Prévenir les catastrophes naturelles

Guillaume Delai, CEO d’Ogoxe, start-up créée en 2015.

L’entreprise Ogoxe lève 1 M€pour étendre le marché de sa solution connectée destinée à la prévenir les inondations.

Les inondations, comme celles qui ont endeuillé l’arrière-pays niçois début octobre, constituent le premier risque naturel en France et dans le monde. Un fléau contre lequel la société Ogoxe, créée en 2015 à Saint-Laurent-de-Neste (65), se bat en développant une solution intégrée. L’outil, destiné aux collectivités territoriales et aux entreprises (campings, hôtels, etc.) situées en zone à risque – l’ensemble de la chaîne des Pyrénées, le bassin méditerranéen, la remontée de la vallée du Rhône, l’Est de la France, le bassin parisien, et une petite partie de la côte atlantique – , mesure en temps réel les variations des cours d’eau grâce à des balises installées sur zone, prend en considération les variations météorologiques et modélise les caractéristiques des bassins.

30% DE DÉGÂTS MATÉRIELS ESTIMÉS EN MOINS

Le calcul d’anticipation peut de fait enclencher un plan communal de sauvegarde. « Notre outil permet de voir ce qui se passe sur le bassin versant et prend en compte des paramètres comme la neige, le vent, le remplissage de nappes phréatiques, le déplacement des cailloux surtout dans les Pyrénées, et donc de prendre des décisions, ce qui évite des pertes humaines et 30 % en moins de dégâts matériels. Une commune sur deux est concernée par le risque d’inondation en France et les entreprises, au même titre que les habitations sont aux premières loges. D’ailleurs neuf millions d’emplois sont menacés par ce type de catastrophe naturelle. C’est pourquoi la gestion de l’alerte et la préparation sont des étapes primordiales », souligne Guillaume Delai, CEO d’Ogoxe, lui-même témoin des inondations dans la chaîne pyrénéenne en 2013.

Concrètement, l’outil se compose d’un instrument de mesure installé auprès des cours d’eau et d’un boîtier connecté fourni aux riverains et aux entreprises qui indique le niveau de danger immédiat et à venir. Pour l’heure, une cinquantaine de communes sont équipées, correspondant à 300 dispositifs installés. Une centaine de boîtiers prennent également place dans les habitations afin de prévenir du danger.

STRUCTURER L’OFFRE COMMERCIALE

Fleuron de l’IA, la pépite s’est frayée un chemin sur ce marché de niche. « Aujourd’hui, nous avons de la concurrence indirecte, avec des sociétés qui développent des capteurs permettant de faire de la mesure, mais pas de concurrence directe. En effet, nous apportons de la valeur ajoutée à la donnée à savoir obtenir l’information en temps réel, la prévision, et la valorisation de l’information auprès des entreprises et des collectivités. Nous gérons l’ensemble des étapes, commente le dirigeant. Nous sommes ainsi leader sur le marché européen. »

La start-up qui a déjà reçu de nombreux prix depuis sa création, dont le Septuor décerné par la CCI Occitanie en 2019, entame sa première levée de fonds à hauteur de 1 M€ via la plateforme Sowefund, auprès d’investisseurs et de particuliers. Cette augmentation de capital permettra à l’entreprise d’asseoir sa notoriété sur le territoire national et de viser un marché international, notamment l’Espagne et l’Italie dès 2021. Ce coup de pousse, qui permettra de booster sa croissance et d’atteindre 2 M€ de CA d’ici cinq ans, s’accompagne d’une vague de recrutements. Actuellement forte de sept collaborateurs répartis entre le site niché dans les Hautes-Pyrénées et celui de Météo France à Toulouse – avec lequel l’entreprise collabore pour des informations scientifiques et l’accompagnement de sa levée de fonds – , Ogoxe envisage de porter son équipe à une quinzaine de salariés, notamment en s’entourant davantage de commerciaux, d’ingénieurs et de techniciens.

En marge de la levée de fonds, l’entreprise renforce son dispositif existant. « Nous planchons par exemple sur la gestion énergétique de notre solution car l’IA consomme beaucoup et nous travaillons parfois dans des endroits où il n’y a pas de 230 volts. Pour les communes, nous ajoutons des alarmes pour l’étiage », détaille-t-il. En effet, l’outil permet tout autant de mesurer le risque d’inondation par cours d’eau et submersion marine que le stress hydrique, le Sud-Ouest étant la région la plus touchée.

Outre cette évolution, Ogoxe planche en parallèle, depuis 2018, sur un nouveau prototype en vue d’anticiper les feux de forêt, en effectuant ainsi des mesures d’indicateurs grâce à des capteurs implantés sur le terrain, comme la vitesse et la direction du vent, le taux d’humidité dans l’air, et celui des végétaux, combinées à l’activité humaine. « Nous poursuivons notre travail notamment sur la partie prévision. Nous avons pris du retard en raison de la pandémie car nous devions effectuer des tests cet été qui sont reportés à 2021, explique le dirigeant. Cependant, nous avons d’ores et déjà échangé avec quelques agents territoriaux fortement intéressés par notre solution pour limiter les incendies et les dégâts également à hauteur de 30%. »

Les premiers outils devrait être déployés l’année prochaine afin de donner des alertes d’évacuation lors d’un départ d’incendie.