Cerfrance Gascogne Occitanie : le changement

Christine Huppert, directrice générale de Cerfrance Gascogne Occitanie, et son président William Villeneuve.

Traditionnellement associé au monde agricole, le réseau associatif d’experts-comptables s’étend à la ville, en quête de nouveaux adhérents.

Né le 1er janvier dernier de la fusion entre ses antennes d’Ariège, de Haute-Garonne et du Gers – qui couvre aussi les Pyrénées-Atlantiques –, Cerfrance Gascogne Occitanie (CGO) est dirigé par Christine Huppert, sa directrice générale, et par son président William Villeneuve. Déclinaison régionale de ce réseau associatif de cabinets d’experts-comptables, qui compte en France 1 300 salariés pour 40 000 clients, et a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires d’environ 80 M€, CGO rassemble, 400 collaborateurs (24 M€ de CA en 2018) et 30 agences organisées de telle façon que, promet William Villeneuve, « chacun de nos adhérents est à moins d’une demi-heure de son agence ! » Un détail qui, pour le dirigeant, n’en est pas un puisque « la proximité, l’implantation dans les territoires fait partie de notre éthique ».
Un argument qu’avec Christine Huppert, ils mettent aussi en avant pour séduire de nouveaux clients, en particulier dans « le monde urbain ». Car bien qu’une grande partie de la clientèle de CGO soit composée d’agriculteurs, « l’étiquette “agricole” que nous avions est tombée depuis bien longtemps, mais elle reste ! »

Pour preuve, « sur 9 700 adhérents de CGO, 3 700 d’entre eux ne sont pas agriculteurs. Ce sont des professions libérales, des artisans, des commerçants, des entreprises de services… » Cette diversification de la clientèle – même si, chez CGO, on préfère parler d’adhérents, « puisqu’ils votent et qu’il y a une éthique » – est d’autant plus nécessaire que « l’on s’aperçoit qu’il y a une érosion annuelle de notre nombre d’adhérents, notamment des agriculteurs qui partent à la retraite ; c’est pour cela que nous avons besoin de compenser leur départ, et en trouver de nouveaux ».

Ainsi, poursuit William Villeneuve, « pour 10 départs, il y a huit agriculteurs et deux artisans, commerçants ou professionnels des services » ; et parmi ceux qui rentrent dans le réseau, c’est l’inverse. D’où la nécessité pour CGO de se développer et « de changer son étiquette » en étendant ses implantations, ses missions et ses pratiques. Le changement de paradigme est d’ailleurs tel, dans la lignée d’un axe stratégique baptisé… « “oser”, pour aller vers le monde urbain que nous connaissons moins (…) que nous avons créé une structure ex nihilo, qui s’appelle TAG Expertise pour nous déployer au centre de Toulouse, explique Christine Huppert, car nous nous sommes dit que les horaires et les attentes ne seraient pas les mêmes : donc, nous voulions de l’agilité dans nos équipes » pour « faire des choses un peu différentes, où l’on s’adapte plus au client ».

C’est pourquoi, après l’ouverture de deux agences en 2017 hors zone rurale, à Colomiers et à L’Union, CGO a créé en juin une antenne à Toulouse même, au Marché d’intérêt national (Min), qui se transformera peut-être, à terme, en une agence de plusieurs personnes. Pour l’instant, souligne la directrice générale, l’heure est surtout à l’analyse des besoins des entreprises présentes au Min, qu’il s’agisse « de questions administratives, juridiques, de fiscalité ou de structuration » de la société ; un réservoir de nouveaux clients des plus alléchants puisque, rappelle Christine Huppert, l’ancien marché-gare ne rassemble pas moins de « 300 adhérents agriculteurs et entre 2500 et 3000 commerçants qui viennent s’y approvisionner ».

Sauf qu’à Toulouse, CGO arrive dans un secteur où la concurrence entre experts- comptables est déjà forte, et où elle promet d’être impitoyable de la part d’acteurs bien installés… D’autant que la loi Pacte est passée par là, en privant les experts-comptables d’une partie non négligeable de leur activité de commissaires aux comptes du fait d’un relèvement des seuils obligatoires ! Une entrée dans la mêlée qui ne semble pas inquiéter chez CGO, William Villeneuve et Christine Huppert pariant avant tout sur leur sens « de la proximité géographique » mais en développant toutefois, celle des relations : un plan de formation de plusieurs jours pour les 400 collaborateurs a été par exemple mis en place. Surtout, le réseau associatif compte insister sur sa « pluridisciplinarité qui nous permet d’être un guichet unique » pour les adhérents, CGO proposant tant de l’accompagnement juridique que du conseil en gestion, de l’expertise en droit social et rédaction de contrats de travail, etc. CGO a aussi créé « une offre de transformation digitale, pour les aider à créer un site web commerçant, dans l’administration des factures dématérialisées et l’organisation de leurs équipes » dans ce virage numérique. Cerfrance Gascogne Occitanie est également présent, pour les start-up, au Village by CA.