Plus de familles traditionnelles et recomposées dans le Grand Est qu’en moyenne nationale

Recensement 2020

Daniel Huet, Directeur régional adjoint INSEE Grand Est, Chef de l'établissement de Reims, Mireille Florémont, Adjointe au Chef d'établissement.

En annonçant son recensement 2020, l’INSEE publie son enquête sur le statut des ménages régionaux et les conséquences sur l’emploi et les conditions de logement. L’Aube, pour l’importance relative de sa monoparentalité et les deux départements alsaciens pour celle des familles « traditionnelles » s’y distinguent.

Le recensement pourquoi, comment et avec quelles évolutions au fil des années ? L’INSEE, dans un bel exercice pédagogique dit tout et ne cache pas son espoir de voir rapidement se dématérialiser une étude qui mobilise à l’échelon national, pour 2020 et pendant un mois, 24 000 recenseurs sur 8 000 communes, avec un très beau taux de réponse de 96%.

Dans le Grand Est, l’enquête 2020 concerne 68 communes de 10 000 habitants ou plus et 1 009 communes de moins de 10 000 habitants. Les 2 400 agents recenseurs ont en charge la visite de 445 500 logements (140 000 en Alsace, 109 000 en Champagne-Ardenne et 196 500 en Lorraine), soit une moyenne d’environ 185,6 foyers par agent.

L’UTILITÉ DU RECENSEMENT

À quoi sert le recensement ? Evidemment à compter et actualiser la population, mais aussi à fournir des informations sociodémographiques sur les différents échelons du territoire. Pour l’Etat, c’est un outil d’aide à la décision des politiques publiques, notamment en matière de contribution au budget des communes. Pour les communes, il s’agit d’adapter les équipements, l’habitat et les services à la taille de la population. Enfin, le nombre d’élus communaux dépend de la population qu’ils représentent. Outils de mesure, le recensement permet de comprendre les données économiques et sociales.

DÉMATÉRIALISER L’ENQUÊTE

Comment se déroule le recensement ? Répondre au recensement est d’abord une obligation, stipulée dans la loi du 27/02/2002, pour la population visitée par les recenseurs. Il existe deux moyens d’y satisfaire : remplir un questionnaire papier ou répondre par Internet (notice d’empli et code fournis). L’intérêt du second moyen est évident : gain de temps pour tout le monde, économie de papier (30 tonnes par an) et donc recensement moins coûteux et respectueux de l’environnement.

Globalement, les réponses via Internet pèsent aujourd’hui 60% des Français recensés et seulement 54% pour ceux du territoire champardennais. Qu’il s’agisse du papier ou d’Internet, les questionnaires s’adaptent à l’évolution structurelle des foyers et notamment aux statuts de leurs composants (mariage, enfants, pacs, concubinage, union libre …).

Secret statistique oblige, confidentielles, les réponses du recensement portent sur les personnes vivant habituellement dans le logement, les caractéristiques et le confort des logements. Un bulletin individuel par personne (nationalité, fréquentation d’un établissement d’enseignement, niveau des diplômes, situation dans l’emploi, profession, mode de transport principal …) complète le questionnaire.

L’AUBE, UN DÉPARTEMENT MONOPARENTAL

Chaque recensement apporte son lot d’informations. Dernier exemple en date : la publication de l’INSEE Grand Est concernant la géographie des familles traditionnelles, monoparentale et recomposées et son action sur l’emploi et le logement. Premier constat de cette géographie du Grand Est : sept enfants mineurs sur dix vivent dans une famille traditionnelle, un sur cinq dans une famille monoparentale et un sur dix dans une famille recomposée.

Autre enseignement : on trouve plus de familles monoparentales dans l’Aube et plus de familles traditionnelles dans les deux départements alsaciens. Cette répartition est proche de celle du niveau national.

DES CONSÉQUENCES SUR LE LOGEMENT ET L’EMPLOI

Avec 72% de familles traditionnelles (tous les enfants du logement sont ceux du couple), le Bas-Rhin et le Haut-Rhin figurent parmi les départements les plus représentatifs, mais assez loin des 76% de la Haute- Loire ou les 75% des Yvelines. L’Aube (25%), la Marne, la Meurthe-et-Moselle et la Meuse, chacun à 21%, sont plus proches des départements leaders pour la monoparentalité (28% pour les Pyrénées-Orientales et 27% pour l’Ariège). Avec 14%, les Ardennes et la Meuse se partagent la palme des plus fortes représentations de familles recomposées, avec six autres départements.

L’INSEE constate que les parents des familles monoparentales et recomposées sont moins diplômés que ceux des familles traditionnelles. Dans le Grand Est, comme ailleurs en France, chômage et monoparentalité sont assez fortement imbriqués.

Avoir ses deux parents sans emploi concerne 6% des enfants des foyers traditionnels, 11% de ceux des familles recomposées et 35% des enfants de familles monoparentales. Ces dernières sont également celles dont les conditions de logement sont les plus difficiles (15% de sur occupation). 37% des enfants de familles monoparentales habitent dans un logement social. La situation est sensiblement meilleure pour les enfants des familles recomposées.