Réinventer la maison de ville

Dessin de la résidence. Saint-John Perse propose 40 logements du T3 au T5. T3 hors charges en location : 700 euros. En location-accession à partir de : 171 000 euros. (Crédit : STUDIO MUSTARD ARCHITECTURE)

Fruit d’un partenariat entre la ville de Dijon et l’opérateur Habellis, la résidence Saint-John Perse, à la Toison d’Or, abritera 40 logements bioclimatiques en location sociale et location-accession. Elle a été pensée par le Studio Mustard sur le modèle aléatoire et bucolique du village plutôt que sur celui du lotissement classique.

Peut-on encore inventer des formes d’habiter la ville qui viennent rompre la monotonie de quartiers où les immeubles se ressemblent et tracent un paysage urbain très rectiligne ? Comment mixer les publics et les usages ? Pour y parvenir, la ville de Dijon a mis en œuvre un partenariat avec le bailleur social privé Habellis et tablé sur l’introduction d’une dose de maisons individuelles dans une densité urbaine très collective, celle du quartier de la Toison d’Or. De fait, l’îlot représenté par les 28 maisons de la résidence Saint-John Perse, dont on a posé la première pierre en avril, viennent s’insérer dans un vaste carré entouré d’habitat collectif. Pensé par le Studio Mustard, lauréat du concours, le projet crée un véritable îlot vert composé de maisons aux qualités énergétiques et aux matériaux durables disposées de façon aléatoire, dotées de cours et jardins et façonnant pour l’œil un nouveau paysage, plus varié et bucolique.

ACCÈS POUR TOUS

Pour Marcel Elias, président du CA d’Habellis, ce projet « ambitieux et novateur, qui prend le contrepied de la construction de logements en zones très urbanisées », correspond en tout point à ce que l’opérateur social souhaite démontrer de ce qu’il défend : « L’ouverture dans la conception, la diversité dans les modes d’occupation, la réalisation d’un habitat évolutif, économe, dans un environnement préservé». Pour la ville de Dijon, par la voix de son maire François Rebsamen, c’est à la fois l’idée d’un concept nouveau, « la maison dans tous ses états », qu’il faut saluer, et un projet dont l’accessibilité correspond à la philosophie affichée par la ville de Dijon : « Présenter des propositions de logement pour toutes les catégories de populations, quelles que soient leurs disponibilités financières ».

Saint-John Perse
Maître d’œuvre : Studio Mustard (Dijon- V. FLurer et G. Bouteille) Sempervirens – Archimen.
Maître d’ouvrage : Logivie Action Logement.
Coût de l’opération : 4,7 millions d’euros dont 3,1 prêtés par la Caisse des Dépôts.
28 maisons pour 40 logements (maisons superposées). Livraison premier semestre 2020.

Bon à savoir
Habellis, premier bailleur social privé de Bourgogne (groupe Action Logement), est né en 2018 de la fusion de deux acteurs régionaux, Villéo et Logivie. Son parc : 13 404 logements. Chiffre d’affaires : 65 millions d’euros ; 152 collaborateurs. Habellis est titulaire à hauteur de 34 % des agréments de la Métropole (Source Habellis).

Éviter les rigidités des lotissements classiques
Véronique Flurer, architecte et urbaniste, associée de Studio Mustard.

« La ville de Dijon a défini un pro- gramme ambitieux de réflexion sur la maison de demain. Nous avons proposé ces maisons basées sur l’archétype de la maison individuelle et ses usages, spacieuse, lumineuse, tournée vers le jardin. Nous avons travaillé aussi sur ce qu’est un quartier de maisons individuelles. Nous avons essayé de remettre de l’aléatoire, le côté bucolique du village pour éviter les rigidités qu’on peut retrouver dans les lotissements classiques. Chaque maison a son implantation particulière, un rapport spécifique au paysage, comme dans un centre bourg où le bâti s’est installé au fur et à mesure du temps.
L’objectif est que les habitants puissent s’approprier ces maisons, pour jardiner, discuter avec leurs voisins, bricoler, autant d’usages de la maison individuelle attendus ici pour créer un quartier convivial et chaleureux. Le chantier lui-même est exemplaire, avec des façades bois recouvertes d’un bardage métallique monochrome, irisé, des planchers massifs bois et des dalles et socles en béton pour apporter de l’inertie. Chaque maison se différencie par sa couleur, verte, dorée, argentée ».