Après des semaines d’interrogations et de négociations, les entreprises du bâtiment et des travaux publics ont eu un premier retour du gouvernement.
Le mois d’avril démarrait tout juste que les entreprises du bâtiment et des travaux publics attendaient encore des réponses du gouvernement et ce alors que la France entamait sa troisième semaine de confinement. « Personnellement, je regrette un manque de clarté de la part du gouvernement », confie Alfred Morais, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) de Bourgogne Franche-Comté. Un avis que semble partager l’ensemble des organisations patronales du secteur, comme la Fédération française du bâtiment (FFB) de Bourgogne Franche-Comté ou encore la Fédération régionale des travaux publics (FRTP). « Il y a quelques jours, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a eu ces propos intolérables de la part d’une ministre en nous traitant de “défaitistes”. Alors que le gouvernement mettait en place des mesures de confinement et demandait aux Français de rester chez eux, je trouve que de dire aux entreprises du BTP de continuer à travailler par “civisme” est tout simplement inadmissible », complète le président régional de la FRTP, Vincent Martin, non sans un certain sentiment de colère sinon de stupeur.
UN ARRÊT DE L’ENSEMBLE DES CHANTIERS PUBLICS
Très rapidement, face à ces mesures, le mot d’ordre donné par la FRTP Bourgogne Franche-Comté a été clair, comme le souligne Vincent Martin : « les chantiers doivent rester strictement à l’arrêt. Il est hors de question d’exposer nos salariés des travaux publics et leurs familles. La santé et la sécurité de tous restent une priorité absolue ». Une consigne qui a été suivie par plus de 90 % des entreprises des travaux publics de la région. « Aujourd’hui, sur un chantier de travaux publics et même dans le bâtiment, respecter les règles de distanciation sociale est compliqué dans la mesure où le maniement de certains outils ou le déchargement de matériel demande l’intervention de plusieurs personnes », reconnaît-il. Ce dernier attirait toutefois l’attention sur une exception, celle des travaux d’urgence et les astreintes « à condition que nos salariés aient les équipements nécessaires pour pouvoir se protéger et protéger les autres intervenants ». Pour ce faire et dans l’optique d’une reprise progressive de l’activité, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), a publié jeudi 2 avril un guide de bonnes pratiques destinées aux entreprises du BTP. Un guide qui émane de nombreux échanges entre la Fédération nationale des travaux publics, la FFB, la Capeb et le gouvernement et qui « permet à chaque entreprise de définir, adapter ou conforter ses protocoles d’intervention pour assurer la protection des salariés, en confiance avec leurs clients », explique le gouvernement dans un communiqué de presse. « La publication de ce guide ne signifie par une reprise automatique, tient à affirmer Vincent Martin. Cette reprise ne pourra se faire qu’au cas par cas et de manière progressive et dans les conditions suivantes : accord systématique préalable des maîtres d’ouvrage publics et privés et évaluation par les chefs d’entreprises de leur capacité ou non à faire respecter les recommandations. » Le président de la FRTP alerte enfin les pouvoirs publics sur le risque de « double peine pour les entreprises » et appelle les décideurs économiques et les services techniques en charge des infrastructures à « poursuivre plus que jamais une politique économique volontariste, initier et lancer les projets. Les entreprises se sont organisées et peuvent aujourd’hui, notamment par le télétravail, répondre sereinement à des appels d’offres ».
VERS UNE REPRISE DANS LE BÂTIMENT
« Ce guide est ce qu’il est, estime Alfred Morais, président de la Capeb de Bourgogne Franche-Comté. Ça inspire beaucoup de choses, mais nous ne sommes pas tous égaux. » En effet, pour lui, chaque entreprise est différente et doit prendre ses responsabilités en respectant les mesures et les consignes de sécurité pour les salariés. « Chaque situation est aussi différente. Dans le bâtiment, sur des petits chantiers privés, on peut tout à fait reprendre le travail en respectant les mesures de distanciation sociale », complète-t-il. Une situation que confirme Bernard Laborey. Pour le président de la FFB de Bourgogne Franche-Comté, « aujourd’hui, les petits chantiers reprennent doucement avec un ou deux collaborateurs et certains maîtres d’ouvrage commencent à mettre des mesures en place ». Une inquiétude toutefois persiste concernant le manque de matière première. « Toute la chaîne a été bloquée et certains de nos fournisseurs et de leurs fournisseurs n’ont pas été livrés. » Début avril, d’après des chiffres de la FFB, 90 % des entreprises du bâtiment était à l’arrêt en Bourgogne Franche-Comté. Enfin, les deux organisations représentatives du bâtiment émettent aussi certaines craintes concernant les permis de construire. « Nous avons alerté les pouvoirs publics sur le fait que si les collectivités ne maintiennent pas un minimum d’activité notamment sur l’attribution des permis de construire, dans six mois, nous risquons de subir une nouvelle crise économique », explique le président de la Capeb de Bourgogne Franche-Comté.