Premiers résultats probants pour Smart Occitania

Le 11 janvier à Toulouse, Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie, Isabel Garcia Burrel, chef de projet à Enedis et Matthieu Casaux, directeur régional Midi-Pyrénées Sud d’Enedis.

Industriels et laboratoires d’Occitanie imaginent avec Enedis, et le soutien de la Région, le réseau électrique intelligent de demain en milieu rural.

Développer le « premier smart grid régional dédié aux spécificités du réseau électrique rural », telle était l’ambition de Smart Occitania lancé en 2017 avec le soutien de la Région – qui ambitionne d’être en 2050 la première collectivité régionale à énergie positive – et piloté par Enedis, gestionnaire du réseau électrique de distribution. En clair, l’objectif de ce projet qui a mobilisé industriels et chercheurs de la région est de coordonner la production d’énergie renouvelable (EnR) et la consommation d’électricité à l’échelon local. En France, le réseau électrique n’est en effet pas dimensionné pour absorber les quantités toujours plus grandes d’énergie renouvelable produites, qui plus est de manière intermittente, par les centrales photovoltaïques, les méthaniseurs ou les parcs éoliens. Plutôt que de redimensionner ce réseau, ce qui se révélerait très couteux et très long, l’option a été prise en région Occitanie de développer des solutions intelligentes adaptées au tissu local et notamment au milieu rural. Des dispositifs développés depuis trois ans par plusieurs industriels et acteurs académiques de la région, tels Actia, le groupe Cahors, le laboratoire Promes ou encore l’Irit, en lien avec les équipes régionales d’Enedis. Le projet et les solutions qu’il a permis de développer ont fait l’objet d’une restitution le 11 janvier dernier à l’hôtel de Région. 

« Il va falloir accueillir sur le réseau une quantité beaucoup plus importante d’énergie renouvelable pour atteindre les objectifs fixés par la PPE (NDLR, la programmation pluriannuelle de l’énergie est le document stratégique de pilotage de la transition énergétique en France), a expliqué à cette occation Matthieu Casaux, directeur régional Midi-Pyrénées Sud d’Enedis. L’objectif, à travers le projet Smart Occitania, est de se créer une véritable boîte à outils. Il n’y a en effet pas de solution unique pour réaliser la transition énergétique, mais une conjonction de solutions articulées entre elles. » 

BOÎTIERS CONNECTÉS 

Les équipes d’Enedis et du laboratoire Promes ont ainsi développé un algorithme qui permet de prédire les pics de production d’EnR et de consommation à partir des prévisions météo. Ces informations sont ensuite communiquées à des boîtiers intelligents développés par Actia – qui a investi 900 K€ dans ce projet de R& D – et installés, dans le cas précis de l’expérimentation, dans une dizaine de sites, en Ariège, dans le Gers, en Aveyron, en Lozère, dans le Gard, l’Hérault et le Lot. Ces boîtiers communicants équipent ainsi des stations de pompage d’eau potable (sept sont concernées) et indiquent le moment le plus opportun pour remplir le réservoir, mais aussi des méthaniseurs (cinq sont actuellement en test) pour encourager le stockage du gaz à tel moment de la journée pour ne pas provoquer la saturation du réseau. Selon Enedis, cette solution permet également au gestionnaire « de planifier les investissements matériels à plus long terme », les reports de travaux sur les infrastructures pouvant atteindre de « quelques mois à 10 ans selon les sites d’expérimentation et les hypothèses de développement des énergies renouvelables. » 

MAINTENANCE PRÉDICTIVE 

De son côté, le groupe Cahors, qui a investi 800 K€ dans ce projet de R & D, a développé deux solutions d’observation du réseau. Ces capteurs communicants – qui utilisent les réseaux tels que celui de Sigfox ou LoRaWan – informent en temps réel les agents d’Enedis des défauts survenus sur le réseau et leur localisation. Les informations remontées grâce à ces détecteurs permettent de réduire les temps de dépannage. La première solution, dénommée Sentinel D, qui équipe les poteaux des réseaux aériens – 3 000 ont été déployés en région – est déjà commercialisée en métropole auprès d’Enedis via un contrat-cadre et expérimentée également en Nouvelle-Calédonie et en Suisse. L’activité génère ainsi près d’1 M€ de chiffre d’affaires par an pour l’industriel cadurcien. La seconde solution, dénommée Sentinel FRTU, est également exprimentée dans les postes de transformation d’Enedis et en Belgique. Avec ces centralisateurs de données communicants, le groupe Cahors vise également le marché africain où le réseau électrique est plus complexe à observer. 

D’autres études menées par l’Irit, cette fois, visent à utiliser l’intelligence artificielle pour optimiser les opérations de maintenance. Les algorithmes déjà développés permettent en effet de prédire quels tronçons vont dans les prochaines années tomber en panne et ainsi d’envisager des opérations de maintenance prédictive. Mais des travaux complémentaires doivent être menés pour améliorer ces prédictions. 

Selon Enedis, ces solutions ont « permis un gain de temps de 10 % sur les localisations de panne correspondant à un gain pour la réalimentation des usagers de 45 minutes en moyenne lors des coupures ». 

Le projet Smart Occitania a mobilisé à l’échelle de la région 8 M€ dont 5 M€ financés par Enedis et par l’Ademe à hauteur de 25 %. 

REPÈRES 

Enedis en région Occitanie, ce sont :

• 3 700 000 clients
• 3 600 agents 
• 400 M€ d’investissements par an.