Mi-février à Dijon, Pôle emploi Bourgogne Franche-Comté présentait ses résultats pour 2019 ainsi que sa feuille de route pour les trois années à venir. Au programme : des évolutions majeures, notamment en direction des publics les plus démunis avec pour objectif l’emploi durable.
Alors qu’en Bourgogne Franche- Comté, le taux de chômage continue de baisser pour s’approcher des 7 % de la population active (8,1 % au niveau national), Pôle emploi présentait mi-février son plan d’actions, dans le cadre de la convention tripartite signée fin 2019 entre Pôle emploi, l’État et les partenaires sociaux. « Avec un nombre de demandeurs d’emploi, toutes catégories confondues, de 210.940 en moyenne au quatrième trimestre 2019, Pôle emploi BFC verse, chaque mois, 92 millions d’euros d’allocations chômage, précise Frédéric Danel, directeur régional de Pôle emploi BFC. Des allocations dont le premier versement est obtenu en moins de 15 jours pour 95,8 % des demandeurs d’emploi, soit une augmentation du paiement dans les délais par l’agence de 1,7 points par rapport à 2016. Autre donnée positive : 95,7 % des inscrits accèdent à un emploi de plus d’un mois, dans les six mois qui suivent leur entrée à Pôle emploi ».
FAIRE PLUS POUR LES PLUS FRAGILES
Une amélioration du service qui explique sans doute les 77 % de demandeurs d’emploi qui se disent satisfaits de leur suivi par Pôle emploi (+ 12,2 points par rapport à 2016). « Nous avons l’intention de faire augmenter encore cette valeur, c’est pourquoi nous allons développer, sur les prochaines années, un ensemble d’actions qui s’inscrivent à la fois dans un renforcement d’éléments de continuité et dans la mise en place d’évolutions majeures ». Un certain nombre d’actions viseront « ceux qui en ont le plus besoin ». Dans le cadre du plan pauvreté (2020-2022), il s’agira en particulier : de suivre deux fois plus de demandeurs d’emploi en accompagnement global. Ce dispositif consiste en un suivi partagé entre Pôle emploi et les travailleurs sociaux des conseils départementaux. Il a été expérimenté pour la première fois en 2014 dans le Doubs. En 2019, 4.237 demandeurs d’emploi ont intégré cet accompagnement renforcé, soit + 50 % par rapport à 2018, avec un taux de retour à l’emploi de 47 %. « Un effort sera également porté sur la mise en place de formations ciblées en direction des demandeurs non qualifiés », ajoute Annicet Loembe, directeur régional adjoint de Pôle emploi BFC. En 2019, 31.162 entrées en formation ont été réalisées dans la région (+ 1,4 % en un an). Les personnes non qualifiées représentaient alors 57,8 % de ces entrées. « Sachant, que 59,7 % des sortants de formation ont accédé à un emploi six mois après, avec un tiers en emploi durable, l’enjeu est de taille », appuie le directeur adjoint.
DU NOUVEAU AUSSI POUR LES PLUS AUTONOMES
Autre chantier important : le Service public de l’insertion (SPI). Au niveau national, 14 projets pilotes viennent d’être lancés. Le département de l’Yonne, fait partie de ce dispositif expérimental qui vise à mieux coordonner tous les acteurs de l’emploi sur le territoire (État, missions locales, Pôle emploi…) pour améliorer l’accompagnement des allocataires du RSA, avant la perspective de la mise en œuvre du futur Revenu universel d’activité (RUA). « Dans l’Yonne, 300 personnes par mois, en moyenne, entre au RSA. Parmi-elles, seulement 40 % s’inscrivent à Pôle emploi. Avec ce nouveau dispositif qui joue la carte de la synergie, du « plus fort, plus vite ensemble », nous allons faire bénéficier à tous ces entrants au RSA d’un diagnostic 360 degrés global. À la fois social et professionnel, il sera proposé par les travailleurs sociaux et les équipes de pôle emploi dans une logique d’emploi d’abord », argue Frédéric Danel. L’État a prévu un budget de cinq millions d’euros qui sera ventilé sur les 14 projets pour financer l’ingénierie et l’évaluation.
