Professeur d’anglais au début de sa vie active, Geneviève Lamour est devenue gérante de papeteries puis directrice de la Libraire Rimbaud, rachetée en 2014 à Charleville-Mézières.
Originaire de Rabat (Maroc), fille d’un sous-officier de l’armée de l’air et d’une mécanographe disparue très tôt, Geneviève Lamour a passé sa jeunesse entre la capitale parisienne et Reims, les deux endroits où elle a suivi son cursus scolaire.
Après avoir passé son baccalauréat, elle entame des études à l’université de la Sorbonne pour décrocher une maîtrise d’anglais.
« Suite logique à cette formation, je suis devenue professeur d’anglais en enseignant cette langue dans un établissement privé de la région francilienne puis à Amiens ».
Mais la carrière de Geneviève Lamour au sein de l’Education nationale va être très brève. Explications de l’intéressée : « Mon mari ayant repris la concession Olivetti à Charleville-Mézières, j’ai posé mes valises dans les Ardennes en 1977. J’ai d’abord aidé mon époux dans la comptabilité, mais les hasards de la vie ont fait qu’on s’est séparés et j’ai alors décidé de voler de mes propres ailes et de m’émanciper ».
RACHAT DE LA PAPETERIE FLOQUET
Ayant racheté avec son ex-mari, à la famille Carlier, la papeterie Floquet, située rue de Mantoue et dont la création remontait à 1919, Geneviève va alors y travailler comme gérante et découvrir sans le savoir sa nouvelle vocation.
« Je me suis lancée dans cette activité par la force des choses et avec trois personnes. Pour moi, il s’agissait alors d’une belle opportunité. Une prolongation aussi à l’expérience vécue durant quelques mois chez Olivetti dans la vente de machines à écrire et d’ordinateurs. La papeterie a donc été une nouvelle corde à mon arc ».
Elle va effectuer beaucoup de changements à l’intérieur de ce magasin avant de le transférer, en 1994, quelques centaines de mètres plus loin. Dans l’avenue Charles-Boutet, le magasin passera sous différentes bannières : Floquet, Espace Nevers, la prise de franchise Bureau Center tout en changeant de dimension.
UN SUPERSTORE DE 630 M2
« Nous nous sommes installés dans un espace de 630 mètres carrés en lieu et place du garage Toyota qui avait lui-même succédé à une station service Simca. Cela rappellera bien des souvenirs aux anciens carolomacériens. Dans ce bâtiment complètement réaménagé, en plus de la papeterie, on a progressivement élargi notre gamme de produits en proposant à la vente des fournitures et du mobilier de bureau, de la bureautique et de l’informatique ».
Avec bien sûr une équipe qui a grossi au fil des années pour atteindre un effectif de quatorze salariés, dirigée depuis 2017 par Régis Lefranc, un pilier de la maison.
« Désormais, je me contente d’un petit actionnariat. Lâcher des responsabilités me permet de mieux dormir. Car, au fil des évolutions, il a fallu recruter des vendeurs spécialisés, des techniciens, des livreurs et des préparateurs en plus des vendeurs ».
Nouvelle étape en mars 2019 après la disparition de la franchise Bureau Center. « Notre groupement, connu par les professionnels sous le nom de Majuscule, a créé un nouveau réseau en passant alors sous l’enseigne et le giron d’IOBURO dont on est devenu un des premiers adhérents ».
Depuis cette réorganisation interne, le magasin dispose d’un site commerçant « quick and collect » avec commande en ligne et réalise 80 % de ses ventes « à terme » avec des professionnels démarchés par les commerciaux.
LIBRAIRIE RIMBAUD : « C’ÉTAIT ÇA OU LA RETRAITE »
Entre-temps, le 29 décembre 2014, Geneviève Lamour a repris la librairie Rimbaud, une institution carolomacérienne, à la barre du tribunal de commerce de Bar-le-Duc à la suite du groupe Ducher qui possédait quatre autres librairies dans l’Est de la France.
« J’ai postulé en pensant que ce rachat était une belle opportunité de développement et de synergie. Pour moi, c’était ça ou la retraite. Et comme chez moi la retraite est un gros mot, j’ai foncé et décidé de relever un beau challenge. Avec l’objectif de tenter de sauver l’un des plus beaux bâtiments de la rue piétonne. Sa disparition aurait été un mauvais coup pour le commerce de centre-ville.
Et puis, c’était aussi l’occasion de mettre à profit mes années d’expérience dans ce métier. Il y a eu beaucoup de questionnements au départ car on est parti de rien. Tout s’était arrêté. On a donc donné une nouvelle vie à l’endroit et, in fine, on a vécu une belle aventure ».
En l’espace de cinq ans, sous la coupe de Geneviève Lamour, les treize employés qui l’accompagnent ont revu leur façon de travailler, œuvré à la modernisation et au rajeunissement du magasin, créé un rayon numérique (tablettes et liseuses), ouvert un troisième étage dédié aux produits dérivés d’Harry Potter et à la culture manga, multiplié les échanges avec les associations et les bibliothèques ainsi que les dédicaces qui permettent des rencontres entre écrivains et lecteurs. Pour le grand plus plaisir des usagers ardennais très attachés à ce morceau du patrimoine carolomacérien très fréquenté, la Librairie Rimbaud en s’ouvrant au XXIe siècle est redevenue un pôle culturel en retrouvant toute son aura.
À 70 ans, mais chut ne le répétez pas trop fort, Geneviève Lamour n’envisage pas d’arrêter.
« Le travail ne me quitte jamais longtemps, même lorsque je rentre chez moi le soir. Car il a toujours des sujets de réflexion à approfondir ». Seules, la marche et la lecture lui permettent de se « vider la tête et oublier un peu la vie professionnelle ». Voilà plus de 40 ans qu’elle est présente dans le tissu commercial du chef-lieu des Ardennes. Au point que cette commerçante fort discrète est devenue emblématique…
