Après avoir été une des rares femmes pilote de Falcon, Stéphanie Rohaut met aujourd’hui son envie de ciel au service de la protection de l’environnement.
À la tête de Drone Performance & Consulting, Stéphanie Rohaut est une PDG qui, il y a déjà presque 40 ans, n’avait qu’un rêve : « La première fois que je suis montée dans un avion, j’ai su que je voulais voler ». Plutôt que de rêver « toute sa vie d’être une hôtesse de l’air », comme le chantait Dutronc, son ambition était de piloter un Falcon : « Je voue une admiration sans bornes aux avions de Dassault. Le Falcon est le plus bel avion qui soit ». À 16 ans avec un prêt « équivalent à celui d’une maison » et la bénédiction de ses parents de « faire ce qu’[elle] veut mais de se débrouiller », elle cumule les jobs pour s’offrir son brevet de pilotage : « un sacrifice vite oublié une fois là-haut ». Confortée dans son choix, elle intègre à l’IAAG, l’école d’Air France, et obtient son brevet avant même son permis de conduire. Après plusieurs postes aux quatre coins de la France, elle rejoint Lyon et pilote enfin un Falcon, intégrant le milieu très fermé des femmes pilotes privées (moins de dix sur Falcon).
Dix ans durant lesquels elle effectue des rapatriements de nuit, embarque des femmes et hommes d’affaires mais aussi des people : Gérard Depardieu, Nicolas Sarkozy, François Hollande. Jusqu’à la rencontre de son mari et son arrivée à Nevers : « À Nevers, il n’y a pas de compagnie d’avions-taxis alors j’ai créé la société Drone Performance & Consulting avec mon père ».
À LA HUSSARDE SUR LES TOITS
Désormais Stéphanie Rohaut reste les deux pieds sur terre. Avec le développement des drones, elle s’engage en 2015 dans la thermographie aérienne. La technique consiste à effectuer un survol des bâtiments avec une caméra thermique pour déceler d’éventuelles anomalies : « Cela permet d’anticiper les travaux à engager pour lutter contre les déperditions de chaleur ». Mais cela permet aussi de vérifier la conformité des constructions : « J’interviens souvent en tant qu’experte judiciaire dans des litiges qui opposent artisans et clients pour permettre de définir la responsabilité de chacun ». Au-delà du rôle de contrôle, la thermographie aérienne est un domaine qui, selon elle, est encore trop peu exploité : « il y a des cas où les gens sont persuadés qu’ils ont une toiture à refaire, puis on se rend compte qu’en fait les déperditions ne viennent pas de là. D’autres fois, des logements sont impossibles à chauffer et le survol permet de localiser les ponts thermiques. Mais on peut aussi déceler des fuites, des tuiles cassées, des cheminées détériorées, des fenêtres mal posées ». À raison de 250 à 450 euros la prestation pour un particulier, suivant la difficulté, la thermographie permet donc d’économiser parfois des milliers d’euros dans des travaux inutiles. D’autant plus important alors que l’Agence de l’énergie estime à 25 % de la facture énergétique les économies possibles par la bonne isolation des maisons particulières sur près de 3,4 millions de foyers qui consacrent plus de 10 % de leurs revenus aux dépenses énergétiques. D’où plusieurs programmes d’aide à l’isolation qui se succèdent depuis plusieurs années : « Il y a un enjeu vital en termes de réchauffement climatique et d’économie d’énergie. Pour les particuliers, mais aussi les collectivités. Mais pour être efficace la thermographie exige des conditions drastiques : il faut que ce soit le matin, très tôt, sans qu’il n’y ait eu de pluie la veille, dans des maisons occupées, et les jours où il n’y a pas de soleil. C’est la condition sine qua non pour délivrer un bilan précis ».
Et le Falcon ? « J’ai pensé acheter un avion, mais il faut être honnête : avec la crise de la Covid, le transport d’affaires a de sérieux soucis à se faire pour l’avenir. Puis on diabolise l’aviation alors que le domaine aéronautique fait d’immenses progrès en matière de respect de l’environnement ». Une façon de réaffirmer aux détracteurs que l’avion est aussi un rêve de petite fille.