Toujours dans cette optique de coopération entre acteurs et afin d’améliorer l’accès ou le retour à l’emploi des chômeurs en situation de handicap, 2020 verra la création d’un lieu unique d’accompagnement Pôle emploi – Cap emploi. Au national, dix territoires démarrent ce rapprochement opérationnel des équipes qui voient des conseillers Cap emploi être présents chaque jour en agence Pôle emploi. En Bourgogne Franche-Comté, Nevers a débuté en janvier cette co-construction d’une offre de service commune et inclusive. L’ensemble de la Nièvre et l’Yonne seront concernés dès septembre 2020, avant une extension à toute la région.
Pour les chômeurs autonomes, la nouveauté rime avec numérique : avec la possibilité de prendre leur rendez- vous en ligne ou encore l’utilisation de la visioconférence comme modalité d’échanges avec son conseiller. « En complément, sera proposé, fin 2020, aux publics les plus à l’aise avec leur recherche d’emploi d’intégrer une communauté animée par des conseillers Pôle emploi qui favorisera la mise en réseau avec les autres demandeurs d’emploi, proposera des diagnostics, des ateliers collectifs et autres outils en ligne… », développe Annicet Loembe.
Pour les demandeurs d’emploi cumulant des périodes d’emploi et de chômage, la mise en œuvre des nouvelles règles de calcul de l’assurance chômage en avril, fera baisser leur allocation journalière. En parallèle, ils bénéficieront d’une prestation spécifique destinée à leur donner les clés pour accéder à un emploi durable. Cette prestation pourra être suivie en fin de journée ou le samedi pour coïncider avec leurs disponibilités. Un travail avec les branches professionnelles sera également mené, dans les secteurs d’activités où l’emploi à temps partiel prédomine, afin de développer les groupements d’employeurs et le recours au temps partagé.
DES ACTIONS RÉACTIVES ET SUR-MESURE
Pôle emploi mettra progressivement en place un conseiller référent pour chaque demandeur d’emploi indemnisé. Cela permettra de se projeter plus sereinement vers une reprise d’emploi, de bénéficier de conseils personnalisés, et ce à chaque “moment clé” du parcours de la personne.
Tout demandeur d’emploi nouvellement inscrit se verra également proposer, dans les dix jours après son inscription, jusqu’à deux demi-journées de diagnostic approfondi (au lieu d’une fois 50 minutes auparavant). Toutes les expertises de Pôle emploi seront mobilisées en même temps en agence, pour animer ce nouveau diagnostic. Ce “pack de démarrage” renforcé, d’abord expérimenté dans cinq agences (Besançon Témis, Cosne-sur- Loire, Montceau-les-Mines, Saint- Claude et Belfort Europe), sera déployé sur l’ensemble de la région d’ici à la fin de l’année. Ces demi-journées permettront de recevoir en collectif et en individuel de 10 à 12 demandeurs d’emploi réunis autour de plusieurs conseillers spécialisés en accompagnement, indemnisation, entreprises… et des psychologues du travail. « Ce service plus riche et plus complet dès le départ doit permettre de faire le point sur les compétences et les besoins de chaque chômeur, de mieux identifier leurs freins à la reprise d’emploi, de leur présenter les différents outils de Pôle emploi, de déclencher des actions prioritaires dès la première journée de réunion, de développer entraide et échanges entre les demandeurs d’emploi et de les projeter plus rapidement sur le marché du travail local », argumente le directeur. Enfin, pour rendre l’accompagnement des demandeurs d’emploi plus réactif et ainsi prévenir les situations de découragement, Pôle emploi BFC poursuit cette année l’expérimentation du “Journal de la recherche d’emploi”. Avec Centre-Val de Loire, notre région est la seule à participer à cette démarche.