On connaissait la restauratrice. En devenant marchand de biens elle a donné libre cours à sa passion de l’immobilier. Elle s’investit désormais dans le champagne et vient de fonder sa propre marque.
Depuis bientôt 25 ans, à Reims, on connaît Caroline Dufour qui a successivement tenu la brasserie Farman, le restaurant du Continental et l’hôtel attenant Le Champagne. Depuis 2001, elle est à la tête du Grand Café, cette brasserie historique aux airs de bistrot parisien, place d’Erlon, que l’on peut ranger sans hésiter dans la catégorie des établissements rémois « incontournables ».
Si Caroline Dufour a effectué ses débuts dans la restauration à l’âge de 19 ans, elle a vite affirmé ses ambitions professionnelles en achetant à peine trois ans plus tard son premier
restaurant, à Marle, dans l’Aisne. Pour autant, la nature même de cette acquisition concrétisait déjà l’intérêt qu’elle a toujours nourri pour l’immobilier et qui, sur la route des vacances, lui a fait davantage visiter les agences immobilières que les curiosités touristiques locales. C’est ainsi qu’en parallèle de son activité principale elle s’intéressera toujours à ce secteur d’activité, dans une optique visant surtout à se constituer un portefeuille privé.
DE FIL EN AIGUILLE…
La restauration offrant moult contacts – sans oublier que Caroline Dufour est également membre de l’Ordre des Coteaux de Champagne et de la Confrérie du Sabre d’Or (cette dernière disposant d’une douzaine « d’ambassades » dans le monde entier) -, c’est assez naturellement qu’elle s’est trouvée sollicitée par ceux qui connaissaient son penchant. Pour acheter ou pour vendre. Se prêtant d’abord amicalement à cet exercice d’intermédiaire, d’apporteur d’affaires, de fil en aiguille elle s’est dit qu’elle pouvait sans doute avoir pignon sur rue, devenir aussi marchand de biens. La Financière Dufour, fondée à l’heure de ses premières opérations, pouvait parfaitement accueillir ce nouveau statut auquel elle consacre, depuis le début de l’année dernière, une part importante de son temps – même si elle n’abandonne évidemment pas le Grand Café, dont les portes ont été cependant fermées plus souvent qu’à leur tour ces derniers temps, situation sanitaire oblige. « Après l’investissement et la défiscalisation, j’ai envie de passer à la commercialisation de biens privés ou professionnels, d’avoir un rôle d’accompagnement, grâce à l’expérience acquise. » Sans vitrine, mais avec un sacré carnet d’adresses, de la relation directe, du bouche à oreille, et des contacts avec les gros cabinets parisiens. Le tout vers une cible haut de gamme, à la recherche d’opportunités du même genre, dans l’immobilier professionnel (immeuble de bureaux, fonds de commerce, et bien sûr hôtellerie-restauration) ou privé, moitié à Reims, moitié à Paris, pour des investissements pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros.
Si, en temps normal, cette nouvelle activité la conduit souvent à Paris, elle sait qu’il y a de belles affaires à réaliser à Reims, qui reste le port d’attache auquel elle voue aussi une grande passion. D’ailleurs l’une de ses plus récentes interventions a été de mettre en relation l’Ecole Tunon (événementiel, tourisme, hôtellerie) avec le promoteur immobilier Benoît Mignot. L’école, qui cherchait à s’agrandir, a ainsi trouvé les locaux lui convenant dans le cadre du programme Mira, face au Centre des Congrès de Reims. Caroline Dufour ne s’interdit pas, non plus, de jouer les « go-between » du côté du vignoble, où il se trouve encore des vignes à acheter !
UNE IDENTITÉ TOUTE TROUVÉE
Le vignoble ! Voilà bien la nouvelle corde que Caroline Dufour vient d’accrocher à son arc en fondant sa propre marque, à l’identité toute trouvée : champagne Caroline Dufour, tout simplement. « J’ai toujours su que j’aurais un jour du champagne à mon nom. Si le temps m’avait jusqu’ici manqué pour me lancer davantage dans cette belle aventure, la crise sanitaire et la fermeture du Grand Café m’ont permis de concrétiser ce projet. » Et surtout de procéder à tout l’aspect administratif (démarches auprès du Comité Champagne, notamment) et commercial. Car, pour la production, Caroline Dufour avait déjà un accord avec la Maison Cuperly, à Verzy, qui élabore ses cuvées, 100 % grand cru. « J’ai travaillé avec la Maison pour définir un champagne qui me ressemble, dont j’ai réalisé le dosage, entre 5 et 6 g/l, en accord avec mon goût et la tendance actuelle. » Une cuvée Grande Réserve (brut), une autre blanc de blancs et une troisième blanc de noirs (100 % pinot noir) sont prêtes à partir… dans le monde entier, « puisque j’ai déjà des contacts à Londres, aux USA, en Chine, en Asie » Un millésimé, dont l’année est déjà choisie, attend patiemment l’heure de se découvrir, et Caroline Dufour souhaite entretenir encore un peu de suspens à son sujet ! Localement, on les trouvera chez les cavistes (entre 30 et 40 € selon la cuvée) et les confrères de Caroline. Signalons au passage de fort jolies capsules (un C et un D stylisés dans un écusson épuré, noir et argent pour la Grande Réserve, noir et or pour les deux autres) qui devraient ravir les placomusophiles. La commercialisation 2021 porte sur quelque 40 000 bouteilles et, à terme, Caroline Dufour vise les 70 000 cols.
L’hôtel particulier de la rue Noël, à Reims, qui abrite ses bureaux, devrait être prochainement aménagé pour accueillir les clients et organiser des séances de dégustation. Mais, déjà, le Grand Café peut rouvrir ses portes et proposer à sa carte le champagne Caroline Dufour, le champagne de la maîtresse des lieux !
