Rail Europe Solutions maintient Barré-Servais à flots

Grâce à Rail Europe Solutions et au groupe Lambert, Barré-Servais vient d’entamer sa 116e année d’existence.

La filiale ferroviaire du groupe viroquois Lambert a repris en début d’année la forge des Hautes-Rivières. La solidarité ardennaise a joué à fond.

Placée fin 2020 en redressement judiciaire avant d’être mise en liquidation en raison de difficultés financières, la petite entreprise de Hautes-Rivières, Barré-Servais, continue néanmoins la saga industrielle commencée en 1905.

Directeur du site depuis 2013, Français Daumont, l’arrière petit-fils des fondateurs Léon Barré et Mathilde Servais, a pu, grâce à une solution 100% ardennaise, assurer la survie de la « boutique » familiale qui réalisait encore 2,7 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Le 1er janvier 2021, le groupe Lambert, implanté à Vireux-Wallerand, a en effet garanti la pérennité de l’entreprise plus que centenaire en la reprenant par le biais de sa filiale ferroviaire, Rail Europe Solutions. Les deux entités avaient, il est vrai, appris à se connaître depuis fin 2019, lorsque la PME des Hautes-Rivières devint l’unique fournisseur du groupe Lambert sur un produit stratégique : la pièce de traverse en béton pour le ferroviaire. Avisé des tourments connus par son client privilégié, Rail Europe Solutions s’est alors interrogé et intéressé à ce dossier. Explications apportées par Mickaël Blanchard, son directeur des opérations : « Les choses se passaient bien avec ce fournisseur. Et quand l’administrateur judiciaire a cherché un repreneur pour sauver l’entreprise, on a réfléchi pour savoir si on pouvait assurer le maintien en vie de Barré-Servais en lui apportant une valeur ajoutée. Fiable et située à proximité de notre siège, cette société nous avait jusqu’alors entièrement donné satisfaction à tel point qu’on avait envisagé de possibles investissements communs. Nous connaissions son indéniable savoir-faire dans le métier de la forge à chaud et de l’usinage. Outre le fait de sécuriser nos approvisionnements, on se sentait aussi capable de la faire progresser grâce à notre positionnement industriel dans le ferroviaire, notre compétence commerciale, notre logistique et notre gestion des flux, à partir de là, on a fait marcher la solidarité ardennaise et conclut favorablement ce dossier. Ce rapprochement avait un sens. »

Outre les potentielles complémentarités, Rail Europe Solutions pense aussi apporter un regard nouveau sur l’organisation et l’optimisation industrielle de son principal client. Spécialisée à l’origine dans la boulonnerie avant de se diversifier dans différents secteurs comme le bâtiment, le génie civil, l’attelage de véhicules, la robinetterie et l’hydraulique, Barré-Servais va ainsi s’ouvrir de nouveaux horizons notamment dans le ferroviaire. « Grâce à ce partenariat, notre entreprise va retrouver de la sérénité financière, de la souplesse et des perspectives d’avenir en se positionnant sur de nouveaux marchés », estime François Daumont qui a toute la confiance du repreneur.

Visant le cap des 2 000 tonnes d’acier en 2021, Barré-Servais pourrait vite être en mesure de retrouver un effectif d’une vingtaine de personnes. Un CDI a déjà été recruté à l’usinage plus quatre intérimaires.

Quant à Rail Europe Solutions, rattachée au groupe Lambert, elle renforce ainsi sa structure ferroviaire. Jeune entité créée en 2018, elle fédère plusieurs métiers autour des marchés liés au rail : matériels et mécanique ferroviaires (cintrage et soudage de rails, fabrication d’aiguillages), bois sous rails, béton, recyclage et valorisation de produits usagés des voies ferroviaire. Elle emploie 500 collaborateurs sur huit sites de production répartis en Belgique, dans le Nord de la France et à Vireux-Wallerand (La Scierie Ardennaise plus le siège social) et désormais donc à Hautes-Rivières. Elle produit 1 200 traverses par jour et réalise un chiffre d’affaire supérieur à 100 millions d’euros.

« Il nous tient à cœur de nous développer dans les Ardennes et avec la reprise de Barré-Servais, nous sommes convaincus qu’il y a de belles choses à faire. Ca va être une belle aventure », assure Mickaël Blanchard.