Avec Grandschampagnes, nouveau cercle rémois dédié au roi des vins, Emilie Jeangeorges donne corps à son rêve de création d’un lieu qui permette de partager à 360° la passion du champagne.
«Reims m’a beaucoup donné et la Champagne m’a forgée telle que je suis. » Entre cri du cœur et déclaration d’amour il est clair qu’Emilie Jeangeorges voue une passion non feinte à sa ville et à sa région.
De Reims, qu’elle a quittée pour poursuivre ses études et débuter son parcours professionnel, retrouvée, quittée à nouveau pour finalement y revenir vivre et travailler, elle n’aime pas l’image de « belle endormie » – qui s’estompe, avouons-le – et la voit plutôt comme « une altesse royale bien dans ses baskets ! Bien sûr, il y a à Reims une forme d’austérité due à sa minéralité, à une certaine pudeur des Rémois aussi, qui est une façon de se protéger… Mais j’ai vu ‘ma ville’ évoluer. Aujourd’hui Reims attire, à commencer par les médias. Aujourd’hui, elle est ouverte à la jeunesse et les étudiants qu’elle accueille viennent du monde entier. Aujourd’hui, en plein renouveau, Reims est décomplexée ! » Cette ouverture, Emilie Jeangeorges la constate également à l’échelle de la Champagne et du champagne : « L’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco a constitué une étape très forte. Et l’œnotourisme, qui conduit à une appréhension revisitée de ‘l’échange’, est également quelque chose de bénéfique pour tout le vignoble. »
Elle a eu envie de s’inscrire dans cette mouvance, dans cette démarche de partage, et d’apporter sa pierre à l’édifice.
LE GOÛT DU BEAU
Au gré d’une enfance heureuse, Emilie Jeangeorges a retenu « le goût du beau, et cette manière de contempler le monde » que lui ont transmis ses parents, de la Maison de la culture à Reims aux expositions des musées parisiens, en passant par une petite visite aux peintres de la place du Tertre.
Danse classique (« contrôle, grâce… »), escrime (« des codes… et de la combativité »), clavecin (« un heureux hasard et la rencontre d’une professeure qui m’a fait partager sa passion ») sont autant d’activités qui enrichiront la personnalité de la jeune Emilie. Ce beau, et l’émotion qu’il procure, sera d’ailleurs constitutif de son parcours qui, après Neoma (que l’on appelait encore Sup de Co Reims !), la conduira notamment à l’IPSICA, école de référence internationale des métiers du parfum, de la cosmétique et des arômes, fondée par Jean-Jacques Guerlain. Elle travaillera d’ailleurs ensuite deux ans pour la maison Guerlain, avant devenir responsable de la communication du SGV, puis directrice de la communication du Champagne Lanson. En 2004, elle fonde Jeangeorges Communication, « pour promouvoir le monde du champagne, avec un petit portefeuille représentatif de sa diversité (vignerons, coopératives, Maisons…). »
PROGRAMMATION ÉCLECTIQUE
En vérité, Emilie Jeangeorges est une créatrice dans l’âme, avec une vision enthousiaste qui la fait « vivre pour créer ! Il m’est souvent arrivé de ne rien trouver qui réponde à une envie ou un rêve : donc, la création devient une façon de donner corps et réalité à cette envie, à ce rêve… » On l’a compris, Grandschampagnes en procède. Aux yeux d’Emilie, ce lieu dédié au champagne n’existait pas à Reims : « Il y a des caves et des cavistes, des bars à vin, des restaurants, des musées… mais je voulais un endroit spécifique avec une vocation multiple d’accueil, d’apprentissage, de partage, de rayonnement. Un ‘cercle à la française’ – comme on parlerait d’un cercle littéraire, par exemple – d’inspiration ‘club anglais’, empreint d’un humanisme convivial, nourri par le partage des savoirs, des idées, des émotions, qui permette aux esprits curieux et audacieux d’explorer l’univers du champagne dans toute sa diversité, avec une vision à 360°. »
Pour cela, dans ce lieu qui, par nature, « doit vivre », Emilie Jeangeorges prévoit une programmation éclectique, destinée à s’enrichir tout au long de l’année autour de trois axes majeurs : les apprentissages, les rendez-vous, les visites culturelles.
On y dégustera du champagne, bien entendu, autant pour acquérir les bases de la discipline que pour progresser ; on y découvrira les subtilités de l’aquarelle, pour transcrire toutes les nuances de la nature champenoise ; des rendez-vous, des visites culturelles, des journées privées et des soirées thématiques, des expositions aussi, sont au programme et viendront enrichir au fil des saisons l’offre Grandschampagnes, ouverte aux particuliers comme aux entreprises.
EMOTION ET ÉPICURISME
C’est au numéro 5 de la place Godinot, à Reims, qu’Emilie Jeangeorges a trouvé l’écrin dans lequel elle a installé Grandschampagnes. Un immeuble témoin de l’Art déco – ce mouvement architectural du début du XXe siècle, constitutif de l’identité de la ville -, construit en 1931 pour Charles Théron, administrateur des Docks Rémois, dont les volumes sont en parfaite adéquation avec l’animation qu’elle entend y apporter. « J’évoquais ce goût de la contemplation reçu de mes parents… Mais aujourd’hui, dans une société où tout se passe à toute vitesse, a-t-on encore seulement le temps de contempler ? À travers son histoire, sa beauté, son savoir-faire, le champagne s’y prête pourtant à merveille. C’est cet univers d’émotion que j’ai envie de partager et de promouvoir ici, notamment à travers les apprentissages. Apprendre participe du bonheur. Apprendre c’est progresser, et progresser rend heureux. Et si, en plus, il s’agit du champagne ! Finalement, je trouve tout cela très… épicurien. »
Et ça donne envie d’y goûter.