Rendez-vous des entrepreneurs : le choix du (re)positionnement

Sébastien Bricout

Chaque année, Sébastien Bricourt conçoit des calendriers de l’Avent avec des vins.

Ils ont désormais plus d’un an de création. Nos trois entrepreneurs en pleine croissance partagent leur expérience avec sincérité et honnêteté.

C’est déjà notre troisième rencontre. Et depuis notre dernier épisode trois mois auparavant (cf Saison 2 épisode 2 JDP N°4676), il s’est passé beaucoup de choses pour ces trois startupeurs. À ce stade de l’aventure, le (re)positionnement de l’offre avec notamment de nouveaux produits semble être un point commun aux trois structures.

TENIR LE CAP !

Pour Mélanie Mambré, les trois derniers mois ont été extrêmement denses. Un rythme soutenu avec la découverte d’un nouveau domaine : la recherche de financement. « La trésorerie est le point à surveiller quand on développe un projet. Telle la petite graine qui a besoin d’être arrosée pour devenir une belle plante », relève-t-elle. La fondatrice de Vaovert, plateforme de réservation d’hébergements durables, a convaincu les Business Angels en passant la première étape du processus avec succès. Quatre parrains se sont portés volontaires pour l’aider à réussir le pitch final. Mais en attendant ce financement qui pourrait représenter 20 % de ses besoins, la jeune femme passionnée a également mobilisé des fonds via son réseau. De quoi financer un nouveau site digne des grandes plateformes telles que Booking, avec une réservation en direct. Objectif : une mise en ligne au printemps, avec une nouvelle charte graphique, un repositionnement de la stratégie de communication et commerciale, sous les conseils de son réseau. « 2019 a été l’occasion de se remettre en cause et de repenser notre modèle économique. Nous avons engagé un repositionnement avec une offre globale à la fois pour les voyageurs et les établissements », explique Mélanie Mambré. « Cette étape a été dure à vivre car il a fallu tout re-questionner, mais aujourd’hui, je me sens mieux car je sais où je vais », poursuit-elle.

L’offre de Vaovert proposera des ateliers et des services en cohérence avec ses valeurs écoresponsables. Ces derniers mois ont aussi permis à la jeune femme de se repositionner elle-même au sein de son équipe. « J’ai compris que je devais être le capitaine qui tient la barre et maintient le cap ! Il est important d’avoir une vision à trois ou quatre ans pour voir plus loin et plus ambitieux dès le départ », confie-t-elle. Dans quelques mois, celui qu’elle avait engagé pour développer son site Internet deviendra son bras droit, le directeur de Vaovert, afin de superviser toutes les actions concrètes du terrain. Mélanie Mambré sera présidente-fondatrice afin de garder toujours une vision globale de l’entreprise. « La difficulté d’une entreprise estampillée “RSE” est de toujours avoir en tête ce double intérêt : Informer, transmettre un message bienveillant, tout en n’oubliant pas que nous avons un business qu’il faut faire vivre », témoigne la chef d’entreprise. Preuve que son engagement suscite l’intérêt : Vaovert a reçu le prix de l’innovation lors de la cinquième journée de préfiguration du projet « Destination Bourgogne Franche-Comté Lab », le 30 janvier dernier à la Maison régionale de l’Innovation, à Dijon.

