Quand lire devient un jeu d’enfant

Julien Laurent, Martin Douçot et Pauline Dournaux. Ils revisitent le logiciel Dialogo afin de proposer des séances d’orthophonie à distance.

Dans l’univers de la dyslexie, un logiciel innovant fait son apparition pour améliorer la méthode de la sémiophonie mise au point dans les années 70. « La sémiophonie est une stratégie thérapeutique qui consiste à reparcourir les différentes étapes d’acquisition du langage. Notre logiciel permet une prise en charge complète avec une variété d’exercices allant du langage oral au langage écrit et permet notamment aux patients de progresser à leur rythme. Notre approche se prête bien à l’orthophonie à distance afin de compléter les séances en cabinet », explique Julien Laurent (photo), spécialiste des apprentissages informatisés et membre fondateur de l’association Lexidia – regroupant déjà plus 280 orthophonistes répartis en France, Belgique, Suisse, Nouvelle-Calédonie, etc. et qui a pérennisé le logiciel Dialogo permettant d’appréhender les difficultés de lecture et d’écriture des enfants et des adultes. Ce logiciel est d’ailleurs une histoire de famille : c’est Gérard Laurent, son père, qui a conçu la première version. « J’ai découvert ma dyslexie vers 17 ans, ajoute-t-il. J’ai suivi l’approche sémiophonie et cela a totalement changé mon parcours scolaire. Mon père, dirigeant de sociétés d’informatiques, a, par la suite, développé la première version du logiciel qui a remplacé les machines électroniques alors utilisées dans mes séances », détaille le diplômé en science de l’éducation et de l’apprentissage qui, après des études aux USA, a travaillé au sein d’une association d’éducation populaire à Paris. « Beaucoup d’enfants avaient du mal à bénéficier de l’accompagnement scolaire proposé par la structure. Nous avons mis en place un programme utilisant alors cette approche, ce qui a été bénéfique. »

Depuis un an, Julien Laurent planche sur la seconde version, épaulé par Pauline Dournaux, la conceptrice du programme socio-éducatif de Lexidia, et Martin Douçot, chargé de développement, après avoir été lauréat du programme d’accélération ShareIT en 2019. L’entreprise solidaire d’utilité sociale, Iologo, vient ainsi de voir le jour. Pour l’heure, 280 orthophonistes utilisent le logiciel et plus de 15 000 patients ont été rééduqués via cette méthode. Les entrepreneurs espèrent doubler la clientèle d’ici 2021, l’Hexagone comptant plus de 25 000 professionnels. « Nous avons augmenté de 50% notre clientèle depuis quelques mois via le bouche-à-oreille. Il nous reste à finaliser sa conception mais le logiciel est déjà attendu par la profession, même si la méthode de sémiophonie n’est pas encore très répandue ». L’entreprise, qui vise un CA de 250 000 €, envisage de porter son effectif à six salariés, et réfléchit déjà à une version anglophone en vue de s’internationaliser.