Plus que jamais mobilisés pour les plus démunis

Comme beaucoup d’associations d’aide aux personnes précaires, l’épicerie sociale et solidaire Épi’sourire à Dijon a dû revoir son organisation pour continuer à distribuer des denrées alimentaires.

«Fermer l’épicerie est impensable », déclare d’une voix grave Patricia Aguera, responsable d’activités et chargée de projets à l’épicerie sociale et solidaire Épi’sourire. « Les personnes que nous accueillons ne peuvent pas faire leurs courses ailleurs, elles n’en ont pas les moyens. Elles n’ont pas non plus fait de stocks. Pour elles, cette épidémie, c’est la double peine : nous ne pouvons pas les laisser tomber. » Pourtant, l’épidémie de coronavirus a contraint certaines associations venant en aide aux plus démunis à fermer leurs portes ou à réduire leurs accès. Convaincue du caractère vital que revêt l’épicerie pour ses bénéficiaires, Patricia Aguera et son équipe composée en tout, de 26 bénévoles, dont quatre permanents, ont dû s’adapter. « Le premier chamboulement a été la diminution de nos bénévoles qui sont majoritairement âgés. Évidemment, il n’était absolument pas question de mettre qui que ce soit
en danger. Il était donc préférable qu’ils restent chez eux. Par conséquent, deux bénévoles, plus jeunes, sont venus en renfort. Nous sommes donc six, ce qui nous permet de poursuivre sereinement. Dans un second temps, le lendemain de l’annonce de la fermeture des écoles, nous avons mesuré le sol pour disposer des chaises préalablement désinfectées, à un mètre d’intervalle chacune pour que les bénéficiaires puissent attendre confortablement sans être en contact avec les autres.
» L’épicerie a également subi un réaménagement dans l’urgence : « Nous avons supprimé notre espace consacré aux vêtements pour pouvoir y déposer directement les palettes lors des gros arrivages, cela nous permet de gagner du temps. Un système de sas a aussi été mis en place et nous avons décomposé l’épicerie en espaces, un pour les produits d’hygiène, un autre pour les légumes et ainsi de suite. Ces différents périmètres nous permettent une meilleure gestion des flux de clients que nous faisons rentrer au compte-goutte. »

Selon Jocelyne, une bénévole de 64 ans, la vigilance sur le nettoyage des lieux et du mobilier s’est accrue : « Les portes, les chaises, le tapis de caisse… Tout est passé à l’eau de Javel pour désinfecter. Les caddies, que nous, bénévoles remplissons nous- mêmes à la caisse pour limiter les contacts, sont d’ailleurs nettoyés entre chaque client ».

Pour se protéger l’équipe a par ailleurs construit avec des cadres en plexiglas, une cabine à la caisse. Un système D dont s’amuse Patricia Aguera : « On fait avec ce qu’on a. Nous avons fait le tour des pharmacies pour avoir des masques en vain. Alors on a bricolé des masques en tissu doublés avec des feuilles d’essuie-tout ou de la laine polaire, on met des gants, bref, on expérimente des choses, c’est mieux que rien. » Et si les denrées venaient à manquer ? « Pour l’instant, nous n’avons aucune angoisse. Cela faisait un moment que nous travaillions sur le suivi des stocks car nous avions des problèmes d’approvisionnement notamment en lessive et papier toilette. Pour résoudre ce problème, nous avons mis en place une politique pour ne jamais avoir de ruptures, donc, les commandes sont lancées, nous aurons ces produits. Les seules craintes vont désormais porter sur les délais d’approvisionnement, une éventuelle hausse des prix et surtout les difficultés que rencontrent certains bénéficiaires habitants de Fontaine d’Ouche ou des Grésilles avec la notion de périmètre à respecter. Ils ont peur de recevoir des amendes en venant ici. Pourtant, ils n’ont pas le choix, ils ne peuvent pas aller ailleurs pour leurs courses », redoute-t-elle. Située place Jacques Prévert à Dijon, Épi’sourire accueille jusqu’à 3.800 bénéficiaires.