Reims Habitat se lance dans les logements pour cadres

Patrick Baudet (directeur général) et Jean-Marc Roze (président) affichent leur enthousiasme sur les perspectives prometteuses du réseau Canopée.

L’Office Public de l’Habitat du Grand Reims dévoile son plan stratégique 2019-2025. Au programme : plus de 3 200 rénovations de logements, 600 démolitions et une diversification sur de nouveaux marchés.

Reallia est une nouvelle marque créée par Reims Habitat. Sa mission consiste à commercialiser une offre inédite de logements locatifs intermédiaires. Autrement dit : ne plus se limiter aux locataires sociaux mais proposer une offre aux cadres du territoire. 650 logements vont ainsi être créés jusqu’en 2024, avec des prestations, et donc des loyers, plus élevés que la moyenne de son parc social (330 €).

« Nous pourrons aller jusqu’à 10 % de notre patrimoine (12 000 logements) », annonce Jean-Marc Roze, le président du bailleur. Appartements en centre-ville ou même maisons à Reims et dans des communes comme Tinqueux, Cormontreuil mais aussi Saint-Thierry, Rilly-la-Montagne, Cormicy… « Reallia répond à un manque sur le marché. Nous avons déjà 20 logements et leur commercialisation fonctionne très bien », assure Patrick Baudet, directeur général de Reims Habitat. Ce segment premium pourra aussi proposer des biens avec cuisine aménagée ou même du logement atypique comme de l’ossature bois ou la transformation de l’ancienne mairie à Bezannes.

Dans son programme, l’organisme prévoit notamment une centaine de logements dans le quartier Clairmarais et autant dans l’ambitieux projet Rives de Vesle (Reims). « Nous investissons 40 M€ sur les 85 M€ de ce programme en co-promotion. Nous allons aussi y développer du logement thématique, dévoile Patrick Baudet. Une résidence étudiante de 250 appartements comprendra un vaste espace de co-working. Une « résidence hôtelière à vocation sociale » (210 logements) sera aussi créée. Sorte d’auberge de jeunesse ou de foyer de jeunes travailleurs nouvelle génération, cet hébergement, comme la résidence étudiante, sera exploité par un gestionnaire spécialisé dans un bâtiment qui comprendra aussi un hôtel.

BAISSE DES APL : UN IMPACT DE 4 MEN 2020

Cette diversification doit permettre à Reims Habitat de diversifier ses revenus pour faire face à une nouvelle donne qui frappe son secteur d’activité : l’application de la Réduction Loyer Solidarité qui impose aux organismes HLM de compenser la baisse des APL (Aide Personnalisée au Logement). Cela a coûté 1,8 M€ en 2018 à l’Office et lui coûtera même 4 M€ en 2020. Bien plus que la polémique sur les 5 € par mois, ce sont près de 60 € par locataire par mois que doivent compenser les bailleurs suite à la loi de finances pour 2018. Le développement sur de nouveaux marchés devient une réponse complémentaire en parallèle de la poursuite de la cession d’une partie de ses biens, entamée depuis plusieurs années. Son objectif est à présent de vendre 100 logements par an pour un chiffre d’affaires brut de 10 M€, soit 758 logements à vendre d’ici 2023. Pour y arriver, Reims Habitat confie l’accession à la propriété à la société coopérative Immo-coop (créée avec Le Foyer Rémois) et développe la location-accession qui permet à un client de commencer comme locataire avant de pouvoir devenir propriétaire. « 144 logements sont ainsi concernés à Reims, mais aussi à Tinqueux ou à Loivre », précise Patrick Baudet.

145 MINVESTIS DANS LA RÉNOVATION

Autant d’actions qui doivent contribuer aux financements importants auxquels s’engage l’entreprise. Avec 145 M€ à investir dans la rénovation de 3 218 logements, un quart de son parc immobilier, Reims Habitat fait bien de « la valorisation de son patrimoine existant » une priorité comme l’annonce Jean-Marc Roze. « Nous ne cherchons pas à faire plus de logements mais ils doivent être parfaitement entretenus, nous devons revenir aux cités jardins pour répondre à une demande des habitants… », ajoute l’élu rémois à la tête de l’Office Public de l’Habitat du Grand Reims. Sans oublier les adaptations pour les seniors ou les personnes à mobilité réduite.

Après avoir déjà rénové 1 800 logements depuis 2008, le bailleur passe la vitesse supérieure en incluant ses opérations dans le cadre du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain. Reims Habitat intervient dans deux quartiers d’intérêt national (256 démolitions à Croix-Rouge et 130 à Orgeval) ainsi que sur celui à intérêt régional (Europe, 220 démolitions). « Notre approche énergétique est de donner plus de confort et de niveau de vie aux locataires. Nous nous engageons à réduire les consommations énergétiques de 36 % en passant au moins de classe E à C », détaille Patrick Baudet, le directeur général. Dans une logique de partage des bénéfices, les clients gagnent ainsi 5€ pour 10 € d’économies de charges. « Nous reconstruisons la moitié de l’offre démolie, principalement en dehors de ces quartiers avec des opérations dans les communes avoisinantes », poursuit le dirigeant qui indique un engagement global de Reims Habitat à hauteur de 109 M€ sur les 365 M€ investis à Reims dans la rénovation urbaine.

D’autres rénovations au programme
En dehors du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain, plusieurs autres opérations sont aussi en cours dans le parc de Reims Habitat:
– Quartier Les Jardelines (près de l’avenue de Laon) : 69 démolitions, 90 rénovations et les constructions de 81 logements locatifs sociaux et de 13 logements en location-accession.
– Les Portes de Bétheny : 80 démolitions, 60 rénovations et les constructions de 35 logements locatifs sociaux et de 18 logements individuels en location-accession
– Florence -Desbureaux : 40 démolitions, 40 rénovations et les constructions de 20 logements locatifs sociaux et de 8 logements en location-accession.

Canopée, un réseau fédérateur et source de financement européen
Autre évolution législative, la loi Elan incite les organismes HLM à se regrouper. En dépassant le seuil des 12 000 logements, Reims Habitat n’est pas directement concerné par cette obligation mais, depuis 2018, l’office rémois s’est rapproché de ses voisins picards (Opac d’Amiens, Oise Habitat et Office de l’Aisne). « Ensemble, nous représentons 53 000 logements », se félicitent les dirigeants rémois. Ils ont notamment décidé de mutualiser quelques compétences comme dans le cas d’un poste de responsable numérique. « Nous avons identifié un potentiel d’économies de 20 % de nos frais de structures », complète Jean-Marc Roze. L’autre intérêt de Canopée est de donner accès à des financements avantageux. Les différents partenaires vont ainsi signer un contrat avec la Banque Européenne d’Investissement le 4 mars à Reims, leur ouvrant l’accès à des prêts avantageux auxquels les bailleurs n’auraient pas pu prétendre individuellement. 207 M€ de prêts vont donc faciliter 326 M€ d’investissements pour construire plus de 1 100 logements neufs et 4 200 réhabilitations sur les différents territoires.