Pour ces jeunes, les entretiens d’embauche n’ont plus de secret

Dans une organisation millimétrée, les lycéens se sont frottés à l’exercice des entretiens d'embauche. Un entraînement qui peut déboucher sur de vraies opportunités. (Photo: JDP)

L’espace Jean Bouhey à Longvic accueillait la septième édition des « Job Training » organisée par l’agence d’intérim CRIT et trois lycées. Lors de mises en situations concrètes, les jeunes ont pu s’entraîner aux entretiens d’embauche.

Les « Job Training” sont un évènement pédagogique, qui vise à aider les jeunes à réussir leurs entretiens d’embauche et leur CV », décrivait Guillaume Chobaut, directeur secteur de CRIT Bourgogne, lors de sa septième édition. Organisé par l’agence d’intérim et les lycées Hippolyte Fontaine et Saint Joseph à Dijon, ainsi que le lycée professionnel Antoine à Chenôve, l’évènement s’est déroulé le 4 avril à l’espace Jean-Bouhey de Longvic. Durant toute l’après-midi, les lycéens, tous issus de bacs professionnels, ont rencontré la trentaine d’entreprises venues jouer le jeu des entretiens d’embauche. Les jeunes venus participer à ces « Job Training » ont, pour la majorité, déjà été confrontés à l’exercice au moins une fois, lors de stages, obligatoires en bac professionnel. Même si le baptême du feu est déjà passé, l’appréhension est toujours là et le début des entretiens se faisait dans une ambiance tendue. Les recruteurs sont habitués et même armés de sourires bienveillants et de petites plaisanteries, détendre l’atmosphère n’est pas toujours facile. Mais pour ce lycéen passionné de camion la conversation se délie lorsque l’employeur lui demande son modèle préféré. « On voit une vraie évolution au fil de l’entretien. Au début ils sont assez crispés et à la fin ils arrivent à se détendre » explique Vincent Lacour responsable de ID Logistics. Un stress de se lancer qui est ressenti par tous les jeunes présents. « Ce qu’on redoute le plus c’est les questions pièges, quand on nous demande nos points forts ou nos points faibles par exemple ! Mais ça va, on n’en a pas eu » s’expriment, soulagés et satisfaits, deux élèves en bac pro Maintenance des équipements industriels (MEI) au lycée Hippolyte Fontaine à Dijon. La jeune Laura, qui veut devenir intégrateur robotique, a elle aussi appréhendé son premier entretien de l’après-midi qui s’est finalement bien déroulé. « J’avais peur de ne pas savoir quoi faire ou quoi dire. Finalement, c’est venu tout seul, je n’aurais jamais cru ».

DONNER CONSEILS ET CONFIANCE

Désacraliser l’entretien professionnel n’est pas toujours simple. Pour rassurer et donner toutes les clés aux lycéens, après chaque entretien, c’est le passage obligé à l’atelier débriefing animé par des employés de CRIT. Tout au long de l’après-midi, Alexia Laprevotte répète ses deux principaux conseils : « Le plus important c’est de se renseigner sur l’entreprise et se préparer aux questions que l’on peut vous poser. Il faut aussi rester soi-même et être dans un échange avec l’entreprise. Lui montrer ce qu’on peut lui apporter et lui expliquer ce qu’on attend d’elle ». Le tout conclu d’un « tout ira bien ».

Un des objectifs est donc également d’aider les jeunes à avoir confiance en eux et dans leurs capacités. Pour les occuper entre deux entretiens, des ateliers ludiques avaient été installés : Camion Facom empli d’outillages que les lycéens seront susceptibles d’utiliser dans leur métier, voiture tonneau pour les sensibiliser à la sécurité routière, mais aussi des tests de personnalités pour pointer les points forts et points à améliorer chez chacun. « Certains jeunes se rendent compte qu’ils ont des atouts, que dans des domaines ils sont meilleurs que les autres, c’est leur valeur ajoutée. Beaucoup n’en ont pas conscience » explique Charlotte Bousset, de CRIT, en charge de faire passer les tests.

DES PARCOURS PROFESSIONNELS VALORISÉS

Donner confiance : un enjeu majeur de la journée qui vise aussi à revaloriser les parcours professionnels. « À la base on a créé cet évènement il y a sept ans, parce qu’on avait du mal à attirer des jeunes dans les filières pro. Les bacs généraux sont trop sacralisés. Les jeunes qui sortent des bacs pro ont autant d’avenir que les autres. Il faut aussi valoriser l’intelligence de la main » déclare Martial Gaillard, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques au lycée Saint-Joseph à Dijon. Et même si l’évènement n’a pas pour but d’être un « forum d’emploi, où les entreprises font leur marché » comme le dit Guillaume Chobaut, les lycéens sont souvent rappelés pour des jobs d’été ou des contrats. Marjorie Cordon de la société GEA, spécialisée dans les tanks à lait et les systèmes de refroidissement, a accepté de faire le déplacement pour la première fois cette année et après avoir reçu cinq lycéens, elle est satisfaite de ses rencontres : «Cet évènement, c’est aussi une opportunité de trouver des stagiaires. Nous travaillons avec des compétences spécifiques où ce n’est pas toujours facile de recruter. C’est bien de pouvoir prendre des jeunes directement à l’école pour les former dans l’entreprise et les garder». Trait d’union entre les entreprises, les lycéens et les professeurs, les « Job Training » tentent de faire se rencontrer tous ces acteurs pour partager et comprendre les attentes de chacun.