PME cherche informaticiens désespérément

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L’association pour l’emploi des cadres a dévoilé le 19 février les résultats du marché de l’emploi des cadres en région et les perspectives d’embauche pour 2019.

En 2018, 15 570 cadres ont été recrutés en Occitanie. C’est beaucoup – pour mémoire, les recrutements de cadres ont atteint la barre des 13 500 en 2016 et frôlé celle des 15500en2017–mais un peu moins qu’attendu. Les entreprises de la région, interrogées par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) en décembre 2017, prévoyaient en effet pour 2018 de recruter 16 000 à 17 700 cadres au cours de l’année qui vient de s’écouler, soit une hausse de 3 à 14% des effectifs d’encadrement en région.
Au final, la progression se limite donc à 1,3 % sur un an, la région comptant fin 2018 268 870 cadres. La faute à une hausse du nombre des départs (retraites, démissions, licenciements) qui ont grimpé l’an dernier de 4 % à 15 750, ainsi qu’à la baisse du nombre des promotions au statut cadre qui ont reculé de 6%, à 3760. Mais cette moindre performance est surtout due, assure Jean-Sébastien Fiorenzo, délégué régional Occitanie de l’Apec, « aux difficultés que connaissent les TPE-PME pour recruter des profils d’ingénieurs et d’informaticiens frappés de pénurie », les difficultés étant plus marquées en Occitanie du fait que ces profils y sont particulièrement recherchés. Ainsi, si le marché de l’emploi des cadres reste très dynamique en région – l’Occitanie conserve sa troisième place en nombre de recrutements derrière l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, mais est rejointe sur le podium par les Hauts-de-France et Paca –, il marque le pas par rapport au reste de la métropole où l’an dernier, les effectifs de cadres ont progressé de 11 %. Au final, ce sont 3 580 postes de cadres qui ont été créés l’an dernier en Occitanie contre 4 310 en 2017, année particulièrement faste puisque le nombre de recrutements de cadres avait progressé de 15 % et celui des promotions de 9 %.

ENVIRON 16 420 RECRUTEMENTS DE CADRES PROJETÉS EN 2019

Interrogées d’octobre à décembre de l’année dernière par l’Apec, les entreprises de la région prévoient une nouvelle hausse de leurs effectifs cadres cette année. Elles projettent en effet de recruter de 15 890 à 16 950 « cols blancs », soit une hausse de 2 à 9% de leur nombre, en phase avec les projections nationales où la hausse oscille entre +2 et +10 %. Les perspectives d’embauches sont nettement mieux orientées dans l’ex-Midi-Pyrénées qui concentre plus de 70 % des recrutements de la région. Dans les huit départements de l’ouest de la région, la croissance des effectifs pourrait atteindre de 6 à 11 %, tandis que dans les départements de l’ex-Languedoc-Roussillon, la fourchette s’établit de -7 à +4 %. Alors que 13 % des entreprises de la région prévoient d’augmenter leurs effectifs cadres, cette proportion grimpe à 15 % en Haute-Garonne.

UN QUART DE POSTES D’INFORMATICIENS

Sans surprise, le secteur le plus porteur est celui des services qui devrait générer près des trois quarts des recrutements de cadres en Occitanie soit 74 % contre 72 % au niveau national, loin devant l’industrie (17 %), le commerce (5 %) et le BTP (4 %). Comme les années précédentes, plus d’un recrutement de cadre sur deux devrait concerner les fonctions d’ingénierie dans l’informatique (25%) et la R&D (23%). « Compte tenu de la difficulté qu’ont les PME à recruter des informaticiens, cela peut mettre en péril le développement économique de certaines entreprises », reconnaît Jean- Sébastien Fiorenzo.

Les besoins d’informaticiens sont particulièrement prégnants en Occitanie sachant qu’ils plafonnent à 21 % en Ile-de-France et à 18 % dans les Hauts-de-France et en Paca.

« Au point qu’à l’Apec, on est en train de travailler, comme on l’a fait l’année dernière, avec le Fafiec (l’opérateur qui collecte et gère les contributions des entreprises des métiers de l’ingénierie, du numérique, des études, etc., NDLR) et le Syntec (la fédération de syndicats des professionnels de l’ingénierie, du numérique, des études et du conseil, NDLR) avec lesquels nous avions organisé des rencontres, pour essayer d’amener d’autres personnes vers ses fonctions, avec de l’accompagnement et des formations, et permettre aux TPE-PME mais aussi aux grands groupes qui recherchent ce type de profils de les recruter. Aujourd’hui, les entreprises sont prêtes à payer des formations et à accompagner les personnes qui se rapprochent le plus de ce type de profil, vers les fonctions dont elles ont besoin, explique Jean- Sébastien Fiorenzo. Ce sont ces difficultés qui, à mon avis, expliquent que l’Occitanie a connu une année 2018 moins faste en termes de recrutements ». L’Apec a accompagné l’an dernier près de 620 PME dont une partie (de l’ordre de 10 %) n’ont pas recruté en raison de cette pénurie. « Ce qui soulève la problématique de l’attractivité de ces entreprises, puisqu’on est typiquement là dans la loi de l’offre et de la demande, les personnes allant vers les structures les plus attirantes en termes de perspectives et de politique RH, ajoute le délégué régional. Plus globalement, cela questionne la politique RH de ces entreprises, la marque employeur, et plus globalement l’attractivité de tel secteur ou typologie d’entreprise. »

LES JEUNES CADRES TRÈS COURTISÉS

Les projets de recrutements privilégient les jeunes cadres dotés d’une expérience d’un à cinq ans (32 % des recrutements), tandis que les jeunes diplômés (qui possèdent moins d’un an d’expérience) pourraient être concernés par un recrutement sur cinq (19 %). « Ce sont de simples prévisions, précise Jean-Sébastien Fiorenzo, car lorsque les entreprises ne parviennent pas à recruter, elles peuvent changer leurs critères d’embauche. Nous ne sommes pas à l’abri d’un tel phénomène en cours d’années. »

Ce d’autant plus que, compte tenu de la date à laquelle a été menée l’enquête de l’Apec, « on ne mesure pas encore les conséquences du protectionnisme à l’échelle internationale, du Brexit et du climat social en France », ajoute-t-il. À l’échelon national, l’Apec s’attend cependant à une progression des recrutements de cadres jusqu’en 2021 où ils pourraient atteindre le niveau record de 300 000 embauches contre 266 400 l’an dernier.