment d’une course effrénée à qui obtiendra la levée la plus importante… Mais les levées de fonds ne sont pas garantes de réussite et de longévité. Sous la pression des nouveaux actionnaires ou pris dans l’engrenage des levées, de nombreuses start-up perdent pieds en n’obtenant jamais la rentabilité. Il est possible de s’en affranchir pour lancer et bâtir son entreprise.

La France est devenue une véritable « start-up nation » avec plus de 10000 start-up et des montants de levées de fonds qui ne cessent de s’envoler pour atteindre en 2018 plus de 3,6 Mds€ d’après le baromètre EY. Mais on en parle de ces 80 % de jeunes entreprises dynamiques et innovantes qui mettent la clé sous la porte malgré tout dans les cinq ans ? Prises sous le feu des projecteurs malgré l’obtention de ce Graal financier, elles dégringolent. Pour la simple et bonne raison qu’elles ont fait de la levée leur objectif business premier au détriment de leur produit ou de leur service. Mais ce ne sont pas les Business Angels qui vont faire le succès d’une entreprise. Il faut se reconcentrer sur nos fondamentaux marketing et de la vente un peu trop mise de côté !

Cela passe par l’étude approfondie de son marché, sa cible, ses concurrents s’ils existent et la construction de son business model et de sa stratégie de développement… Monter sa société ne se fait pas en un jour. Il est primordial de se poser les bonnes questions : est-ce que mon produit répond à une demande réelle ? Quel problème je résous pour mes clients ? Combien sont prêts à payer mes clients? Car tout l’enjeu pour une jeune entreprise va être de maîtriser ses dépenses et ses entrées d’argent afin d’évoluer et de perdurer.

Généralement, la mobilisation de son propre capital et de la love money, ces fonds apportés par les proches, demeure la première source de trésorerie. Mais en fonction de son secteur d’activité, de ses moyens ou de son projet, le besoin peut se faire sentir d’avoir un petit coup de pouce pour accélérer son développement. De nos jours, il existe de nombreux financements plus accessibles et moins contraignants pour les start-up comme les fonds publics versés par des organismes tels que Bpi-france, les Régions, le réseau Entreprendre… Les banques sont également devenues des partenaires non négligeables en complément. Conscientes du potentiel de ce nouvel écosystème, la plupart des banques françaises ont créé leurs propres offres pour les soutenir et les accompagner. Sans oublier les concours locaux ou nationaux qui sont devenus de véritables tremplins en apportant des subventions et des contacts précieux (comptables, avocats…). En faisant appel à ces alternatives les jeunes entrepreneurs peuvent garder le contrôle de leur société, rester maître de leurs décisions, rester agile dans leurs actions et rester focus sur la satisfaction de leurs clients plutôt que sur celle de leurs actionnaires.

Ne passons pas à côté des évidences, la meilleure source de financements pour une start-up, c’est celle que vont lui verser ses clients. Il est donc nécessaire de gagner la confiance de ses clients et de se constituer une communauté qui va promouvoir la qualité du produit proposé. Pour certains acteurs, il peut être judicieux d’envisager des business models où le client s’engage sur sa commande avant production. C’est par exemple la stratégie mise en place par Pied de Biche, cette jeune marque parisienne de chaussures haut de gamme qui pour se lancer a d’abord proposé ses modèles à la commande avant fabrication.

Dès lors qu’une société est rentable et qu’elle dispose d’une clientèle fidèle, alors elle peut prétendre à la recherche de capitaux externes dans de meilleures conditions. Car dans ce cas précis, ils deviennent un moyen pour ces jeunes pousses d’accélérer leur croissance, de se développer à l’international, de lutter plus rapidement contre la concurrence et d’amplifier leurs actions marketing. Prenons l’exemple de Théodo cette start-up française spécialisée dans le développement d’applications web et mobiles. Créée en 2009, elle a mis près de 10 ans avant de faire financer son développement par le biais d’une levée de fonds. Cela ne l’a pas empêché d’enregistrer une croissance moyenne annuelle de ses revenus de l’ordre de70%.

Il faut savoir ne pas brûler les étapes. Il y a un temps pour tout si l’on veut perdurer dans le temps.