Sodien exploite par Délégation de service public (DSP) le réseau de chauffage urbain de l’ouest dijonnais. Sa préoccupation est d’optimiser son mix énergétique entre efficacité, coût et impact environnemental. Le raccordement prochain de l’usine d’incinération participe de cet équilibre.
Comment chauffer des bâtiments collectifs avec la chaleur la plus verte possible tout en maîtrisant les coûts de production? Le défi, de taille, nécessite des arbitrages permanents entre rentabilité économique et écologie. À Dijon, Sodien en est un exemple. L’entreprise filiale du groupe Coriance exploite depuis 2013 le réseau nord-ouest de l’agglomération, suite à la Délégation de service public (DSP) concédée pour 25 ans par la métropole dijonnaise. Elle a depuis mis du vert dans le mix fossile des deux réseaux existants, Fontaine-d’Ouche et Chenôve, avec des équipements gaz en cogénération (productions de chaleur et d’électricité rachetée par EDF). Elle a aussi ouvert une chaufferie biomasse (à base de dérivés bois) sur le site des Valendons, avant d’interconnecter les trois sites.
Les clients du réseau sont des bâtiments publics, des sites industriels, de l’habitat collectif. « Plus de chaudière collective, plus de fumée, plus de risque d’accident. Nous venons remplacer une myriade de petites installations individuelles peu contrôlées. A contrario, nos flux entrants et sortants sont très contrôlés, avec des droits à émission de plus en plus bas », argumente Emmanuel Blanc, chef d’agence Grand Est, avant d’ajouter : «Nous sommes aujourd’hui à 55 % d’énergie renouvelable ». Une vertu qui permet à Sodien de bénéficier d’une TVA réduite à 5,5 % sur ses tarifs.
ARBITRAGES PERMANENTS
La métropole a tracé à son délégataire la feuille de route d’un réseau le plus vertueux possible en matière d’Énergies renouvelables (ENR) : « La volonté de Dijon Métropole, très moteur sur le développement de ses réseaux, est vraiment environnementale » ajoute le délégué régional. Mais l’argument écologique ne suffit pas à expliquer le fonctionnement d’un réseau de chaleur contraint de rechercher le meilleur mix énergétique efficacité-coût-écologie. « L’objectif de notre métier est d’arbitrer pour être dans les clous de nos engagements ENR vis-à-vis de la métropole et dans les clous concernant les tarifs », reprend Emmanuel Blanc, pour qui les arbitrages ne se font pas toujours au profit des ENR : « On essaye de privilégier la biomasse, mais lorsqu’ EDF nous rachète l’électricité, de novembre à mars, nous faisons tourner en priorité la cogénération sur les sites de Fontaine-d’Ouche et Chenôve, qui bénéficient aussi d’un tarif gaz très intéressant ». Le bouquet énergétique gaz-cogénération-biomasse permet aussi de lisser les variations de prix des sources. Quant à l’extension du réseau, elle participe également de cette stratégie. Faubourg Raines, Cité de la Gastronomie, et bientôt Montchapet, Marmuzots, Talant, celui-ci continue son déploiement pour aller chercher de nouveaux abonnés. La récupération dans les mois à venir de la chaleur produite par l’usine d’incinération viendra quant à elle se substituer à une partie de la consommation de gaz et bois.