LE MAÎTRE MOT : LA RÉSILIENCE

Pour Sébastien Bricout, fondateur de Domaine du goût, la start-up qui propose une box de vin qui permet de goûter pour faire son choix. Ce service novateur se fait en trois étapes : 1/ Les clients reçoivent un coffret de dégustation avec des Vinottes ; 2/ Ils goûtent et font leur choix ; 3/ Ils reçoivent trois bouteilles de leur vin préféré. Avec Noël mais surtout les calendriers de l’Avent, sous forme de 24 vinottes, la fin d’année a été très intense. « Nous en avons vendu plusieurs milliers ! », avoue-t-il. Ce produit conçu comme un complément au produit initial de Domaine du goût est devenu le produit phare de la marque. « Le principe de la dégustation à l’aveugle, et de la carte à gratter est très ludique et c’est ce qui plait ! Cela nous permet d’avoir de la visibilitié sur les réseaux sociaux, et dans la presse. C’est devenu le fer de lance de Domaine du Goût : le produit qui tire le business ! », confie le créateur. Celui-ci s’était laissé déborder l’année dernière par ce succès. Il a su bien anticiper cette année en s’y prenant dès le mois de juin avec l’embauche d’une chef de produit uniquement dédiée à cette offre. « Nous avons élargi la gamme avec un calendrier plus haut de gamme de spiritueux qui a également bien fonctionné », précise Sébastien Bricout. Les calendriers de l’Avent ont permis à la start-up de basculer dans « la cour des grands ». Deux contrats avec Venteprivée.com et Showroomprivé.com ont challengé l’entreprise. « Nous avons dû passer de notre production artisanale à la création de Codes-barres et à une autre dimension de flux logistiques », explique l’entrepreneur. Un apprentissage compliqué et un investissement en temps, mais sans nul doute bénéfique à long terme. En revanche, la start-up a connu une mauvaise expérience avec Amazon avec qui elle avait passé un deal. Le géant a divisé par deux la commande au moment de l’achat ! « Nous avions déjà lancé la production et nous nous sommes retrouvés avec du stock sur les bras… », confie Sébastien Bricout. Heureusement, il s’agissait du calendrier de spiritueux, une denrée non périssable, contrairement aux vinottes qui ne se gardent que deux mois.

Le repositionnement de Domaine du goût passe aussi par de nouveaux produits : le coffret cadeau de six spiritueux à 25 euros, les coffrets personnalisables avec logo de l’entreprise par exemple, des coffrets spéciaux pour Noël, Saint Valentin, fête des pères et fêtes des mères, etc.

Objectifs à trois mois ? Faire des évolutions sur les produits et accélérer sur la partie commerciale en améliorant les leviers digitaux pour générer de la vente.

Un conseil aux jeunes entrepreneurs ? La résilience ! Au bout d’un an, il faut être à l’écoute de son marché, ne pas se décourager et continuer dans le cap que l’on s’est fixé.

BEAUCOUP D’INSPIRATION ET DE TRANSPIRATION

L’année 2020 sera celle du déménagement pour Integral Foods, jusque-là hébergé par l’hôtel de pépinière d’entreprises à Dijon : HOPE! « Nous avons trouvé un bâtiment vers le “marché de l’Agro” (zone d’activité Cap Nord). Un local qui passera de 50 à 150 mètres carrés », confie Carlos Liguori, le fondateur d’Integral Food.

La start-up qui propose des sauces 100 % naturelles et des épices premium aux professionnels, prépare activement ce changement de situation. Cet agrandissement permettra d’avoir une « cuisine studio », dédiée aux vidéos recettes. Une production que développe déjà la dernière recrue de la Brigade des épices, Mickael Danon, chef culinaire et passionné d’audiovisuel. Une fois installée dans ses locaux, la Brigade des épices investira également dans des machines de production pour gérer sa logistique en interne. « À la fin du deuxième semestre, nous envisagerons quelques recrutements pour faire face à ces nouveaux investissements : un opérateur de production, un assistant de qualité et un commercial itinérant pour booster les ventes », assure Tiffany Schmit, brigadier scientifique.

Côté positionnement, plusieurs produits ont permis de diversifier l’offre pour s’adapter au marché. Noël a été l’occasion de sortir une sauce aux cèpes et champignons sauvages. « Nous l’avons fait découvrir sur la Foire gastronomique de Dijon. Ce qui nous a permis de réaliser des belles ventes sur cette fin d’année. Nous envisageons même que cette sauce devienne un produit annuel référencé chez nos deux distributeurs principaux : Promo Cash Dijon pour les sauces de la brigade et Pomona épi-saveur, référencé au niveau national », souligne Tiffany Schmit.

La collection herbes aromatiques est sortie en quantité limitée. « Pour l’instant, elle est en phase de test sur le marché », précise le brigadier scientifique. L’année 2020 sera aussi celle des marinades. La brigade des épices concocte plusieurs recettes pour cet été.

Objectif à trois mois ? Continuer à cibler le développement des distributeurs, notamment avec Metro. « Malgré notre petite équipe, nous avons réussi à rentrer dans des marchés de géant et montrer qu’on peut faire autre chose que ce qui existe déjà », souligne Carlos Liguori. « Ce fut beaucoup d’inspiration et de transpiration », avoue-t-il.

Avec Integral Foods, Carlos Liguori et Tiffany Schmit proposent des épices premium et des sauces 100 % naturelles.

Vaovert a reçu le prix de l’innovation, le 30 janvier dernier à la Maison régionale de l’Innovation, à Dijon.