L’année 2020 promet de beaux projets, enthousiasmants et innovants pour le territoire.
MOBILISATION AUTOUR D’UNE PRISON À 200 EMPLOIS À DONCHERY
Après l’implantation d’ores et déjà officialisée d’Hermès sur la zone industrielle Ardennes Emeraude à Tournes (290 embauches à la clé), ce pourrait être le second projet le plus porteur d’emplois dans les Ardennes depuis l’arrivée d’Unilin à Bazeilles. L’accueil à Donchery d’une prison de 180 places d’un tout nouveau genre car elle placera le travail au cœur de l’incarcération, sera peut-être la première bonne nouvelle de l’année 2020 dans les Ardennes. En fin 2019, le site ardennais, paraissait très bien placé dans le cadre de cet appel à projets InSERRE au point de rester en concurrence avec trois autres villes : Angoulême, Arras et Toul.
Après deux vaines candidatures en 2016 et 2018 sur des centres de détention plus classiques, la commune de Donchery et Ardenne Métropole ont réitéré leur intention et espèrent que le troisième essai sera transformé. Les deux collectivités soutenues par le département et la Région Grand Est ont mis tous les atouts de leur côté, avec la mise à disposition d’un terrain d’une quarantaine d’hectares situé le long de l’A 34 Charleville-Mézières- Sedan sur trois lieux-dits : La Gravette, le Bois Riga et le Revers du Chenois. Différents acteurs se sont donc mobilisés pour ficeler un dossier solide et crédible qui a par ailleurs reçu un accueil très favorable des industriels du territoire, prêts eux aussi à s’impliquer dans ce projet en s’engageant à y prendre part activement. Un point important, car l’originalité du projet est de permettre à des détenus, sur la base du volontariat, de pouvoir travailler au sein de la future prison à un projet professionnel afin d’améliorer leurs chances de réinsertion. L’établissement pénitentiaire qui figure dans les actions du Pacte Ardennes pourrait générer 150 à 200 emplois directs et indirects. Donchery qui a perdu ces dernières années Delphi, Glaverbel, les Transports Michaux et PMA aurait là une belle occasion de se refaire une santé. On souhaite en tout cas que les PME encore présentes sur la zone industrielle toute proche (Vynex, Nexans Power Accessories, Invicta, Ziegler, Vulcarden, La Fonte Doncheroise, Raynaud, Cocatre et Mécanique Générale Vaquier) auront bientôt un nouveau et proche voisin.
UN HÔTEL HAUT DE GAMME SUR LA PLACE DUCALE
En 2020, Ardenne Métropole et la ville de Charleville-Mézières vont mettre en œuvre une démarche forte de développement économique et touristique en contribuant à l’émergence d’un hôtel quatre étoiles sur la place Ducale. Partant du constat que l’offre en hébergement haut de gamme était très limitée voire marginale dans les Ardennes (2% de chambres) et que cela était insuffisant pour répondre aux demandes et attentes d’une clientèle touristique et d’affaires à fort pouvoir d’achat, la communauté d’agglomération a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour l’attribution du lieu à un opérateur privé. L’endroit retenu, d’une superficie de 2 500 mètres carrés et appartenant à la ville est un pavillon de caractère d’architecture XVIIe siècle, Cour de la Criée. Idéalement situé, l’établissement donnerait sur la place Ducale. L’ensemble du bâtiment est appelé à accueillir 39 chambres dont 17 suites de 30 à 55 m2, un restaurant bistronomique de 80 couverts plus 50 en terrasse dans une cour intérieure, avec en supplément, un espace bien être avec sauna, hammam voire même une piscine couverte. Une fois en service, l’établissement devrait employer 25 postes équivalent temps plein.
La façade donnant sur la Place Ducale étant classée Monument Historique, l’intervention de l’architecte du ministère de la Culture sera nécessaire. Une étude réalisée par la société Inextenso a confirmé la pertinence commerciale d’une telle offre hôtelière dite premium.
AVEC L’AIDE DU MINISTÈRE DE LA COHÉSION DU TERRITOIRE
La première étape de ce projet d’envergure a été actée le 21 novembre avec la signature du bail emphytéotique liant la collectivité locale à Proteame, société d’économie mixte chargé de créer une Société civile immobilière pour réaliser les travaux d’aménagement et de transformation et faire avancer le projet dans le timing recherché. Une vingtaine de candidatures ont été recensées à la date butoir du 19 décembre. Ardenne métropole a donc un large choix pour trouver l’exploitant idéal.
Cet investissement immobilier se chiffrera à 8,7 millions d’euros hors taxes. Un coût très conséquent qui amènera Ardenne Métropole et Proteame à actionner tous les leviers possibles pour transformer ce bâtiment en site touristique rentable et attirer des investisseurs privés capables d’envisager un retour sur investissement de longue durée sur la base d’un loyer modéré à payer par le futur exploitant. Retenu parmi les 96 candidats de l’appel à projets « Réinventer le patrimoine » en présentant ce projet, Ardenne Métropole a appris en décembre 2019 qu’elle faisait partie des douze lauréats retenus par le ministère de la Cohésion des territoires. Atout France et la Banque des territoires accompagneront donc le dossier ardennais en encourageant des partenariats avec des opérateurs privés, en passant en revue la faisabilité technique, en consolidant le modèle juridique et financier et en optimisant la gouvernance et le pilotage du projet. Soit une aide financière évalué à 80 000 euros. Les premiers coups de pioches sont prévues en mai 2021 pour une durée de près de deux ans. Les services municipaux en place dans la Cour de la Criée (ressources humaines, direction des finances,…) devraient migrer dans les locaux du siège d’Ardenne Métropole.
