Pour sa relance, la FRTP passe au vert

Développement des mobilités douces, des réseaux de chaleur urbains et renouvellement des canalisations d’eau... autant de pistes que la FRTP BFC souhaite exploiter dans le cadre de la relance verte initiée par le gouvernement.

Lundi 27 juillet, Vincent Martin, président de la Fédération régionale de travaux publics (FRTP) a présenté à la presse les propositions et futures actions envisagées par la profession pour accompagner le cap vert donné par le gouvernement Castex, en matière de relance de l’économie post-Covid.

À l’instar des infirmières et autres éboueurs, les hommes et femmes du bâtiment et des travaux publics ont vu leur image redorée par le confinement. Leur activité ayant alors été jugée « essentielle » à l’économie française par le gouvernement, au point que ce dernier encourage, assez maladroitement, la filière à ressortir pelles et pioches pour retrouver, le plus rapidement possible, la route des chantiers. Une injonction au retour au travail par « civisme » jugée inadmissible, à la fois, par la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) tant elle faisait fi de la sécurité sanitaire des salariés du secteur, alors même que l’on demandait aux Français de rester chez eux… Après quelques amabilités échangées – comme le qualificatif de « défaitistes » lancé par une Muriel Pénicaud alors ministre du Travail – et la publication, le 2 avril, d’un guide des bonnes pratiques, le BTP entamait une reprise progressive de son activité le 20 avril, avant un retour au plein régime le 4 mai. « Malgré un arrêt total de nos activités du 17 mars au 20 avril, nous nous en sortons pas si mal. Quand nous avons pu reprendre, nous avons obtenu du préfet des autorisations de circuler les jours fériés. Nous avons alors pu “manger” du carnet de commandes. Un carnet de commandes qui était déjà complet en début d’année. Sans aller jusqu’à rattraper totalement le retard, nous avons réussi à minimiser l’impact économique sur nos entreprises, notamment sur le plan de la trésorerie. Aujourd’hui la dynamique est là », affirme Vincent Martin, président de la FRTP. Une dynamique qu’il entend conforter à l’aune du plan de relance économique du gouvernement, doté de 100 milliards d’euros, et qui sera présenté le 24 août en conseil des ministres. Celui-ci, présenté à la mi-juillet par le Premier ministre Jean Castex fait état de quatre grands volets : développement de l’industrie, compétences, solidarité et transition écologique. Ce dernier axe devrait se voir allouer la somme de 30 milliards d’euros. Une relance de l’économie par l’écologie qui sied bien à Vincent Martin : « Nous n’avons pas attendu que le gouvernement se mette au vert pour nous intéresser aux problématiques liées à l’environnement. Un exemple le recyclage : il fait partie de notre culture depuis de nombreuses années au point qu’aujourd’hui 50 % des chaussées sont réalisées en enrobé recyclé », développe le président de la fédération. C’est dans cette même optique que l’on trouve sur le site bisontin de L’Écopôle, inauguré en 2017, le cluster Éco-Chantiers travaux publics, véritable pilier d’une économie verte régionale et nationale en devenir. « Que l’on évoque la préservation des ressources, notamment celle de l’eau, le développement des mobilités douces, le numérique comme levier de développement… sur chacun de ces sujets nous sommes des acteurs de premier plan, qui plus est, vecteurs d’emplois non délocalisables (2.000 emplois prévus sur les deux prochaines années en BFC si nous avons une commande publique volontariste) », défend Vincent Martin.

CINQ PROPOSITIONS POUR UNE RELANCE VERTE

Ce soutien à l’économie qui s’appuie sur les infrastructures est accompagné par l’État via différents leviers, que le président des TP a listés lors d’un point presse organisé à Dijon le lundi 27 juillet. Au total, cela représente quatre milliards d’euros pour un plan d’urgence visant à accélérer les investissements en faisant évoluer les dispositifs existants. Dans le détail, le budget initial de 2,5 milliards d’euros de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) s’est ainsi vu augmenter d’un milliard d’euros. Un coup de pouce qui s’accompagne d’une prolongation de deux ans des contrats État- région jusqu’en 2022. « Au niveau régional, cela pourrait se traduire par une poursuite de la mise à 2×2 voies de la RCEA en Saône-et-Loire ou encore la modernisation de la ligne ferroviaire touristique des hirondelles, reliant Dole à Saint-Claude dans le Jura. » Le plan prévoit également, 1,3 milliard d’euros pour booster le Fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA) et ainsi soutenir l’investissement public local et permettre aux collectivités territoriales d’être le moteur de la relance économique par le lancement de nouveaux appels d’offre. Autres augmentations significatives (+ un milliard d’euros) : celles de la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) et de la Dotation de soutien à l’investissement local (DSIL). « Cela doit permettre au préfet qui, en la matière, a un rôle d’arbitre, de faire levier sur le bloc communal avec des coefficients multiplicateurs qui vont d’un à cinq, précise Vincent Martin, tout en regrettant que de nombreux projets aient été bloqués par une mise en place des nouveaux maires élus, qui a pris pas moins de trois mois pour être effective. Et même si aujourd’hui le regain d’appel que nous commençons à constater tend à montrer que nous avons été entendus, il convient de maintenir la pression et d’aller vite maintenant, afin d’éviter un trou d’air cet automne ». Enfin, de nouvelles subventions ont été accordées aux agences de l’eau avec des fonds fléchés au niveau des bassins (+ 0,5 milliard d’euros). De même, le plan France Très haut débit (THD) porté par les départements a été enrichi à hauteur de 0,2 milliard d’euros au niveau national. Concernant le plan de transformation écologique, la fédération qui souhaite en devenir un acteur incontournable, propose cinq pistes de travail, comme celle de développer les infrastructures de mobilités douces (réalisation de véloroutes et autres pistes cyclables), les bornes de recharge électrique et les stations à hydrogène ; moderniser et étendre les réseaux de chaleur urbains. Viennent ensuite, la préservation et la sécurisation des ressources, comme l’eau : « cela passe notamment par le renouvellement et l’entretien des réseaux qui affichent un taux de fuite de 20 % en France. En Bourgogne Franche-Comté, cela représente un million d’euros de pertes tous les jours ! Ce seul point est un véritable gisement potentiel d’emplois (un emploi direct créé pour 100.000 euros investis) », affirme le président de la FRTP, qui projette également d’accélérer les grands projets comme la finalisation de la branche Est de la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône. Il s’agira enfin, de conseiller et d’accompagner les collectivités au changement climatique : « Dans l’aménagement des bourgs en espaces de vie, espaces verts, dans le maintien des continuités écologiques… nous sommes en mesure d’apporter des idées », précise Vincent Martin, tout en se réjouissant de l’arrivée de l’écologiste Anne Vignot à tête de la municipalité de Besançon : « C’est une vraie opportunité pour toutes nos entreprises ! »