CA VA GAZER POUR LA MÉTHANISATION
« Faire de la filière méthanisation de déchets agricoles dans les Ardennes un exemple au niveau national en permettant le développement d’installations de production de biométhane sur l’ensemble du territoire ». Cette fiche action du Pacte Ardennes est accompagnée sur le terrain par l’Ademe et surtout GrDF qui se dit prêt à investir 30 millions d’euros sur le terrain pour créer les 30 à 40 kilomètres de réseaux nécessaires ainsi que les rebours et compresseurs pour raccorder les futurs méthaniseurs.
A l’heure actuelle, suite à l’appel à manifestation d’intérêt lancé il y a quelques mois (66 dossiers déposés), sur les 16 structures déjà existantes, 9 méthaniseurs en cogénération, donc brûlant le biogaz pour produire de l’électricité, et trois méthaniseurs en injection, produisant le biogaz injecté directement dans le réseau, sont déjà entrés en phase de construction. 7 et 13 sont en projet et 3 en cours de réflexion. Il est vrai que le député Warsmann et le conseil régional n‘ont pas ménagé leur peine pour promouvoir cet ambitieux projet auprès des exploitants agricoles et les persuader que cette filière naissante leur ouvrait de nouveaux champs tout en représentant un complément de revenu et donc une sécurisation face aux fluctuations du marché et du climat. Déjà pionnier en la matière, les Ardennes ont vu émerger des unités de méthanisation dans le Rethélois, le Vouzinois et le Sedanais. Comme à Chappes, Sauville, Pauvres, Margut, Rethel, Sault-les-Rethel, Beaumont-en-Argonne, Le Thour et Leffincourt où une dynamique s’est mise en place. D’autres zones de construction seront prochainement validées. Plus de 70 projets ont, en effet, été identifiés.
Un projet de développement de bioGNV par un réseau de stations-service est aussi à l’étude au sein du pays Rethélois. Après la mise place d’un guichet unique élargi pour aider les agriculteurs dans le montage de leur projet, une société d’économie mixte pour le développement des énergies renouvelables comprenant Ardennes Développement et la Banque des Territoires devrait être constituée. Elle aura pour rôle d’investir en fonds propres dans des projets comme la méthanisation mais aussi la photovoltaïque ou l’éolien. À terme, les Ardennes veulent devenir un département exportateur de cette énergie renouvelable qu’est le gaz vert.
L’IMPLANTATION DE CEVITAL SE CONCRÉTISERA-TELLE EN 2020 ?
7 novembre 2018. A l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron à Charleville-Mézières, le groupe Algérien Cevital par le biais de son président, Issad Rebrab, annonce l’implantation de deux unités industrielles de fabrication de membranes et de stations de production d’eau ultra pure, de dessalement d’eau de mer et de traitement des eaux industrielles dans les Ardennes à destination de clients belges, allemands, émiratis, indiens , américains et chinois. Un investissement de 250 millions d’euros avec 1000 emplois à la clé. Du jamais vu dans le département depuis l’installation de PSA aux Ayvelles en 1971.
C’est d’ailleurs sur le site de PSA dans un bâtiment de 8.200 mètres carrés cédé à l’euro symbolique, vacant et tout de suite disponible que Cevital jette son dévolu. Il va y lancer ce méga projet avec une extension de 60.000 m2 prévue sur une superficie globale de 15 hectares à cheval sur trois communes (Villers-Semeuse, les Ayvelles et Lumes) pour ériger un centre de recherches et de développement et disposer de terrains nécessaires à une éventuelle expansion. En janvier 2019, le conglomérat algérien et sa filiale allemande EvCon confirment le lancement de la production pour février-mars. Pour mettre en place le process et honorer les premières commandes, des équipes sont déjà sur place dont des ingénieurs et techniciens algériens et allemands qui s’activent sous la conduite de Laurent Bouet, initialement recruté comme directeur de site mais qui, depuis, n’assume plus cette responsabilité.Un maître d’œuvre, le cabinet GNAT, est désigné. Le recrutement d’informaticiens est lancé avant d’arriver à 200 en fin 2019.
Parallèlement à cela, Issad Rebrab et Kamel Benkoussa travaillent à l’élaboration du business plan auprès de la BPI, continuent d’entretenir des relations avec l’Elysée et Bercy afin d’obtenir une exonération des charges durant dix ans et préparent l’acquisition des terrains et bâtiment de PSA. Officiellement inscrites au registre du commerce de Sedan le 27 février 2019, les sociétés « MEMSYS » (Membranes Systems), SWI ‘Stations Water Injection) et SWT (Stations Water Technologies) sont constituées. L’avocat ardennais Me Harir, est nommé conseil de l’entreprise en mars. Cevital se dit alors prêt à effectuer une levée de fonds de 175 millions d’euros. Las, le 22 avril 2019, Issad Rebrab, 74 ans, est arrêté puis emprisonné en Algérie pour trafic d’influences. Conséquences : orphelin de son patron sans qui rien ne peut se faire, Cevital a été contraint de reculer son échéancier.
Et les Ardennes restent dans l’attente d’un projet porteur de beaucoup d’espoirs.
Jugé, condamné, puis libéré le 31 décembre, ce dénouement se révélera peut être positif et porteur d’espoir pour 2020, en faisant émerger un projet qui donnerait une nouvelle dimension économique aux Ardennes.